La dette : une promesse dénaturée par la marchandisation

À propos de la pensée de David Graeber

« Qu’est-ce qu’une dette, en fin de compte ? s’interroge l’anthropologue David Graeber. Une dette est la perversion d’une promesse. C’est une promesse doublement corrompue par les mathématiques et la violence » écrit-il en conclusion de Dette : 5000 ans d’histoire.

Comment nos sociétés en sont arrivées à « corrompre » des promesses est la question à laquelle se propose de répondre Graeber. Pour cela, il convient d’abord de partir d’une définition. La dette est donc, à l’origine, une promesse, un engagement entre deux personnes. En ce sens, il s’agit d’un rapport social fondamental sur lequel se construisent les autres relations. C’est parce que les individus se font des promesses, parce qu’ils se doivent des choses, qu’ils entretiennent des liens entre eux. Dans son Essai sur le don , Marcel Mauss ne dit pas autre chose et montre comment le don structure les rapports humains. Donner, c’est à la fois rendre service à l’autre et en même temps créer l’engagement d’une réciprocité, recevoir donc une promesse, celle d’un contre-don. C’est un mécanisme fondamental qu’on retrouve dans toute société. Continuer la lecture