Le mystère des cercles de fées : on tournait en rond avec l’hypothèse de clonalité !

Quelle n’est pas la surprise du voyageur en Namibie qui se retrouve dans un décor surprenant, à mi-chemin entre les cratères lunaires et la savane africaine. Les cercles de fées s’étendent sur des milliers de kilomètres carrés de terres arides de Namibie. Ce sont des cercles de 2 à 10 mètres de diamètre, dont la délimitation est souvent constituée de touffes d’herbes pérennes du genre Stipagrostis et dont le centre est dépourvu de végétation. Ces cercles sont disposés régulièrement, tous les 5 à 10 mètres. Ces structures semblent stables et pourraient être établies depuis des centaines d’années.

Cercles de fées en Namibie (Crédit : Stephan Getzin, commons.wikimedia.org, CC-BY-SA 3.0)

Cercles de fées en Namibie (Crédit : Stephan Getzin, commons.wikimedia.org, CC-BY-SA 3.0)

Les cercles de fées intriguent depuis longtemps et posent de nombreuses questions. Comment se forment-ils et se maintiennent-ils au niveau individuel ? Comment forment-ils des structures si régulières au niveau du paysage ?

En premier lieu, l’hypothèse de colonies de termites qui seraient localisées au centre des cercles a été écartée. Des travaux sur des structures similaires dans le désert du Néguev, en Israël, suggèrent une autre hypothèse : chaque cercle de fées y est formé d’une unique plante du genre Stipagrostis qui émettrait des rhizomes souterrains. L’épuisement des ressources entrainerait la disparition des pousses aériennes au centre tandis que de nouvelles pousses se développeraient à la périphérie. Une troisième hypothèse incrimine l’avantage des plantes à la périphérie par rapport aux plantes au centre. Des modèles mathématiques montrent l’importance du rapport entre les flux d’eau et la dispersion de la biomasse. Cette dernière hypothèse semble aussi plus plausible en cas de clonalité que de cercles de fées constitués d’individus génétiquement différents.

Le collectif de chercheurs d’Afrique du Sud, d’Allemagne et des Etats-Unis de Christian Kappel et ses collaborateurs a testé l’hypothèse de clonalité des plantes constituant un cercle de fées. Leurs travaux ont été publiés dans le journal Communications Biology en novembre 2020.

Relations d'apparentement entre les individus échantillonnés à la périphérie des cercles de fées namibiens des espèces Stipagrostis uniplumis (a) et S. ciliata (b). Il s'agit d'une étude de regroupement hiérarchique sur la base de la caractérisation moléculaire des individus. Les individus provenant du même cercle de fée sont indiqués par le même préfixe (chiffre avant le tiret) et la même couleur. Les individus avec un suffixe 1 et 2 sont échantillonnés à proximité dans chaque cercle de fée tandis que l'individu avec un suffixe 3 est échantillonné à l'opposé des deux précédents, sur le cercle de fée. Si certains individus d'un même cercle de fée présentent peu de variation génétique (ex : 2-1, 2-2 et 2-3 pour S. ciliata), d'autres sont très distincts génétiquement (3-1, 3-2 et 3-3 pour S. uniplumis). On observe aussi une nette distinction entre les individus diploïdes (notés 2n) et les autres individus, tétraploïdes.

Relations d’apparentement entre les individus échantillonnés à la périphérie des cercles de fées namibiens des espèces Stipagrostis uniplumis (a) et S. ciliata (b). Il s’agit d’une étude de regroupement hiérarchique sur la base de la caractérisation moléculaire des individus. Les individus provenant du même cercle de fées sont indiqués par le même préfixe (chiffre avant le tiret) et la même couleur. Les individus avec un suffixe 1 et 2 sont échantillonnés à proximité dans chaque cercle de fées tandis que l’individu avec un suffixe 3 est échantillonné à l’opposé des deux précédents, par rapport au cercle de fées. Si certains individus d’un même cercle de fées présentent peu de variation génétique (ex : 2-1, 2-2 et 2-3 pour S. ciliata), d’autres sont très distincts génétiquement (3-1, 3-2 et 3-3 pour S. uniplumis). On observe aussi une nette distinction entre les individus diploïdes (notés 2n) et les autres individus, tétraploïdes.

L’étude a porté sur deux régions désertiques de Namibie, dans lesquelles les cercles de fées sont formés par Stipagrostis ciliata (5 cercles étudiés avec 3 plantes échantillonnées dans chaque cercle) et S. uniplumis (idem mais pour 15 cercles) respectivement. Le génotypage à plus de 60 000 portions du génome des plantes montre que les plantes constituant un cercle de fées ont des génomes différents. Mieux, elles sont parfois de niveaux de ploïdie différents : des plantes diploïdes et des plantes tétraploïdes peuvent pousser dans le même cercle. Le coefficient de consanguinité F calculé pour les échantillons diploïdes de S. uniplumis est de -0.025, c’est-à-dire très proche de 0, indiquant des plantes parfaitement allogames.

On peut donc exclure que les cercles de fées de Namibie résultent du développement végétatif d’un seul clone. Au contraire, les cercles de fées sont constitués de plusieurs génotypes distincts, probablement apparus par semis de graines issues d’allo-fécondations. Si on remet cela dans le contexte du suivi des plantes et globalement des cercles de fées au cours du temps, cela signifie un très grand décalage entre des cercles de fées qui peuvent perdurer des centaines d’années et des plantes individuelles, non clonales, qui ont une durée de vie courte, jusqu’à une dizaine d’année, généralement moins du fait d’événements de sécheresse.

Pourquoi des individus, en compétition pour les ressources hydriques, s’organiseraient en cercle ? Pourquoi ces cercles seraient aussi réguliers en diamètre et aussi stables dans le temps, sur des centaines d’années d’alternance de périodes sèches et de périodes humides, chez des individus avec des traits d’histoire de vie aussi peu stables qu’une reproduction sexuée et un temps intergénérationnel court ? L’absence de clonalité chez les plantes constituant les cercles de fées namibiens déconstruit les principales hypothèses proposées, donne matière à penser aux écologues comme aux mathématiciens et remystifient les cercles de fées aux yeux des naturalistes. Quadrature du cercle pour les uns et féérie pour les autres.

Références de l’article

Christian Kappel, Nicola Illing, Cuong Nguyen Huu, Nichole N. Barger, Michael D. Cramer, Michael Lenhard, Jeremy J. Midgley (2020) Fairy circles in Namibia are assembled from genetically distinct grasses. Communications Biology 3, 698.

Révolution et contre-révolution : émergence de populations virulentes de pathogènes suite au déploiement massif d’une source de résistance unique chez le riz pendant la Révolution verte

Si l’effet de la domestication et de la création variétale sur la diversité des plantes cultivées est largement étudié, l’impact des activités humaines sur les populations de pathogènes affectant les plantes reste beaucoup moins connu. Parmi l’histoire récente de l’agriculture, la Révolution verte est, dans un contexte d’accroissement démographique après la Seconde Guerre mondiale, une période marquée par de profondes transformations du système agricole, parmi lesquelles la croissance exponentielle de la monoculture. Ainsi, aux Philippines, de nombreuses variétés locales ont été cultivées par les fermiers pendant près de 3 500 ans jusqu’à la création dans les années 1960 de l’International Rice Research Institute (IRRI) pour répondre aux enjeux de croissance démographique et de sécurité alimentaire. Les travaux d’amélioration génétique de cet institut ont mené à l’obtention des variétés à haut rendement IR20 en 1967 puis IR64 au milieu des années 1980, toutes deux porteuses du gène Xa4, permettant la résistance à la bactériose du riz, une maladie foliaire causée par la bactérie Xanthomonas oryzae pv. oryzae (appelée ‘Xoo’ dans la suite de l’article). Le succès de ces variétés et de leurs descendantes fut tel qu’elles furent déployées sur des millions d’hectares dans toute l’Asie. Suite à cela, des populations de bactéries Xoo virulentes, c’est-à-dire contournant la résistance, sont apparues aux Philippines.

Symptômes de bactériose sur des feuilles de riz, causée par la bactérie Xanthomonas oryzae pv. oryzae

Symptômes de bactériose sur des feuilles de riz, causés par la bactérie Xanthomonas oryzae pv. oryzae (crédit photo : Donald Groth, publié sur Wikimedia Commons sous licence Creative Commons Attribution 3.0)

Le travail de Ian Lorenzo Quibod et de ses collaborateurs des Philippines, d’Indonésie et du Gabon, publié dans la revue The ISME Journal fin octobre 2019, vise à comprendre les mécanismes de cette apparition de populations virulentes de pathogènes en réponse au déploiement des variétés de riz résistantes. Plus de 70 % des variétés de riz obtenues entre 1960 et 2010 portent la résistance Xa4, alors qu’il existe d’autres sources de résistance qui ont été très peu utilisées (xa5, xa13, Xa7, Xa21). La part de culture des variétés portant le gène de résistance Xa4 a même atteint son maximum en 1988 avec 91,5 % de la surface cultivée en riz aux Philippines portant cette résistance, avant de décroître par la suite, du fait de l’émergence de bactéries Xoo virulentes sur ces cultures. Les tests pathologiques réalisés pour 1822 isolats de bactéries Xoo échantillonnés entre 1970 et 2015 ont montré que la proportion de souches virulentes vis-à-vis des riz portant Xa4 était d’environ 20 % au début des années 1970 puis a rapidement dépassé 50 % jusqu’à la fin des années 1980 avant d’atteindre 84 % au début des années 1990, lors du maximum du déploiement de la résistance Xa4 parmi les variétés de riz cultivées dans l’archipel des Philippines.

L’étude des 11 races de bactéries Xoo identifiées en fonction de leur capacité à se développer sur un panel de variétés de riz portant différentes résistances montre que certaines races sont retrouvées tout au long de l’intensification du déploiement de la résistance Xa4 (races 2 et 3 par exemple) alors que le complexe de races 9com semble, lui, émerger vers le début des années 1990.

Phylogénie de Xanthomonas

Relations phylogénétiques et représentation temporelle et spatiale des souches de Xanthomonas oryzae pv. oryzae aux Philippines entre 1970 et 2015. A. Arbre phylogénétique construit par comparaison des régions génomiques communes entre souches. Selon la topologie de l’arbre, chaque souche est ainsi classée dans l’un des six groupes génétiques identifiés : PX-A1, PX-A2, PX-A3, PX-B1, PX-B2, PX-C1. En plus d’être comparées au niveau génomique, les souches Xoo ont aussi été comparées en terme de virulence vis-à-vis de huit variétés de riz présentant chacune un gène de résistance Xa différent (en haut à droite de la figure). Chaque variété de riz est ainsi indiquée comme sensible (S), moyennement sensible (MS), moyennement résistante (MR) ou résistante (R) à la souche correspondante. En fonction de leur capacité à infecter ces variétés de riz témoins, les souches sont classées en races. B. Distribution dans le temps de la proportion de souches de bactéries Xoo isolées entre 1970 et 2015. Les souches sont indiquées selon le groupe génétique qui leur a été assigné. Les couleurs du graphique sont les mêmes que celles de l’arbre phylogénétique. Les périodes de temps réunissent les souches échantillonnées sur cinq années consécutives. L’axe des ordonnées indique la proportion sur l’ensemble des 91 souches étudiées sur la période 1970-2015. On notera par exemple que les souches, non virulentes, du groupe PX-B2 (violet) ont fini par disparaître au cours du suivi, tandis que les souches, virulentes, du groupe PX-A1 (vert le plus foncé), absentes au début du suivi, ont émergé au cours de l’étude, en parallèle du déploiement de la résistance. C. Distribution spatiale des souches de Xoo dans l’archipel des Philippines. Les souches sont représentées en fonction de leur assignation aux groupes génétiques. Les couleurs sont les mêmes que pour l’arbre phylogénétique.

Afin de comprendre les changements génomiques des bactérie sur cette période, le génome de 91 souches de Xoo a été séquencé. La comparaison de ces génomes a permis de distinguer six groupes génétiques : PX-A1, PX-A2, PX-A3, PX-B1, PX-B2 et PX-C1. Ces groupes étaient très variables en terme de mutations et de recombinaisons, montrant une histoire évolutive complexe. Plusieurs variations nucléotidiques étaient associées à la virulence vis-à-vis du gène Xa4, notamment pour des gènes impliqués dans les systèmes de sécrétion, la dégradation de la paroi cellulaire, la détoxification des Reactive Oxygen Species (ROS) et la production de lypopolysaccharides. Plusieurs de ces variations se sont aussi avérées être sous sélection purifiante, c’est-à-dire comme subissant une intense contre-sélection contre les mutations affectant la fonction des gènes correspondants. La multiplicité des gènes candidats associés à l’émergence de la virulence vis-à-vis de la résistance Xa4 suggère que plusieurs acteurs moléculaires différents auraient pu évoluer en réponse au déploiement de la résistance Xa4 parmi les variétés de riz cultivées.

Globalement, l’étude montre plusieurs destinées possibles des souches de bactéries Xoo avant, pendant et après le déploiement des variétés de riz portant la résistance Xa4. Les souches de Xoo non virulentes, par exemple celles du groupe génétique PX-B2, en forte fréquence avant le déploiement, ont fini par disparaître du fait qu’elles n’étaient plus capables d’infecter les nouvelles variétés de riz résistantes. Les souches virulentes vis-à-vis de la résistance Xa4, comme celles du groupe génétique PX-B1, notamment la race 2, déjà présentes en fréquence limitée avant le déploiement, car non avantagées, ont par la suite été avantagées par le déploiement de la résistance Xa4 et ont augmenté en fréquence. Enfin, des souches inconnues avant le déploiement, comme celles du groupe génétique PX-A1, notamment le complexe de races 9com, ont pu émerger suite au déploiement.

Synthèse des modifs

Schéma synthétique montrant l’effet du déploiement progressif au cours de la Révolution verte des variétés de riz portant la résistance Xa4 (cf. graphique) sur l’évolution des fréquences de souches de Xanthomonas oryzae pv. oryzae. Avant la Révolution verte (gauche du schéma), les souches virulentes (bleu) et les souches non virulentes (violet) co-existaient. Puis le déploiement de la résistance chez le riz a agi comme un goulot d’étranglement sur la diversité des souches pré-existantes : les souches non virulentes, incapables d’infecter ces nouvelles variétés de riz résistantes, ont disparu tandis que les souches virulentes ont augmenté en fréquence car elles étaient les seules à pouvoir se développer dans les cultures de riz. Cette forte pression de sélection sur les pathogènes a même pu entraîner l’apparition de nouvelles souches virulentes (vert), jusqu’alors inconnues dans l’archipel des Philippines. A droite, le goulot d’étranglement a cessé quand la résistance Xa4 n’a plus été systématiquement incorporée aux nouvelles variétés de riz cultivées dans l’archipel. Toutefois, la composition des populations de pathogènes avait drastiquement changé entre avant et après le goulot d’étranglement.

La prise en compte de la co-évolution entre la plante hôte et ses pathogènes dans un contexte de changement de pratiques agricoles est une question primordiale pour la sécurité alimentaire. Des études comme celle-ci permettront peut-être de mieux réfléchir aux stratégies futures de déploiement spatial et temporel des sources génétiques de résistance, à l’avenir.

Références de l’article

Ian Lorenzo Quibod, Genelou Atieza-Grande, Eula Gems Oreiro, Denice Palmos, Marian Hanna Nguyen, Sapphire Thea Coronejo, Ei Ei Aung, Cipto Nugroho, Veronica Roman-Reyna, Maria Ruby Burgos, Pauline Capistrano, Sylvestre G. Dossa, Geoffrey Onaga, Cynthia Saloma, Casiana Vera Cruz, Ricardo Oliva (2019) The Green Revolution shaped the population structure of the rice pathogen Xanthomonas oryzae pv. oryzae. The ISME Journal, doi:10.1038/s41396-019-0545-2. Publié le 30 octobre 2019

Chaud devant ! Le réchauffement climatique augmente les taux de mutation et de sélection de populations sauvages d’amidonnier

Le réchauffement climatique représente un défi majeur pour les populations naturelles de plantes. Les modèles théoriques de génétique des populations prédisent que les populations végétales répondront par une sélection positive sur des mutations pré-existantes initialement en fréquence faible avant que l’accumulation de mutations délétères n’entraîne l’extinction de la population. Ces prédictions théoriques n’ont que très rarement eu l’occasion d’être vérifiées.

Amidonnier sauvage (Triticum dicoccoides)

Amidonnier sauvage (Triticum dicoccoides) (Source : Roger Culos, Wikipedia, publié sous licence CC BY-SA 3.0)

Le collectif Israélo-Canadien formé de Yong-Bi Fu et de ses collaborateurs a cherché à comprendre les mécanismes génétiques de réponse au réchauffement climatique chez des populations sauvages. Ce travail est décrit dans un article en Open Access publié dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America (PNAS) en septembre 2019. Dix populations d’amidonnier sauvage (Triticum dicoccoides Koern.), une forme de blé primitif, ont été échantillonnées en Israël, à la fois en 1980 puis 28 ans plus tard, en 2008, période sur laquelle les températures ont augmenté et les précipitations ont diminué en Israël. L’exome, c’est-à-dire les parties du génome codant pour des protéines, a été comparé entre ces populations. Les changements ont été étudiés en terme de mutation, sélection, diversité et différentiation entre populations.

Par rapport au premier échantillonnage en 1980, les populations de 2008 dans leur ensemble subissaient davantage de sélection, leur diversité génétique avaient diminué et elles portaient un fardeau génétique accru. Ce fardeau génétique représente la proportion de mutations non synonymes, c’est-à-dire qui changent la séquence en acides aminés, souvent de manière délétère. Toutefois, les résultats variaient selon les populations étudiées et certaines avaient même réussi à sélectionner des mutations bénéfiques, déjà présentes en fréquence faible en 1980 ou survenues après. La comparaison de populations poussant dans des conditions environnementales contrastées aussi bien que la fonction des gènes ayant le plus divergé au cours de la période d’étude indiquent que, sur les populations étudiées, l’augmentation de la température aurait eu un impact plus important que la baisse des précipitations.

Effet du réchauffement climatique sur les mutations

Effet du réchauffement climatique sur les mutations des populations d’amidonnier sauvage. Sur ce schéma, les populations ont été regroupées en six groupes selon la quantité de précipitations annuelle de la zone d’échantillonnage (gauche) ou de sa température moyenne annuelle (droite). Les populations des zones les plus sèches et celles des zones les plus chaudes sont celles qui avaient accumulé le plus de mutations délétères (A; fardeau génétique) et le moins de mutations avantageuses (B), qui leur auraient permis de s’adapter.

Si cette étude donne des indications sur le potentiel adaptatif des populations étudiées à résister au réchauffement climatiques en cours ou au contraire leur vulnérabilité, elle apporte surtout et plus généralement des espoirs quant à de futurs travaux de modélisation plus réalistes pour comprendre les facteurs d’adaptabilité ou de vulnérabilité des populations naturelles au changement climatique. De tels modèles pourraient être utilisés comme outils d’aide à la décision pour la prise de mesures de préservation des populations naturelles.

Ces populations naturelles ne sont pas que des « mauvaises herbes ». Ainsi, du fait de sa proximité avec le blé, l’amidonnier sauvage représente une ressource potentiellement utile pour l’amélioration génétique du blé concernant les stress abiotiques (tolérance à la sécheresse, chaleur, etc.) ou biotiques (tolérance aux pathogènes et ravageurs). Toutefois, ces ressources sont mises en péril par les activités humaines directes comme l’urbanisation et l’agriculture ou indirectes comme le réchauffement climatique.

Références de l’article :

Yong-Bi Fu, Gregory W. Peterson, Carolee Horbach, David J. Konkin, Avigdor Beiles, and Eviatar Nevo (2019) Elevated mutation and selection in wild emmer wheat in response to 28 years of global warming. PNAS. Publié en Advance Access le 19 septembre 2019

Voyage aux racines du canard fertile : comprendre la domestication de l’igname en Afrique subsaharienne

L’étude des centres de domestication permet de comprendre l’émergence des premières sociétés agricoles. Parmi les centres de domestication, le Croissant Fertile est le plus documenté alors que l’histoire de la domestication des plantes est plus incertaine en Afrique sub-saharienne. Une répartition étendue de la domestication allant du Sénégal à la Somalie a tout d’abord été proposée. Mais de récents travaux sur les centres de domestication du mil (Cenchrus americanus) domestiqué dans le nord du Mali et en Mauritanie, et le riz africain (Oryza glaberrima) domestiqué au Mali, semblent plutôt témoigner d’un centre de domestication plus restreint, dans le bassin de la rivière Niger.

L’article de Nora Scarcelli et ses collaborateurs, au sein d’un collectif de Français, Nigérians, Béninois et Camerounais paru le 1er mai 2019 dans la revue Science Advances tente de tester cette hypothèse de domestication localisée, sur une troisième espèce emblématique de l’Afrique sub-saharienne et gage de sécurité alimentaire dans la région : l’igname (Dioscorea rotundata), dont on consomme le tubercule. Cette espèce, principalement cultivée dans la « ceinture de l’igname » (Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Bénin, Nigéria, Cameroun) possède deux espèces sauvages apparentées : D. abyssinica qui pousse dans la savane et D. praehensilis qui pousse dans la forêt.

Tubercules de l'igname cultivé Dioscorea rotundata (A), de l'igname sauvage de la savane D. abyssinica (B) et de l'igname sauvage de la forêt D. praehensilis (C)

Tubercules de l’igname cultivé Dioscorea rotundata (A), de l’igname sauvage de la savane D. abyssinica (B) et de l’igname sauvage de la forêt D. praehensilis (C)

Le génome entier de 86 ignames cultivés et de 34 et 47 ignames sauvages des deux espèces respectivement citées ci-dessus a été reséquencé dans le but de préciser le parent sauvage direct et le lieu de domestication. L’analyse en composantes principales (ACP) réalisée sur les Single Nucleotide Polymorphism (SNP) ou substitutions nucléotidiques montre une structure des populations en 4 groupes correspondant à une subdivision selon les trois espèces et une subdivision supplémentaire de l’espèce D. praehensilis en deux groupes selon l’origine géographique des accessions : Cameroun ou un origine plus à l’ouest.

Structure des populations des ignames.

Structure des populations des trois espèces d’igname. A. Analyse en composantes principales (ACP) réalisée à partir des SNPs des accessions d’igname. L’ACP vise à représenter de la façon la plus discriminante, sur un seul plan, la variabilité génétique de l’échantillon. Chaque accession est représentée par un point. Deux points proches représentent généralement des accessions proches génétiquement. B. Pourcentage d’assignation (en ordonnée) de chacune des accessions (en abscisse) à l’un des quatre groupes génétiques définies a posteriori sur la base des marqueurs SNPs. C. Représentation géographique du pourcentage d’assignation chez les ignames sauvages. Rouge : D. rotundata; Vert : D. abyssinica; Bleu clair : groupe camerounais de D. praehensilis; Bleu foncé : groupe ouest de D. praehensilis.

Cette connaissance de la structure des populations a servi de base à la modélisation de l’histoire démographique de la domestication de l’igname. Après avoir testé différents modèles de relations entre les quatre groupes génétiques et leur adéquation avec les données génomiques observées, le modèle le plus vraisemblable appuie le scénario suivant : D. abyssinica aurait divergé en premier, suivi du groupe camerounais de D. praehensilis. L’igname cultivé aurait donc été domestiqué depuis le groupe Ouest de D. praehensilis, probablement dans une région comprise entre l’est du Ghana et l’ouest du Nigéria en longitude et depuis le Golfe de Guinée au sud du Niger en latitude. Le modèle permet aussi de prédire que l’igname cultivé a connu une large augmentation de sa taille efficace, il y a 2000 générations environ, qui correspondrait à l’élargissement de la zone de culture post-domestication, et une forte diminution de la taille efficace il y a environ 400 générations, qui pourrait correspondre à l’introduction par les Européens d’espèces non-africaines (maïs, manioc) qui sont rentrées en concurrence avec l’igname.

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Modélisation de la domestication de l’igname. A. Modèle démographique montrant les événements de divergence entre les quatre groupes génétiques. B. Origine géographique supposée de la domestication de l’igname représentée en fonction de la distribution a posteriori de la latitude et de la longitude après un modèle de type approximate Bayesian spatial. C. Changements de taille efficace de la population d’igname cultivé au cours des dernières 400 000 générations.

La recherche de régions génomiques peu diverses chez l’igname cultivé comparativement à son apparenté sauvage et/ou fortement différenciées (fort FST) entre ces deux groupes a permis d’identifier des signatures de sélection (patrons de polymorphisme témoignant d’événements de sélection passée). Parmi les gènes montrant des signatures de sélection, des gènes impliqués dans la régulation du stress pourraient avoir été sélectionnés au cours de la domestication lors du changement d’un habitat de type forestier vers des milieux agraires ouverts. Caractère majeur du syndrome de domestication chez l’igname, la transformation pendant la domestication d’une racine fibreuse à une racine tubérisée large et riche en amidon est en accord avec la mise en évidence de sélection de gènes de développement de la racine et de synthèse de l’amidon.

Cet article montre ainsi que, comme le Croissant Fertile au Proche-Orient, l’Afrique subsaharienne a connu un centre de domestication localisé dans le bassin de la rivière Niger où le mil, le riz africain et l’igname auraient été domestiqués. Si la forme du centre de domestication au Proche-Orient évoque un “croissant”, le centre de domestication identifié en Afrique subsaharienne évoque aux auteurs de l’article l’image d’un “canard”, non sans une touche d’humour. L’avenir dira si le concept du Canard Fertile trouvera sa place dans les concepts de base de la domestication.

Référence de l’article :

Nora Scarcelli, Philippe Cubry, Roland Akakpo, Anne-Céline Thuillet, Jude Obidiegwu, Mohamed N. Baco, Emmanuel Otoo, Bonaventure Sonké, Alexandre Dansi, Gustave Djedatin, Cédric Mariac, Marie Couderc, Sandrine Causse, Karine Alix, Hâna Chaïr, Olivier François, Yves Vigouroux (2019) Yam genomics supports West Africa as a major cradle of crop domestication. Science Advances. 5: eaaw1947 . Publié le 1er mai 2019.

Pourquoi les X-men végétaux ne dominent pas le monde : contrôle du taux de mutations chez les cellules d’une même plante

Chez les espèces à multiplication sexuée, seules les mutations touchant les cellules germinales sont transmissibles à la descendance. Selon un modèle sélectionniste, ce postulat doit conduire à observer des taux de mutations variables selon les lignées cellulaires. Ainsi, chez les animaux, les cellules germinales, dont la lignée apparaît tôt au cours du développement, montrent un taux de mutation plus réduit que les cellules somatiques. Le taux de mutation est aussi inversement proportionnel à la longévité des lignées de cellules somatiques : les lignées de cellules somatiques des animaux à faible longévité montrent ainsi un taux de mutation plus élevé que celles des animaux à forte longévité.

L’article de Wang et al. 2019 paru dans la revue PLoS Biology tente d’explorer la généralisation de ces conclusions aux végétaux et d’en identifier les spécificités. Pour ce faire, 754 génomes ont été séquencés, correspondant à différents tissus étudiés chez huit espèces de plantes : parmi les plantes pérennes, les pêchers cultivés (Prunus persica) et sauvage (Prunus mira), l’abricotier du Japon (Prunus mume), le fraisier des bois (Fragaria vesca) et une espèce de saule (Salix suchowensis), tandis que pour les plantes annuelles, du riz cultivé (Oryza sativa), la graminée Brachypodium distachyon et l’arabette des dames (Arabidopsis thaliana).

Un des principaux facteurs qui influencent le taux de mutation est la transmissibilité des mutations. Contrairement aux animaux, il y a encore beaucoup de débat pour savoir si les plantes disposent d’une lignée cellulaire germinale clairement et durablement indépendante des lignées somatiques, apparaissant tôt dans le développement. Toutefois, on peut faire la distinction entre les cellules des tiges et celles des racines, puisque seules les premières pourront contribuer à des lignées germinales, à travers la formation de bourgeons floraux. L’article montre ainsi que les tiges ont un taux de mutation plus faible que les racines chez les espèces pérennes. La différence n’est en revanche pas significative chez les plantes annuelles, pour lesquelles les mutations survenant sur les tiges ne disposent probablement pas des mêmes probabilités de transmission à la descendance. Chez les plantes annuelles, pour lesquelles les mutations pré-méiotiques (apparues dans des cellules somatiques des tiges) ont peu de chances d’être transmises, il n’y a pas possibilité d’accumulation de génération en génération et par conséquent il n’y a pas de nécessité sélective à réduire le taux de mutation dans les tiges chez les plantes annuelles.

Evénements de mutation détectés dans les tiges et les racines d'un pêcher.

Événements de mutation détectés dans les feuilles et les racines d’un pêcher. (A) Mutations somatiques des feuilles. Les mutations sont numérotées et entre parenthèses. La première présence ontogénétique d’une mutation est surlignée en jaune. Les éclairs symbolisent la présence de mutations survenues dans des branches internes. (B) Mutations somatiques des racine, représentées de la même façon. (C) Arbres ontogénétiques construit à partir de toutes les mutations identifiées dans les branches (vert) ou les racines (bleu). Comme pour un arbre phylogénétique, les longueurs de branche sont proportionnelles à la distance génétique. On voit ici nettement que les racines sont plus divergentes génétiquement entre elles que ne sont les feuilles.

Les auteurs ont identifié une exception à cette construction intellectuelle : les stolons de fraisiers. Les stolons sont des tiges rampantes à partir desquelles des bourgeons latéraux peuvent initier de nouvelles plantes ayant leurs propres racines. L’étude montre que ces stolons de fraisiers ont un taux de mutations anormalement élevé pour une tige de plante pérenne, selon la logique sélectionniste expliquée plus haut. Mais il semblerait que la probabilité qu’une mutation survenant dans le stolon soit transmise aux bourgeons latéraux et ainsi aux plantes filles, soit extrêmement faible. Ce résultat laisse suggérer que les lignées cellulaires des stolons et celles des bourgeons latéraux seraient ontogénétiquement indépendantes.

Les auteurs ont aussi essayé d’écarter l’hypothèse que les différences de nombre de mutations observées ne soient pas expliquées par des variations de taux de mutations, mais plutôt, à taux de mutations constant, par des variations de l’intensité de la sélection purifiante qui éliminerait les mutations les plus désavantageuses pour le devenir de la plante. Deux raisons ont mené à écarter cette hypothèse : (i) les mutations somatiques s’accumulent à un même taux quel que soit l’âge du tissu alors que la sélection purifiante, qui est un processus qui se passe sur le long terme, devrait être plus visible sur les tissus anciens, et (ii) il n’y a pas de démonstration que les mutations potentiellement plus délétères (ex : mutations non synonymes, c’est-à-dire qui modifient la séquence en acides aminés) soient moins conservées.

Les auteurs concluent donc que ce serait avant tout directement le taux de mutations qui serait sous sélection, et pas les mutations générées. Parmi les autres facteurs qui viennent appuyer ce mécanisme, on trouve la longévité des lignées cellulaires : ainsi des lignées cellulaires éphémères comme les pétales ont un taux de mutations plus élevé par comparaison à des lignées cellulaires plus durables comme les feuilles, probablement pour limiter les effets d’accumulation de mutations chez ces organes plus durables. Cependant, on doit garder en tête que des facteurs environnementaux peuvent aussi affecter ce taux de mutations. Un taux très élevé de mutations a ainsi été observé chez des plantes issues de culture in vitro, confirmant qu’un stress pouvait anormalement augmenter le taux de mutations dans les cellules.

Ce travail est une illustration du concept de métapopulation à l’intérieur d’une plante : le génome varie à l’intérieur d’une plante, du fait des mutations accumulées lors de son développement. Parmi les enjeux appliqués de ces travaux, on peut penser à la compréhension des mutants végétatifs ou sports, c’est-à-dire de branches de phénotype différent des autres branches d’un individu et qu’on peut potentiellement propager par la suite de manière végétative (bouturage, greffage). Elles ont joué un rôle important dans la création variétale de nombreuses espèces pérennes cultivées comme la vigne, le pommier ou le rosier.

Cultivar nain d'épinette blanche (Picea glauca var. albertiana 'Conica') dont une branche a réverté vers le phénotype initial. Source : Ragesoss, Wikimedia sous licence Creative Commons

Cultivar nain d’épinette blanche (Picea glauca var. albertiana ‘Conica’) dont une branche a réverté vers le phénotype initial.
Source : Ragesoss, Wikimedia sous licence Creative Commons

Références de l’article :

Long Wang, Yilun Ji, Yingwen Hu, Huaying Hu, Xianqin Jia, Mengmeng Jiang, Xiaohui Zhang, Lina Zhao, Yanchun Zhang, Yanxiao Jia, Chao Qin, Luyao Yu, Ju Huang, Sihai Yang, Laurence D. Hurst, Dacheng Tian (2019) The architecture of intra-organism mutation rate variation in plants. PLoS Biology. 17(4): e3000191. Publié le 9 avril 2019.

Entre les mouches et les abeilles, son coeur balance : un réel avantage aux hétérozygotes à un gène de couleur de la fleur chez une plante alpine

Les raisons du maintien du polymorphisme dans les populations sont parmi les plus débattues en génétique des populations. Parmi ces raisons, la superdominance, c’est-à-dire un avantage de valeur sélective (une combinaison de la survie et de la fertilité) pour les individus hétérozygotes à un locus unique, fait partie des bizarreries génétiques passionnantes, à l’impact minime sur l’évolution globale du génome, mais qui peut s’avérer important pour l’évolution de certains caractères phénotypiques. Il a en effet été documenté un rôle important de la superdominance dans les relations hôtes-parasites : par exemple la relation entre l’anémie et le risque d’infection par la malaria au niveau du gène de l’hémoglobine et les gènes HLA et la progression de la maladie chez les porteurs du VIH. Dans tous les cas étudiés, la superdominance s’explique plus par un désavantage (effet délétère) aux homozygotes que par un avantage réel aux hétérozygotes. C’est parce que les homozygotes HbAA sont plus susceptibles d’être infectés par la malaria, même s’ils ne sont pas anémiés, et parce que les homozygotes HbSS sont victimes de sérieuses anémies, même s’ils sont peu sensibles à la malaria, que les hetérozygotes HbAS sont avantagés dans les régions à forte prévalence de la malaria.

Une étude publiée début 2019 dans Nature Communications par Kellenberger et al., un consortium de chercheurs et chercheuses de Suisse, Autriche, Etats-Unis d’Amérique, Allemagne et Royaume-Uni, montre un cas réel d’avantage aux hétérozygotes chez la nigritelle noire (Gymnadenia rhellicani), une orchidée alpine.

Un morphotype noir de Nigritelle noire

Alors que le morphotype noir domine largement les populations de Nigritelle partout ailleurs, une population du plateau Puflatsch (nord de l’Italie) montre des proportions de morphotypes plus équilibrées : 62% de noirs, 28% de rouge et 10% de blanc. Un suivi de la population entre 1997 et 2016 indique que sur cette période la fréquence des morphotypes rouges et blancs a augmenté tandis que la fréquence du morphotype sauvage noir a diminué. Le morphotype rouge a montré un taux significativement plus élevé de graines produites, ce qui suggère que sa valeur sélective (fitness) serait plus importante. Chez cette espèce à fécondation croisée productrice de nectar, ce résultat s’explique par les préférences des insectes quant aux fleurs visitées : alors que les abeilles vont davantage visiter des fleurs sombres que des fleurs claires, les préférences sont inversées chez l’autre pollinisateur majeur de cette plante, les mouches. Le morphotype rouge semble être le seul qui soit à la fois populaire chez les abeilles et les mouches.

nigritelle_fig

a. Morphotypes noir, rouge et blanc.
b. Evolution de la proportion des morphotypes de la population de Puflatsch entre 1997 et 2016.
c. Valeur sélective (fitness) des trois morphotypes.
d. Relation entre la valeur sélective et la pollinisation : les plantes en cage, non pollinisée par les insectes, ont une valeur sélective quasi-nulle, contrairement aux plantes librement visitées par les insectes.
e. Nombre de visites par les mouches et les abeilles, selon le morphotype

 

Les différents morphotypes seraient expliqués par une mutation au niveau d’un facteur de transcription de type MYB qui régulerait l’expression du gène codant l’anthocyanidine synthase (ANS), l’enzyme produisant des cyanidines, principal pigment des morphotypes colorés. Les plantes de morphotype noir étaient toutes homozygotes pour l’allèle sauvage, tandis que les plantes de morphotype blanc ne portaient jamais cet allèle et que les plantes de morphotype rouge étaient hétérozygotes pour l’allèle sauvage. Des mutations différentes mais sur le même gène MYB ont aussi été observées dans une autre population de cette espèce, au Monte Bondone, à 75 km de la population initiale. Ces mutations indépendantes, observées pour des individus rouges ou blancs, suggèrent une évolution parallèle des morphotypes clairs chez au moins deux populations différentes.

Cette étude chez la nigritelle noire représente une première mise en évidence claire d’un réel cas d’avantage aux hétérozygotes, plutôt qu’une sélection indirecte des hétérozygotes par le biais d’effets délétères observés chez les génotypes homozygotes. Elle vient donc confirmer les travaux de Theodosius Dobzhansky qui avait introduit dans les années 1950 le concept de superdominance et montre que ce concept pourrait permettre d’expliquer certains cas de maintien de polymorphisme dans la nature.

Références de l’article :

Roman T. Kellenberger, Kelsey J. R. P. Byers, Rita M. De Brito Francisco, Yannick M. Staedler, Amy M. LaFountain, Jürg Schönenberger, Florian P. Schiestl, Philipp M. Schlüter (2019) Emergence of a floral colour polymorphism by pollinator-mediated overdominance. Nature Communications. 10: 63. Publié le 8 janvier 2019.