Dans un ouvrage remarquable publié en 2011 et traduit en français deux ans plus tard[1], l’anthropologue américain David Graeber entend montrer que les sociétés sont largement fondées sur des rapports de dette, c’est-à-dire sur des engagements qui lient les individus entre eux et structurent leurs relations. Toute relation interpersonnelle approfondie implique des promesses qu’on se fait les uns aux autres. On doit la vie à ses parents, assistance à son conjoint et soutien à ses amis. Ces engagements mutuels se retrouvent partout où coexistent des êtres humains. Ils peuvent néanmoins prendre des formes variées. Par exemple, chez les femmes Tiv du Nigéria, les relations sociales sont sans cesse entretenues par des cadeaux qui nécessitent d’être rendus mais qui ne le sont jamais pour une valeur équivalente, ceci afin de préserver les dettes et de perpétuer les échanges et les rapports de bon voisinage. Car payer sa dette, c’est « être quitte », rompre toute promesse, et n’avoir plus besoin de l’autre[2].
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La politique monétaire au défi des faillites bancaires
La faillite de la SVB et les difficultés du Crédit Suiss ont fait naitre la crainte d’une nouvelle crise bancaire et financière. En réalité, les risques de contagion et d’un effondrement du système bancaire sont faibles. Néanmoins, cette crise démontre les difficultés auxquelles sont confrontées les banques centrales dans leur stratégie de hausse des taux d’intérêt.
Est-on à l’aube d’une nouvelle crise financière ? L’annonce, le 10 mars dernier, de la faillite de la Silicon Valley Bank (SVB), 16ème banque des États-Unis, a eu des répercussions mondiales. C’est la plus importante faillite bancaire dans ce pays depuis la crise financière de 2008. Événement isolé ? Pas tant que ça puisque, quelques jours auparavant, c’était la société Silvergate, spécialisée dans la gestion des cryptoactifs, qui avait déposé le bilan ; puis le 11 mars, soit le lendemain de la faillite de la SVB, on apprenait que les autorités fermaient une troisième banque, qui avait elle aussi beaucoup investi dans les cryptoactifs, Signature Bank. Lundi, les cours boursiers des grandes banques françaises dévissaient sur les marchés boursiers à tel point que Bruno Le Maire se sentit obligé d’affirmer, sur France Info, que « notre système bancaire est solide », et qu’il ne voyait pas de risque de contagion. Mais voici que le surlendemain, le 15 mars, on apprenait que le Crédit suisse connaissait à son tour des difficultés après le refus des Saoudiens de participer à une hausse de capital. Nouvel effondrement boursier des valeurs bancaires. Tout le monde sait que lorsqu’un ministre de l’Économie se donne la peine de rassurer les Français, c’est qu’il y a de quoi s’inquiéter. Aussi a-t-on vu immédiatement fleurir des vidéos et des propos alarmistes sur les réseaux sociaux comme quoi la prochaine crise financière aurait déjà commencé.
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