Comment lutter contre le chômage ? Interrogé en septembre dernier sur TF1, le chef de l’Etat répliquait par le raisonnement suivant : « si on veut des emplois, si on veut des productions en France, si on veut que nos enfants aient une perspective de carrière, il faut des entreprises ». « Il faut que les entreprises se sentent soutenues » ajouta-t-il avant de se proclamer « président des entreprises ». Le « pacte de responsabilité », annoncé quelques mois plus tard, est dans le droit fil de cette logique. L’idée est la suivante : puisque les entreprises sont responsables de la création d’emploi il faut les « responsabiliser », c’est-à-dire négocier avec elles un accord donnant-donnant. Moins de prélèvements d’un côté, des engagements en matière d’emplois de l’autre. Continuer la lecture
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Le « socialisme de l’offre », ou la politique de la déflation
Le « socialisme de l’offre » c’est la formule trouvée par François Hollande pour expliquer sa stratégie économique lors de sa conférence de presse de novembre 2012 : « Il y a toujours eu deux conceptions, une conception productive – on a même pu parler du socialisme de l’offre – et une conception plus traditionnelle où on parlait de socialisme de la demande. Aujourd’hui, nous avons à faire un effort pour que notre offre soit consolidée, plus compétitive. » La formule est reprise par Pierre Moscovici qui explique ainsi le retournement stratégique opéré par gouvernement : « Dans l’opposition, nous avons rejeté toute idée que la France souffrait d’un problème de compétitivité liée au coût du travail. C’est l’honneur de ce gouvernement, suite au rapport Gallois, d’avoir laissé de côté une position partiellement idéologique et très datée, et d’avoir pris la mesure d’un enjeu national. »1 Continuer la lecture
L’épopée absurde des 3 %
Ouf ! 2 ans de sursis! C’est ce que la Commission Européenne nous a accordé, pensant que la France dépassera les 3% de déficit public en 2013 et 2014.
Mais au fait, pourquoi 3%? Pourquoi pas 4 ou 5 ou zéro? D’où vient ce chiffre magique si souvent évoqué? Continuer la lecture
La crise impose la fin du libre-échange
En mars 2009, Emmanuel Todd prévoyait que la crise allait remettre en question un certain nombre de dogmes économiques1. L’idéologie libre-échangiste, après avoir appauvri la classe ouvrière dans les années 80 et affaibli les classes moyennes dans les années 90, s’en prenait au portefeuille des classes supérieures. Cette idéologie ne produisant « plus aucun bien pour aucun secteur de la société », il était envisageable qu’un basculement intellectuel se produise.
Plus de deux ans plus tard, il faut bien reconnaître que ce basculement n’a pas eu lieu. Les seuls infléchissements ont concerné des questions périphériques telles que la régulation bancaire ou l’austérité des budgets publics qu’incarne la « règle d’or ». Le cœur de l’idéologie dominante, fondé sur la croyance en l’efficacité intrinsèque des marchés et de la concurrence, est resté intact. Constatant le rétablissement du secteur bancaire et la reprise des marchés boursiers à partir de la mi-2009, beaucoup se sont alors rassurés en pensant que la crise de l’économie mondiale avait été résolue grâce à l’efficace (mais coûteuse) intervention des États. Le retour de la crise bancaire engendré par les craintes de défauts de certains États et la chute brutale de la croissance engendrée par les plans de rigueurs a, depuis, sérieusement douché l’enthousiasme. Continuer la lecture