Coralie Delaume, souverainiste du peuple

Cet article est une version légèrement modifiée et complétée d’une tribune publiée le 20 septembre 2021 par le Figarofox.

Le livre posthume de Coralie Delaume, Nécessaire souveraineté, vient de sortir chez Michalon, son éditeur. Son décès prématuré à l’âge de 44 ans, le 15 décembre 2020, a marqué la brutale conclusion d’une pensée qui n’a jamais cessé d’évoluer, de se remettre en question, de s’affiner et de s’affirmer.

Jusqu’au bout, elle travailla. Ce petit ouvrage, achevé au début de l’été 2020 et qui se retrouve aujourd’hui dans les librairies, n’est qu’un élément d’une réflexion bien plus vaste qu’elle avait engagée sur la Nation et sur l’État. Le sujet à vrai dire est immense, partiellement délaissé par les intellectuels de plateaux télévisés qui préfèrent souvent verser dans le combat identitaire ou scander de grandes phrases sur les libertés plutôt que de s’intéresser aux prérequis de la démocratie, à ce qui la fait vivre et à ses conséquences.

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1930-1933 : Les « décrets de la misère » du chancelier Brüning 3/8

Troisième épisode de la série Le glorieux passé de l’austérité
Vers l’épisode 1

La brutale crise économique américaine, révélée et accélérée par l’effondrement des valeurs financières sur les marchés de Wall Street en octobre 1929, s’exporte presque instantanément en Allemagne. Durant les années 20, l’économie allemande était devenue doublement dépendante de l’économie américaine. En premier lieu, les consommateurs européens n’hésitant pas à boycotter les produits allemands, le marché américain s’avère indispensable à l’industrie exportatrice, qui elle-même est impérative pour faire face au paiement annuel des Réparations (elles ne seront suspendues qu’en 1932). En second lieu, l’Allemagne manque de capitaux et a besoin d’investisseurs pour financer sa croissance. Pour cela aussi les Américains sont indispensables. Or, la crise qui sévit de l’autre côté de l’Atlantique coupe brutalement ces deux moteurs de l’économie allemande. Dès le début de l’année 1930, les exportations chutent de moitié, ce qui se traduit immédiatement par une explosion du chômage, qui monte jusqu’à trois millions de personnes dans le courant de l’année 1930, soit 14% de la population active. Continuer la lecture

1918-1925 : Dettes publiques, inflation et dogmatisme monétaire 1/8

Premier épisode de la série Le glorieux passé de l’austérité

Le 28 juin 1919, cinq ans jour pour jour après l’attentat de Sarajevo, les représentants des États vainqueurs de la première guerre mondiale se retrouvent dans la galerie des glaces du château de Versailles pour signer le traité du même nom. La guerre finie, les difficultés commencent. Et en particulier les difficultés économiques. La première question qui se pose est bien sûr celle de la reconstruction. Des pays entiers sont dévastés, des villages rasés, des villes en ruine. Dans une Europe encore très agricole, des milliers de kilomètres carrés de terres arables ont été rendus incultivables par le labourage intensif des obus. Les millions de soldats morts sont autant de main d’œuvre qui manqueront à l’effort de reconstruction. Il va falloir supprimer des centaines de milliers d’emplois dans l’industrie d’armement et reconstruire des pans entiers de l’économie civile. Continuer la lecture