Un vote de sécession ?

Le résultat du premier tour de l’élection présidentielle peut être lu de deux manières. Si l’on suit une grille de lecture politique, on peut comptabiliser trois blocs idéologiquement cohérents et de force comparable. La droite néolibérale rassemble 32,63 % des voix autour des candidatures d’Emmanuel Macron et de Valérie Pécresse ; l’extrême droite identitaire (Le Pen, Zemmour et Dupont-Aignan) constitue un deuxième bloc qui pèse 32,28 % des suffrages ; enfin, le total des voix de gauche et d’extrême gauche représente un dernier bloc rassemblant 31,94% de l’électorat. Reste les 3,13% des électeurs de Jean Lassalle, inclassable politiquement.

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Le populisme de gauche a-t-il un avenir ?

Depuis le milieu des années 2010, inspirée par les exemples de Podemos ou de Syriza, ainsi que par des mouvements tels que Occupy Wall Street ou los Indignados, une partie de la gauche a conçu, puis mis en œuvre, une stratégie politique fondée sur le « populisme de gauche ». Son but était de répondre aux impasses de la gauche de gouvernement accusée de s’être compromise, au nom du « réalisme » et de la bonne gestion, en accompagnant et en légitimant le cadre néolibéral du capitalisme contemporain.

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Contre le populisme de gauche

À chaque fois que je lance sur les réseaux sociaux une discussion sur le sujet de la politique sanitaire, je me retrouve à devoir gérer des commentaires hostiles et bourrés de fausses informations et je reçois moultes accusations comme quoi je serais devenu un traite à la cause.

(Par contre quand je livre une tribune détaillée et argumentée sur la présidence de l’UE je reçois beaucoup moins de commentaires.)

Ceux qui croient que j’ai changé d’opinion ne m’ont sans doute jamais lu correctement. Je me suis toujours exprimé sans aucune complaisance contre les tenants de la pensée magique. Et si je critique les économistes mainstream, les néolibéraux, le fonctionnement de l’UE et du marché unique et les dérives d’une certaine gauche tentée par le populisme c’est au nom des mêmes principes et c’est parfaitement cohérent avec tout le reste.
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La social-écologie est-elle l’avenir de la gauche ?

Anne Hidalgo, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon sont au moins d’accord sur une chose. Les projets de gauche classiques fondés sur la seule défense des catégories populaires sont désormais insuffisants. Face à l’urgence climatique et aux limites que la nature nous impose, les politiques sociales doivent s’accompagner d’une ambitieuse transformation écologique de notre système productif et de nos modes de vie.

Ce double objectif, social et écologique, se retrouve dans presque tous les discours. Pour défendre sa candidature, Hidalgo prône l’avènement d’une « République sociale et écologique » ; Jadot de son côté souhaite que les politiques publiques soient consacrées « au climat, à la justice sociale, à l’égalité femmes-hommes » ; quant à Mélenchon, il ne propose rien de moins que « l’harmonie des êtres humains entre eux et avec la nature » par le biais d’une « planification écologique et démocratique ».

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Qu’implique la décroissance du PIB?

Posons le problème directement.
Faire décroitre le PIB revient à diminuer l’ensemble des revenus monétaires. Ces revenus monétaires correspondent soit aux revenus directs des ménages (revenus du travail et du patrimoine) soit à leurs revenus indirects (prestations sociales en nature ou en espèce, valeur de leur capital financier).

La question à laquelle il faut répondre est donc la suivante:
Si l’on part du principe qu’il n’est pas possible de découpler la croissance du PIB et les atteintes environnementales, alors comment rendre acceptable politiquement et socialement une baisse du PIB, soit une diminution globale des revenus, dans des sociétés dominées par la défiance envers les institutions après 30 ans de néolibéralisme? Continuer la lecture

« L’UE a pour valeur la démocratie, mais a grand mal à la faire fonctionner à l’échelle continentale »

Cet entretien est paru originellement dans le média en ligne Résilience Commune.

Quel est l’impact de la crise sanitaire sur l’UE? Assistons-nous à une technocratisation, une bureaucratisation, ou à une décentralisation – au vu des réponses nationales éparses de chaque État ?

L’Union européenne, par nature, fonctionne de manière technocratique. Ce n’est pas un pouvoir politique : les dirigeants européens ont une autorité très faible sur ce que font les différents pays, de sorte qu’ils ne parviennent pas à imposer aux pays membres des choix particuliers. Cette impuissance est visible dans les cas de la Pologne et de la Hongrie. L’UE, c’est une administration, un ensemble de règles qui s’imposent via le droit national. Comme nous sommes dans des États de droit, il est impossible pour un gouvernement de transgresser ces règles, surtout lorsqu’elles sont de fait constitutionnalisées dans le cadre de ce que les juristes appellent la « constitution matérielle » de l’Europe.

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Préface de Quand l’austérité tue (2014) – Éditions Autrement

Qu’est-ce qu’une économie prospère ? Comment évaluer le succès d’une politique économique ? C’est d’après leur capacité à répondre à ces questions simples que devrait être jugé le talent des économistes. Mais comme souvent en sciences sociales, et c’est heureux, l’analyse du succès ou de l’échec d’une mesure donne souvent lieu à des polémiques et à des interprétations divergentes. Ainsi certains projets pourtant utiles à la majorité doivent régulièrement affronter, pour s’imposer, l’opposition d’une catégorie qui peut être puissante et influente. Quant à la prospérité, elle est rarement générale et également distribuée. Une économie peut être qualifiée de prospère malgré la misère qui ronge une grande partie de sa population et inversement, la pauvreté d’un pays n’empêche pas l’existence d’une classe d’hyper-riches.

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Référundum européen: Le déni démocratique des élites

Les élites politiques et médiatiques ont été presque unanimes à considérer le scrutin du 29 mai comme un vote de crise et de « repli », contredisant le message porté par le non de gauche pendant la campagne. Ce faisant, elles ont répondu par le conservatisme à une demande de changement. Continuer la lecture

Liberté ou libéralisme ?

Tous les manuels d’économie commencent par la formule consacrée : ‘‘dans une économie de libre entreprise…’’ pour nous parler du capitalisme. L’idée, du temps de la guerre froide, était de bien différencier l’économie de libre entreprise du régime communisme à économie planifié. Sous une terminologie qui se voulait neutre, on insistait en fait sur la liberté dans un cas pour pouvoir mettre en valeur son absence dans l’autre cas. Continuer la lecture