« La transition écologique implique un effort similaire à celui du passage à une économie de guerre »

Entretien accordé à Jean Bastien pour le site Nonfiction.

Vous avez intitulé ce nouvel ouvrage Déclin et chute du néolibéralisme, mais avant d’envisager cette issue, vous rappelez les conditions qui ont permis l’installation du néolibéralisme à partir des difficultés rencontrées par les économies régulées, qui, elles, faisaient une large place au contrôle des prix à partir de la fin des années 1960 et du début des années 1970. Quelles sont ces conditions ? Pourriez-vous en dire un mot ?

Rappelons tout d’abord que le principe fondamental de la doctrine néolibérale est d’organiser le fonctionnement de la société à partir des prix de marché.

Pour les néolibéraux, les prix sont censés avoir deux grandes fonctions. La première est de déterminer la valeur et de permettre le calcul économique. En effet, tout choix politique suppose un calcul coût / avantage. Mais pour effectuer ce type de calcul il faut au préalable quantifier la valeur. C’est à cela que servent les prix de marché. Leur seconde fonction est de coordonner les actions et les choix individuels en établissant un système d’incitations dynamique. Les agents économiques sont ainsi « programmés » par les prix. Ils consomment moins et produisent davantage une ressource dont le prix s’accroit et inversement si son prix diminue.

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Qui a peur du monstre de l’inflation ?

C’est un dessin animé d’un peu plus de huit minutes disponible sur le site Internet de la Banque Centrale Européenne. Des adolescents aux yeux clairs découvrent l’inflation, un horrible monstre bleu au sourire plein de dents jaunes, tentateur, qui multiplie l’argent de manière démagogique et entretient la hausse des prix. Cette hausse, bien sûr, va entraîner le malheur des adolescents-consommateurs et des épargnants, représentés par une pauvre retraitée qui ne peut plus acheter son poisson : « C’est toujours les moins bien lotis qui souffrent » dit-elle d’une voix chevrotante. Heureusement, nous apprend un jeune cadre qui a laissé tomber la veste, la BCE est là pour lutter contre le « monstre de l’inflation » en menant la nécessaire politique d’augmentation des taux d’intérêt que le monde nous envie.

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