Austérité : Les leçons de l’histoire 8/8

Huitième et dernier épisode de la série Le glorieux passé de l’austérité
Vers l’épisode 1

L’histoire des politiques d’austérité ne se limite pas aux seuls cas que nous venons d’évoquer. L’austérité est aussi vieille que les politiques publiques. Chaque fois, le même scénario se reproduit. Les tenants de l’austérité prétendent faire le ménage dans le « désordre » des comptes publics mais n’aboutissent généralement qu’à créer des révolutions ou des révoltes démocratiques. Au mieux, ils perpétuent un déséquilibre qui ne se résorbe jamais en appauvrissant considérablement les peuples dont ils ont la charge. Continuer la lecture

1989-2003 : La crise argentine : « que se vayan todos ! » 7/8

Septième épisode de la série Le glorieux passé de l’austérité
Vers l’épisode 1

En juin 2001 une note de l’OCDE, pleine d’optimisme, assurait que l’économie argentine était en train de « renaître de ses cendres » et qu’elle renouerait bientôt avec « sa destinée prometteuse du début du siècle ». C’était bien le moins. Depuis le début des années 90, la politique économique de ce pays avait scrupuleusement respecté les principes du « Consensus de Washington » prônés par cette même OCDE. Mais si les économistes de l’OCDE et du FMI étaient pleinement satisfaits de la situation de l’Argentine, il n’en allait pas de même pour l’immense majorité de la population qui subissait très durement une crise d’austérité qui n’en finissait pas de se prolonger et qui allait aboutir, quelques années plus tard, à une catastrophique crise sociale et économique. Continuer la lecture

1973-1990 : Les dérives du FMI ou l’invention du « Consensus de Washington » 6/8

Sixième épisode de la série Le glorieux passé de l’austérité
Vers l’épisode 1

Le système de Bretton Woods s’effondre au début des années 70, victime des déséquilibres commerciaux et financiers qui sont apparus à la suite de l’extraordinaire croissance économique de l’Europe. Le seul dollar ne pouvait plus suffire à assurer la base monétaire d’un monde dans lequel la part de l’économie américaine devenait de plus en plus faible. En 1971, le président américain Richard Nixon décide unilatéralement de suspendre la convertibilité du dollar en or. Cette décision contraignit la plupart des pays industrialisés à sortir du système de Bretton Woods en 1973, en abandonnant le principe des parités fixes. Continuer la lecture

1945-1975 : la parenthèse keynésienne des « trente glorieuses » 5/8

Cinquième épisode de la série Le glorieux passé de l’austérité
Vers l’épisode 1

La seconde guerre mondiale et la dévastation qu’elle apporte marque la fin (provisoire) des politiques d’austérité. En Europe occidentale, au Japon et aux États-Unis, c’est la logique keynésienne qui prévaut : la finance est mise sous contrôle, les États mettent en œuvre des politiques sociales ambitieuses et le système monétaire international est entièrement refondé. Cette refondation est le produit d’une large réflexion qui donne lieu, en 1944, aux accords de Bretton Woods, auxquels John Maynard Keynes contribue largement. Continuer la lecture

1933-1936 : Pierre Laval ou l’absurde stratégie de la déflation 4/8

Quatrième épisode de la série Le glorieux passé de l’austérité
Vers l’épisode 1

Dans la France du tout début des années trente, les difficultés économiques de l’Angleterre et de l’Allemagne réjouissent autant qu’elles inquiètent. L’économie française semble alors résister à la crise qui sévit partout ailleurs. En 1926, les Français ont obtenu un accord sur leurs dettes de guerre avec les Anglais et les Américains. La dévaluation de la livre sterling que le gouvernement anglais s’est finalement résolu à accepter en septembre 1931 semble être une aubaine. Lorsque les États-Unis dévaluent à leur tour, en 1933, les Français font front pour défendre la convertibilité de leur monnaie en créant le « Bloc or » avec la Belgique, l’Italie et les Pays-Bas notamment, des pays qui se refusent à dévaluer et à laisser flotter leur monnaie. Continuer la lecture

1930-1933 : Les « décrets de la misère » du chancelier Brüning 3/8

Troisième épisode de la série Le glorieux passé de l’austérité
Vers l’épisode 1

La brutale crise économique américaine, révélée et accélérée par l’effondrement des valeurs financières sur les marchés de Wall Street en octobre 1929, s’exporte presque instantanément en Allemagne. Durant les années 20, l’économie allemande était devenue doublement dépendante de l’économie américaine. En premier lieu, les consommateurs européens n’hésitant pas à boycotter les produits allemands, le marché américain s’avère indispensable à l’industrie exportatrice, qui elle-même est impérative pour faire face au paiement annuel des Réparations (elles ne seront suspendues qu’en 1932). En second lieu, l’Allemagne manque de capitaux et a besoin d’investisseurs pour financer sa croissance. Pour cela aussi les Américains sont indispensables. Or, la crise qui sévit de l’autre côté de l’Atlantique coupe brutalement ces deux moteurs de l’économie allemande. Dès le début de l’année 1930, les exportations chutent de moitié, ce qui se traduit immédiatement par une explosion du chômage, qui monte jusqu’à trois millions de personnes dans le courant de l’année 1930, soit 14% de la population active. Continuer la lecture

1925-1926 : Les conséquences économiques de M. Churchill 2/8

Deuxième épisode de la série Le glorieux passé de l’austérité
Vers l’épisode 1

En ce 22 février 1925, Winston Churchill, chancelier de l’échiquier, c’est-à-dire ministre des finances du gouvernement britannique, est pris de doutes. Dans une lettre qu’il adresse à l’un de ses conseillers au ministère il écrit : Continuer la lecture

1918-1925 : Dettes publiques, inflation et dogmatisme monétaire 1/8

Premier épisode de la série Le glorieux passé de l’austérité

Le 28 juin 1919, cinq ans jour pour jour après l’attentat de Sarajevo, les représentants des États vainqueurs de la première guerre mondiale se retrouvent dans la galerie des glaces du château de Versailles pour signer le traité du même nom. La guerre finie, les difficultés commencent. Et en particulier les difficultés économiques. La première question qui se pose est bien sûr celle de la reconstruction. Des pays entiers sont dévastés, des villages rasés, des villes en ruine. Dans une Europe encore très agricole, des milliers de kilomètres carrés de terres arables ont été rendus incultivables par le labourage intensif des obus. Les millions de soldats morts sont autant de main d’œuvre qui manqueront à l’effort de reconstruction. Il va falloir supprimer des centaines de milliers d’emplois dans l’industrie d’armement et reconstruire des pans entiers de l’économie civile. Continuer la lecture

L’argentine du chaos au redressement: petites leçons d’économie néo-libérale

En décembre 2001, après avoir pendant plus de dix ans respecté jusqu’à l’absurde les dogmes de rigueur prônés par les institutions économiques internationales, l’Argentine connaît la plus grave crise économique de son histoire. Son redressement passera par le retour à des pratiques keynésiennes classiques et par l’affirmation de son indépendance vis-à-vis du FMI. Une leçon à méditer. Continuer la lecture