Contre le populisme de gauche

À chaque fois que je lance sur les réseaux sociaux une discussion sur le sujet de la politique sanitaire, je me retrouve à devoir gérer des commentaires hostiles et bourrés de fausses informations et je reçois moultes accusations comme quoi je serais devenu un traite à la cause.

(Par contre quand je livre une tribune détaillée et argumentée sur la présidence de l’UE je reçois beaucoup moins de commentaires.)

Ceux qui croient que j’ai changé d’opinion ne m’ont sans doute jamais lu correctement. Je me suis toujours exprimé sans aucune complaisance contre les tenants de la pensée magique. Et si je critique les économistes mainstream, les néolibéraux, le fonctionnement de l’UE et du marché unique et les dérives d’une certaine gauche tentée par le populisme c’est au nom des mêmes principes et c’est parfaitement cohérent avec tout le reste.
Continuer la lecture

« Ce n’est pas un hasard si l’Union européenne est particulièrement vulnérable au populisme »

Interview pour Mr Mondialisation réalisée avec Tristan Barra.

Depuis quelques années, le terme populisme s’est largement imposé dans le débat public. On a l’impression cependant qu’il est utilisé pour désigner tout et son contraire. On accuse Marine Le Pen d’être populiste, quand François Ruffin se revendiquait comme tel dans nos colonnes. Qu’est-ce que le populisme exactement ?

Il y a, en gros, deux manières d’aborder le populisme. La première, pour caractériser un parti ou un leader politique. Dans une optique souvent péjorative, on dit d’un leader qu’il est « populiste » parce qu’il serait démagogue et qu’il manipulerait les colères populaires pour se faire apprécier des électeurs en jouant sur l’opposition peuple / élites. Il arrive aussi que l’étiquette soit revendiquée et assumée. Dans ce cas, le populisme renvoie à un projet plus structuré qui impliquerait de rassembler et d’unifier les revendications populaires pour porter un programme de transformation sociale et politique. C’est cette seconde acceptation qui a cours parfois à gauche, notamment chez François Ruffin, et qui explique qu’il puisse se revendiquer comme populiste sans forcément être un démagogue. Continuer la lecture

Interview: « Pour Smith, le libéralisme est une théorie de l’émancipation individuelle »

Interview parue dans Royaliste n° 1199
Propos recueillis par Cazimir Mazet

Dans le débat public, les concepts de « populisme » et de « néolibéralisme » sont fréquemment invoqués, pas toujours à bon escient. Comment définir, synthétiquement, l’un et l’autre ?

Le néolibéralisme est une doctrine politique qui se donne pour objectif d’assurer un fonctionnement harmonieux des marchés dans l’espoir d’engendrer un ordre social performant et équitable. Historiquement, il nait les désordres économiques des années 30. La crise de 1929, la fin de l’étalon-or, la monté du protectionnisme et l’émergence des contre-modèles fasciste et communiste imposaient une révision profonde du libéralisme manchestérien qui s’accrochait à un strict laissez-faire en matière de régulation économique. À la différence du libéralisme doctrinal du XIXème siècle, le néolibéralisme conçoit le rôle économique de l’État comme devant garantir un système institutionnel qui protège le marché et empêche ses dysfonctionnements. Continuer la lecture