Qu’implique la décroissance du PIB?

Posons le problème directement.
Faire décroitre le PIB revient à diminuer l’ensemble des revenus monétaires. Ces revenus monétaires correspondent soit aux revenus directs des ménages (revenus du travail et du patrimoine) soit à leurs revenus indirects (prestations sociales en nature ou en espèce, valeur de leur capital financier).

La question à laquelle il faut répondre est donc la suivante:
Si l’on part du principe qu’il n’est pas possible de découpler la croissance du PIB et les atteintes environnementales, alors comment rendre acceptable politiquement et socialement une baisse du PIB, soit une diminution globale des revenus, dans des sociétés dominées par la défiance envers les institutions après 30 ans de néolibéralisme? Continuer la lecture

« L’UE a pour valeur la démocratie, mais a grand mal à la faire fonctionner à l’échelle continentale »

Cet entretien est paru originellement dans le média en ligne Résilience Commune.

Quel est l’impact de la crise sanitaire sur l’UE? Assistons-nous à une technocratisation, une bureaucratisation, ou à une décentralisation – au vu des réponses nationales éparses de chaque État ?

L’Union européenne, par nature, fonctionne de manière technocratique. Ce n’est pas un pouvoir politique : les dirigeants européens ont une autorité très faible sur ce que font les différents pays, de sorte qu’ils ne parviennent pas à imposer aux pays membres des choix particuliers. Cette impuissance est visible dans les cas de la Pologne et de la Hongrie. L’UE, c’est une administration, un ensemble de règles qui s’imposent via le droit national. Comme nous sommes dans des États de droit, il est impossible pour un gouvernement de transgresser ces règles, surtout lorsqu’elles sont de fait constitutionnalisées dans le cadre de ce que les juristes appellent la « constitution matérielle » de l’Europe.

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2008-2018 : Une décennie perdue pour la jeunesse et les actifs

1. Quelques constats

La crise du Covid frappe une société française durement touchée par une décennie de crise et de stagnation salariale. La comparaison des décennies 1998-2008 d’un côté et 2008-2018 de l’autre est éloquente. En dépit d’une fragile reprise après 2014, le niveau de vie moyen des français n’a pratiquement pas progressé selon des données de l’INSEE.

Rappelons que le niveau de vie selon l’INSEE est calculé à partir du revenu disponible brut des ménages, qui intègre les revenus du travail, du patrimoine, les allocations en espèces ainsi que les loyers imputés, c’est-à-dire les loyers que les ménages qui sont propriétaires se paieraient à eux-mêmes s’ils étaient locataires. Ce revenu, établi en fonction des déclarations fiscales des ménages, est ensuite divisé par le nombre de personnes du foyer. Les enfants de 14 à 18 ans sont pondérés d’un coefficient de 0,5 et ceux de moins de 14 ans d’un coefficient de 0,3. Continuer la lecture

Les conséquences économiques de la crise sanitaire

Article publié dans Le SNESUP, n°685, mai 2020

Le confinement a entrainé une brutale décélération de l’économie française. Un tiers de la production nationale a disparu. C’est considérable et cela explique la chute de 5,8% du PIB calculée par l’INSEE pour le premier trimestre. Il est à peu près certain que le second trimestre verra une contraction encore plus forte se produire, la période de confinement y étant plus longue. Il ne faut pas non plus perdre de vue que la qualité de l’activité s’est elle-même dégradée. Ainsi, malgré le dévouement de son personnel, notre système éducatif n’a pas été en mesure d’apporter un service public satisfaisant à l’ensemble des élèves et étudiants. La distanciation n’est pas compatible avec l’éducation et de nombreuses activités sociales. Continuer la lecture