« La transition écologique implique un effort similaire à celui du passage à une économie de guerre »

Entretien accordé à Jean Bastien pour le site Nonfiction.

Vous avez intitulé ce nouvel ouvrage Déclin et chute du néolibéralisme, mais avant d’envisager cette issue, vous rappelez les conditions qui ont permis l’installation du néolibéralisme à partir des difficultés rencontrées par les économies régulées, qui, elles, faisaient une large place au contrôle des prix à partir de la fin des années 1960 et du début des années 1970. Quelles sont ces conditions ? Pourriez-vous en dire un mot ?

Rappelons tout d’abord que le principe fondamental de la doctrine néolibérale est d’organiser le fonctionnement de la société à partir des prix de marché.

Pour les néolibéraux, les prix sont censés avoir deux grandes fonctions. La première est de déterminer la valeur et de permettre le calcul économique. En effet, tout choix politique suppose un calcul coût / avantage. Mais pour effectuer ce type de calcul il faut au préalable quantifier la valeur. C’est à cela que servent les prix de marché. Leur seconde fonction est de coordonner les actions et les choix individuels en établissant un système d’incitations dynamique. Les agents économiques sont ainsi « programmés » par les prix. Ils consomment moins et produisent davantage une ressource dont le prix s’accroit et inversement si son prix diminue.

Continuer la lecture

L’épopée absurde des 3 %

Ouf ! 2 ans de sursis! C’est ce que la Commission Européenne nous a accordé, pensant que la France dépassera les 3% de déficit public en 2013 et 2014.

Mais au fait, pourquoi 3%? Pourquoi pas 4 ou 5 ou zéro? D’où vient ce chiffre magique si souvent évoqué? Continuer la lecture

La crise impose la fin du libre-échange

En mars 2009, Emmanuel Todd prévoyait que la crise allait remettre en question un certain nombre de dogmes économiques1. L’idéologie libre-échangiste, après avoir appauvri la classe ouvrière dans les années 80 et affaibli les classes moyennes dans les années 90, s’en prenait au portefeuille des classes supérieures. Cette idéologie ne produisant « plus aucun bien pour aucun secteur de la société », il était envisageable qu’un basculement intellectuel se produise.

Plus de deux ans plus tard, il faut bien reconnaître que ce basculement n’a pas eu lieu. Les seuls infléchissements ont concerné des questions périphériques telles que la régulation bancaire ou l’austérité des budgets publics qu’incarne la « règle d’or ». Le cœur de l’idéologie dominante, fondé sur la croyance en l’efficacité intrinsèque des marchés et de la concurrence, est resté intact. Constatant le rétablissement du secteur bancaire et la reprise des marchés boursiers à partir de la mi-2009, beaucoup se sont alors rassurés en pensant que la crise de l’économie mondiale avait été résolue grâce à l’efficace (mais coûteuse) intervention des États. Le retour de la crise bancaire engendré par les craintes de défauts de certains États et la chute brutale de la croissance engendrée par les plans de rigueurs a, depuis, sérieusement douché l’enthousiasme. Continuer la lecture

L’argentine du chaos au redressement: petites leçons d’économie néo-libérale

En décembre 2001, après avoir pendant plus de dix ans respecté jusqu’à l’absurde les dogmes de rigueur prônés par les institutions économiques internationales, l’Argentine connaît la plus grave crise économique de son histoire. Son redressement passera par le retour à des pratiques keynésiennes classiques et par l’affirmation de son indépendance vis-à-vis du FMI. Une leçon à méditer. Continuer la lecture