Jacques Delors et le marché unique européen

Jacques Delors est décédé.

Il a été l’initiateur et le négociateur de l’Acte unique, le traité européen qui a fait basculer l’UE dans le néolibéralisme.

Pour la plupart des gens, le traité européen le plus important est celui de Maastricht (1992), car il a permis la création de la monnaie unique et qu’il a donné lieu à un référendum âprement débattu où le « oui » l’a emporté de justesse.

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Quel bilan pour les vingt ans de l’euro?

Ce texte correspond au travail de préparation d’une interview vidéo accordée au Figaro.

Cela fait 20 ans aujourd’hui que nous avons abandonné les monnaies nationales pour l’euro. Pour aucun candidat à la présidentielle, il n’est question de revenir sur la monnaie unique. Les Français ne veulent plus en entendre parler ?

Les Français craignent surtout pour leur épargne et leur pouvoir d’achat. Changer de monnaie leur paraît sans doute comme un saut dans l’inconnu.
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Coralie Delaume, souverainiste du peuple

Cet article est une version légèrement modifiée et complétée d’une tribune publiée le 20 septembre 2021 par le Figarofox.

Le livre posthume de Coralie Delaume, Nécessaire souveraineté, vient de sortir chez Michalon, son éditeur. Son décès prématuré à l’âge de 44 ans, le 15 décembre 2020, a marqué la brutale conclusion d’une pensée qui n’a jamais cessé d’évoluer, de se remettre en question, de s’affiner et de s’affirmer.

Jusqu’au bout, elle travailla. Ce petit ouvrage, achevé au début de l’été 2020 et qui se retrouve aujourd’hui dans les librairies, n’est qu’un élément d’une réflexion bien plus vaste qu’elle avait engagée sur la Nation et sur l’État. Le sujet à vrai dire est immense, partiellement délaissé par les intellectuels de plateaux télévisés qui préfèrent souvent verser dans le combat identitaire ou scander de grandes phrases sur les libertés plutôt que de s’intéresser aux prérequis de la démocratie, à ce qui la fait vivre et à ses conséquences.

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Brexit : Une Union européenne impuissante

Dans un éditorial du 27 novembre 2018 rédigé à l’issue de l’accord conclu avec Theresa May, le journal Le Monde se félicitait que le Brexit ai été le « ciment » de l’unité européenne. « Face à Londres, les Vingt-Sept ont réussi à maintenir une quasi parfaite unité », écrivait le quotidien. Il était alors de bon ton de louer la cohérence et la solidité du camp européen, ainsi que l’habileté du négociateur en chef, le Français Michel Barnier. La France avait d’ailleurs pris le parti de jouer un rôle moteur dans le processus de négociation en tenant une ligne intransigeante. Emmanuel Macron espérait ainsi se confectionner une stature de leader européen à un moment où l’influence d’Angela Merkel, contestée sur le plan intérieur, semblait fléchir, et favoriser la place financière parisienne, persuadé qu’un Brexit sans concession allait pousser les entreprises de la City à s’exiler à Paris. Continuer la lecture

L’isolement d’Emmanuel Macron en Europe

N’en déplaise aux commentateurs de l’actualité politique, le discours tenu le 17 avril dernier par Emmanuel Macron devant le Parlement européen ressemble plus à un baroud d’honneur ou au lancement de la campagne des élections européennes de la République en Marche qu’à une tentative sérieuse de « refonder l’Europe ». Continuer la lecture

Ces chiffres miraculeux de l’économie irlandaise

26,3 %, c’est la croissance officielle du PIB irlandais en 2015 (selon les données Eurostat). Vous ne rêvez pas. Il existe en zone euro un petit pays résistant incroyablement bien au marasme économique qui sévit ailleurs en Europe. C’est bien simple, l’île d’Émeraude a connu cette année-là la plus forte croissance au monde. Continuer la lecture

Le protectionnisme n’est pas un enfermement mais un interventionnisme

Interview accordée à Le Vent se Lève. Propos recueillis par Lenny Benbara.

Jeune économiste en vue, vous êtes membre des Économistes atterrés, association qui a sorti l’an dernier son second manifeste. Ce rassemblement d’économistes hétérodoxes critique les idées reçues diffusées par la science économique dominante. Parmi les combats que vous menez, il y a la possibilité de mesures protectionnistes, qui sont considérées comme une plaie couteuse pour l’économie par une grande partie des économistes et de la classe politique. Selon vous, le protectionnisme peut être un levier pour une politique de progrès social, pouvez-vous nous en dire plus ?

Lors du discours de renoncement de François Hollande, je n’ai pu m’empêcher de noter une phrase : « Le plus grand danger, c’est le protectionnisme, c’est l’enfermement », a-t-il affirmé en faisant référence à l’extrême droite (mais on peut penser qu’il s’adressait aussi à Arnaud Montebourg). Il y a là une double erreur. D’abord une erreur de définition. François Hollande, comme beaucoup de monde, confond protectionnisme et autarcie. Or, les deux termes n’ont strictement rien à voir. Continuer la lecture

Zone euro: le trou noir de l’économie mondiale

Malgré la baisse du prix du pétrole et une politique monétaire très accommodante, l’année 2015 n’a pas rempli ses promesses en matière de croissance et d’emploi pour les pays de la zone euro. La faute en incombe à une politique économique aberrante qui pourrait à terme menacer l’économie mondiale dans son ensemble.

La croissance annoncée pour 2015 aura finalement fait « pschitt ! ». Malgré « l’alignement des planètes », c’est-à-dire la combinaison de facteurs extérieurs extrêmement favorables (taux d’intérêt très faibles, baisse du cours du pétrole, euro très bas sur le marché des changes), la croissance de la zone euro devrait finalement s’établir à 1,6% d’après l’INSEE (1,1% pour la France). Un chiffre qui reste loin de celui prévu par la Banque mondiale pour les États-Unis (2,7%) ou le Royaume-Uni (2,6%). Continuer la lecture

Plan Juncker, loi Macron : dangereux socialement, inefficaces économiquement

Il a suffi que l’INSEE publie une note de conjoncture un peu moins pessimiste que d’habitude pour que la presse, la communauté des éditorialistes et, bien sûr, le gouvernement se félicitent par avance d’une croissance enfin retrouvée. Rien d’extraordinaire, pourtant, dans ces chiffres. L’INSEE prévoit pour la France une croissance de 0,3% aux deux premiers trimestres de l’année 2015. À comparer avec les 0,2% qui étaient prévus l’année dernière à la même époque pour les deux mêmes trimestres de 2014. En fait de croissance, celle-ci a été nulle au premier trimestre 2014 et négative (-0,1%) au deuxième. Comme on le sait, la prévision est un exercice délicat, surtout quand elle concerne l’avenir.
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Le « socialisme de l’offre », ou la politique de la déflation

Le « socialisme de l’offre » c’est la formule trouvée par François Hollande pour expliquer sa stratégie économique lors de sa conférence de presse de novembre 2012 : « Il y a toujours eu deux conceptions, une conception productive – on a même pu parler du socialisme de l’offre – et une conception plus traditionnelle où on parlait de socialisme de la demande. Aujourd’hui, nous avons à faire un effort pour que notre offre soit consolidée, plus compétitive. » La formule est reprise par Pierre Moscovici qui explique ainsi le retournement stratégique opéré par gouvernement : « Dans l’opposition, nous avons rejeté toute idée que la France souffrait d’un problème de compétitivité liée au coût du travail. C’est l’honneur de ce gouvernement, suite au rapport Gallois, d’avoir laissé de côté une position partiellement idéologique et très datée, et d’avoir pris la mesure d’un enjeu national. »1 Continuer la lecture