L’épopée absurde des 3 %

Ouf ! 2 ans de sursis! C’est ce que la Commission Européenne nous a accordé, pensant que la France dépassera les 3% de déficit public en 2013 et 2014.

Mais au fait, pourquoi 3%? Pourquoi pas 4 ou 5 ou zéro? D’où vient ce chiffre magique si souvent évoqué? Continuer la lecture

Chypre : La crise qui change tout

« Ultimatum », « blocus »… On peine à croire que de telles expressions aient pu être utilisées pour commenter l’actualité européenne. C’était la guerre. La guerre économique. Au petit matin du 16 mars, après une nuit de négociations, les autorités européennes avaient convaincu le président chypriote d’imposer une série de mesures de rigueur et une taxation des comptes bancaires pour éviter la faillite du système bancaire de l’île. La population était sensée se soumettre, le Parlement devait entériner. Ainsi va la démocratie en Europe ; la Troïka devient l’instance proconsulaire de tout pays qui demande l’aide européenne. Ainsi va la solidarité en Europe ; on fait payer aux peuples les mesures qui sont sensées éviter la faillite généralisée du système bancaire européen. Continuer la lecture

Compétitivité: le retour de l’idéologie de la guerre économique

Un spectre hante l’Europe : le spectre de la compétitivité. Depuis que la crise étend ses effets sur notre continent, les entreprises s’inquiètent de voir le « grand marché européen » qu’on leur avait tant promis se transformer peu à peu en un immense champ de bataille hyper-concurrentiel. Cette Europe qui avait été conçue pour être un espace d’expansion du capitalisme s’est soudain transformée en système récessif.

Les entreprises ne se battent plus pour gagner des parts de marché. Elles se battent pour leur survie. Depuis 2007, les marges des entreprises françaises ont connu un recul historique, atteignent, en 2011, leur plus bas niveau depuis 1985 1. La situation est encore plus grave dans l’industrie manufacturière où l’on constate un véritable effondrement. En seulement trois ans de crise, le taux de marge est passé de 28,3 % en 2007 à 23,8 % en 2010. Plus de 300 000 emplois industriels ont disparu pendant cette période.

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L’absurde combat de l’Europe contre les agences de notation

Tribune parue dans Mariane

Alors que l’Europe montre du doigt le rôle que tiennent les agences de notation dans la crise, l’économiste David Cayla fait remarquer que c’est elle-même qui a œuvré pour leur donner du pouvoir et privatiser les systèmes de financement des Etats.

Mais pourquoi diable ces agences de notation s’acharnent-elles à détruire notre bel ouvrage européen? A peine l’Europe s’entendait-elle pour résoudre la crise grecque en allouant au gouvernement de Papandreou de quoi passer l’été que Standard and Poor’s faisait savoir que les scénarios de sortie de crise envisagés par les dirigeants européens « conduiraient probablement à un défaut de paiement » de l’État grec. Une manière de montrer le peu de crédit que ses experts accordent aux plans de « sauvetage » qui s’acharnent en ce moment sur le peuple grec. Deux jours plus tard, c’était au tour de l’agence Moody’s de dégrader de quatre crans la note des titres portugais. D’ici à ce que le Portugal finisse en moussaka pour traders affamés… c’est sans doute l’affaire de quelques mois. Continuer la lecture

Qui a peur du monstre de l’inflation ?

C’est un dessin animé d’un peu plus de huit minutes disponible sur le site Internet de la Banque Centrale Européenne. Des adolescents aux yeux clairs découvrent l’inflation, un horrible monstre bleu au sourire plein de dents jaunes, tentateur, qui multiplie l’argent de manière démagogique et entretient la hausse des prix. Cette hausse, bien sûr, va entraîner le malheur des adolescents-consommateurs et des épargnants, représentés par une pauvre retraitée qui ne peut plus acheter son poisson : « C’est toujours les moins bien lotis qui souffrent » dit-elle d’une voix chevrotante. Heureusement, nous apprend un jeune cadre qui a laissé tomber la veste, la BCE est là pour lutter contre le « monstre de l’inflation » en menant la nécessaire politique d’augmentation des taux d’intérêt que le monde nous envie.

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Référundum européen: Le déni démocratique des élites

Les élites politiques et médiatiques ont été presque unanimes à considérer le scrutin du 29 mai comme un vote de crise et de « repli », contredisant le message porté par le non de gauche pendant la campagne. Ce faisant, elles ont répondu par le conservatisme à une demande de changement. Continuer la lecture