Les chiens ne font pas des chats (et encore moins des SHA*) : impact de la géographie, de l’usage et des pratiques de sélection sur la structuration génétique intra-race chez le chien

* A l’attention de l’historien du 4e millénaire qui aura eu la folie de choisir comme sujet de thèse “L’humour raté dans les blogues de génétique des populations au 3e millénaire”, l’auteur de ce billet précise qu’il a été rédigé en pleine période d’épidémie de Covid-19 de 2020 (la première année de l’épidémie) où la Solution Hydro-Alcoolique (SHA) était particulièrement recherchée pour ne pas tomber malade comme un chien.

Si la domestication du chien a commencé il y a 15 000 ans, le concept de races homogènes apparaît au 19e siècle et on distingue aujourd’hui 400 races de chiens. On a déjà évoqué sur ce blogue les spécificités génétiques des races modernes de chiens qui ont subi une sélection drastique des individus reproducteurs répondant aux standards de la race. La réduction de l’effectif efficace et l’augmentation de la consanguinité à l’intérieur de la race ont abouti à des races bien différenciées génétiquement, avec une perte de diversité génétique et l’accumulation d’allèles délétères chez de nombreuses races (voir aussi la sélection moderne des races équines qui a eu des effets similaires), causant des maladies génétiques fréquentes chez les races modernes. Toutefois, les races canines sont-elles réellement si homogènes génétiquement ? Ou est-on capable de distinguer plusieurs sous-populations distinctes chez des races qui, malgré une standardisation, se retrouvent mondialisées (sélectionnées sur plusieurs continents) et peuvent avoir plusieurs usages avec des schémas de sélection parfois indépendants ?

Six races de chiens étudiées dans l'article : la Levrette d'Italie (Chrsitina, CC-BY 2.0), le Shetland (Sannse, CC-BY-SA 3.0), le Lévrier anglais en pleine course (Matt Schumitz, CC-BY-SA 4.0), le Labrador Retriever guide d'aveugle (Honza Groh, CC-BY-SA 3.0), le chien finnois de Laponie (Svenska Mässan, CC-BY 2.0) et les types de Bergers belges : le Groenendael (Tsaag Valren, CC-BY-SA 4.0), le Malinois (Caronna, CC-BY-SA 3.0), le Tervueren (Ulrik Fällstrom, CC-BY-SA 2.5) et le Laekenois (Sannse, CC-BY-SA 3.0). Toutes les photos sont issues de Wikimedia Commons.

Six races de chiens étudiées dans l’article : la Levrette d’Italie (Chrsitina, CC-BY 2.0), le Shetland (Sannse, CC-BY-SA 3.0), le Lévrier anglais en pleine course (Matt Schumitz, CC-BY-SA 4.0), le Labrador Retriever guide d’aveugle (Honza Groh, CC-BY-SA 3.0), le chien finnois de Laponie (Svenska Mässan, CC-BY 2.0) et les types de Bergers belges : le Groenendael (Tsaag Valren, CC-BY-SA 4.0), le Malinois (Caronna, CC-BY-SA 3.0), le Tervueren (Ulrik Fällstrom, CC-BY-SA 2.5) et le Laekenois (Sannse, CC-BY-SA 3.0). Toutes les photos sont issues de Wikimedia Commons.

L’article de Sara Lampi et de ses collaborateurs finlandais, paru le 9 juin 2020 dans la revue Canine Medicine and Genetics, caractérise la structuration génétique intra-race de six races de chiens. Ces six races n’ont pas été choisies au hasard, mais en fonction de différentes caractéristiques :

  • Variation d’usage : la Levrette d’Italie (ou petit lévrier italien) et le Lévrier anglais (ou lévrier greyhound) sont des chiens utilisés pour les compétitions de courses de vitesse, tandis que le Labrador (ou Labrador Retriever) est utilisé comme chien de service, notamment guides d’aveugle, sachant que des individus de toutes ces races sont aussi élevés comme des chiens de compagnie ou pour les concours canins.
  • Variation de popularité : si le Shetland (ou berger des Shetland) présente une popularité internationale, le Chien finnois de Laponie est peu connu en dehors de la Finlande.
  • Variation de types : si elles sont toutes regroupées sous la race Berger Belge, on en distingue quatre variétés : le Malinois, le Groenendael, le Tervueren et le Laekenois.

Entre 90 et 608 individus de chaque race ont été comparés pour 1 319 régions ponctuelles du génome (Single Nucleotide Polymorphisms) et la structuration intra-race a été étudiée par des approches de génétique des populations.

Structuration génétique des races de levrette d'Italie (en haut) et du lévrier anglais (en bas).

Structuration génétique selon l’origine géographique pour la levrette d’Italie (en haut) et selon l’usage pour le lévrier anglais (en bas). La structuration de la diversité génétique intra-race est étudiée par deux méthodes : le positionnement multidimensionnel (ou multimensional scaling, MDS), au centre, et la méthode d’inférence bayésienne STRUCTURE, à droite. Pour la méthode MDS, les points représentent des individus de la race, colorés en fonction de l’origine géographique (levrette d’Italie) ou en fonction de l’usage (lévrier anglais). La position des points symbolise la proximité génétique des individus. On distingue un nuage de points à part pour les levrettes d’Italie américaines (rose) : cela signifie qu’elles sont génétiquement distinctes des individus européens (autres couleurs). De même, les lévriers anglais utilisés pour les courses de vitesse (orange) sont génétiquement distincts des individus utilisés comme chiens de compagnie ou pour les concours de beauté (bleu). Des traits indiquent de rares individus dont le fond génétique est en désaccord avec leur usage. Sur les analyses de STRUCTURE (à droite), les groupes génétiques inférés par l’analyse des marqueurs SNPs sont représentés par des couleurs différentes. Pour chaque race, c’est la solution à K=4 groupes qui semblait la plus vraisemblable. Les individus sont représentés par les bâtons de l’axe des abscisses tandis que les ordonnées représentent la probabilité d’assignation d’un individu à l’un des quatre groupes génétiques. Ces résultats de STRUCTURE viennent compléter les analyses de MDS. Pour la levrette d’Italie, les chiens des USA forment un ensemble homogène, assigné majoritairement au groupe génétique bleu, ce qui traduit leur diversité génétique réduite. Aucun individu européen n’est assigné majoritairement à la population bleue, ce qui traduit l’isolement des Américains vis-à-vis des Européens. Les grandes différences d’assignation des individus européens montre la diversité plus importante des levrettes d’Italie européennes, en cohérence avec l’origine européenne de la race. L’analyse STRUCTURE pour les lévriers anglais confirme aussi la distinction génétique selon les usages : les chiens de concours de beauté ou de compagnie sont majoritairement assignés au groupe génétique vert, tandis que les chiens de course sont majoritairement assignés aux groupes rouge, jaune ou bleu.

L’origine géographique est le facteur explicatif principal de la structuration génétique pour la Levrette d’Italie et le Shetland. Pour chaque race, les chiens américains semblent représenter un sous-échantillon des chiens européens. Par exemple, pour la levrette d’Italie, l’indice de fixation FST est plus grand chez l’échantillon des USA (FST=0,15) par comparaison de celui de l’échantillon européen (FST=0,08). Les individus utilisés pour la reproduction sont probablement volontiers échangés entre pays européens, dont ces races sont originaires et pour lesquels la diversité est la plus forte. Au contraire, les échanges transatlantiques sont probablement plus rares. Enfin, les individus américains seraient le résultat d’un effet de fondation, c’est-à-dire d’une réduction de la diversité consécutivement à la “colonisation” d’un nouvel espace par un sous-échantillon de la population originelle, européenne.

L’usage est le facteur explicatif majeur de la structuration génétique pour le Lévrier anglais et le Labrador. Les Lévriers anglais utilisés pour les courses se distinguent génétiquement de ceux utilisés pour les concours de beauté ou comme chiens de compagnie. Un résultat similaire est trouvé entre les Labradors utilisés comme chiens de services et les Labradors de concours. Cela témoignerait de schémas de croisements relativement indépendants entre les usages, ce qui a mené à une dérive génétique au sein de chaque usage. Les chiens de concours (FST=0,34) sont largement plus différenciés que les chiens de course (FST=0,07), chez le Lévrier anglais (résultat similaire chez le Labrador), ce qui s’explique peut-être par la sur-représentation de quelques individus primés dans les pedigrees de ce type de chiens, entraînant une diminution de l’effectif efficace.

Structuration génétique pour les variétés morphologiques chez le Berger belge (en haut) et pour les stratégies de sélection chez le Chien finnois de Laponie (en bas).

Structuration génétique pour les variétés morphologiques chez le Berger belge (en haut) et pour les stratégies de sélection chez le Chien finnois de Laponie (en bas). Pour les explications techniques sur les méthodes, voir la précédente figure. Les analyses montrent que les Malinois et les Laekenois ne sont pas génétiquement distincts, tout du moins pas sur les marqueurs SNPs répartis sur tout le génome : on pourrait probablement les distinguer en étudiant la variabilité génétique du gène expliquant l’aspect du poil, qui est le caractère phénotypique majeur distinguant ces deux variétés de Bergers belges. Les Groenendaels et les Tervuerens sont génétiquement distincts des deux premiers mais moins distincts l’un par rapport à l’autre, en cohérence avec leurs ressemblances phénotypiques (c’est principalement la couleur du pelage qui les distingue). Pour le Chien finnois de Laponie, les individus issus d’un schéma de sélection plus proche des chiens utilisés par les Samis, des éleveurs de rennes, (‘Herding background’) sont génétiquement distincts des autres individus de la race, comme le montrent la position des points sur la MDS et l’assignation majoritaire au groupe rouge par STRUCTURE, alors que les autres individus sont majoritairement assignés au groupe vert. L’article précise que des chiens issus de ce schéma de sélection proche des chiens de Samis sont régulièrement utilisés comme géniteurs dans les schémas de sélection classique (voir les individus majoritairement rouges, au milieu des individus verts). L’inverse est moins vrai (pas d’individu majoritairement vert au milieu des rouges).

L’analyse des variétés de Bergers belges montre que le Malinois et le Laekenois sont génétiquement différenciés du Groenendael et du Tervueren. Les deux premiers types partagent le point commun d’être particulièrement utilisés comme chiens de travail (bergers mais aussi comme chiens policiers) et se distinguent par le type de pelage (le Laekenois est à poils durs), qui est un caractère monogénique. Les croisements entre ces deux variétés sont autorisés, expliquant leur proximité génétique. Le Groenendael et le Tervueren se distinguent aussi pour un caractère monogénique : la couleur du pelage (noir chez le Groenendael et sable chez le Tervueren). Ainsi, dans une même portée où ce caractère ségrège, des chiots peuvent être inscrits dans l’une ou l’autre des variétés.

Deux groupes génétiques différenciés se distinguent pour les Chiens finnois de Laponie. L’analyse des pedigrees des individus a permis de comprendre les raisons de cette distinction. Même si les deux groupes génétiques sont phénotypiquement difficiles à différencier, le groupe désigné comme ‘Herding background’ correspond aux descendants de croisements menés par une association fondée en 1981 et souhaitant “revenir aux sources” de la race en repartant des chiens de berger utilisés par les Samis pour garder les rennes, l’utilisation originelle de la race.

Pour conclure, cette étude montre que malgré les standards définis pour chaque race, plusieurs sous-populations génétiquement différenciées peuvent être identifiées. La mondialisation des races de chiens les plus populaires a entraîné des effets de fondation en dehors de leurs zones d’origine et les migrations peu fréquentes entre les groupes géographiquement séparés contribuent à augmenter l’isolement génétique. L’élitisation de certains pedigrees qui donnent la part belle aux individus primés aux concours contribue aussi à entraîner une dérive génétique par rapport aux autres individus de la race utilisés comme chiens de travail. Enfin, des visions et des pratiques différentes de l’activité de sélection au sein d’une même race peut aussi entraîner une structuration de la diversité génétique. Dans un contexte où la baisse de diversité génétique chez des races modernes de plus en plus consanguines a multiplié les maladies génétiques, l’identification des populations structurées dans la race pourrait permettre d’atténuer cette consanguinité et de mieux raisonner la gestion de la diversité intra-race. Même si l’expression “malade comme un chien” trouve ses origines bien avant l’apparition des races modernes de chiens, ce progrès contribuerait peut-être à vider cette expression de son sens moderne.

Références de l’article

Sara Lampi, Jonas Donner, Heidi Anderson & Jaako Pohjoismäki (2020) Variation in breeding practices and geographic isolation drive subpopulation differentiation, contributing to the loss of genetic diversity within dog breed lineages. Canine Medicine and Genetics, 7:5.

Surf au bout du monde : vagues de peuplement des îles Samoa

L’archéologie montre que quand les peuples de langue papoue et les Aborigènes d’Australie réalisent le premier peuplement humain de l’Océanie il y a environ 50 000 ans, ils ne colonisent que l’Océanie proche (jusqu’aux Iles Salomon). Une seconde vague de migration, composée de peuples de langues austronésiennes, survient beaucoup plus récemment il y a 5 000 ans et se poursuit cette fois-ci jusqu’à l’Océanie lointaine, notamment le Vanuatu, la Nouvelle-Calédonie, Fidji, Tonga et Samoa. Ainsi, les restes archéologiques font remonter les premiers peuplements aux îles Samoa il y a seulement 2 750 à 2 880 ans avant une histoire démographique assez floue jusqu’à l’arrivée des premiers Européens au XVIIIe siècle.

Trois jeunes femmes samoanes de 1902. Photographie de Ernst von Hesse-Wartegg (1854-1918), publiée dans le livre Samoa, Bismarckarchipel und Neuguinea - Drei deutsche Kolonien in der Südsee; (Allemagne, 1902). Photographie du domaine public.

Trois jeunes femmes samoanes de 1900. Photographie de Ernst von Hesse-Wartegg (1854-1918), publiée dans le livre Samoa, Bismarckarchipel und Neuguinea – Drei deutsche Kolonien in der Südsee; (Allemagne, 1902). Photographie du domaine public.

L’étude de Daniel N. Harris et ses collaborateurs américains, néo-zélandais et samoans, publiée dans le journal Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America vise à comprendre l’évolution démographique des Samoans au cours de leur Histoire. Un total de 1 197 génomes complets de Samoans ont été séquencés et soumis à des analyses de génomique des populations.

L’analyse génétique confirme que les Samoans sont très majoritairement d’origine austronésienne, avec de rares introgressions de populations d’Europe de l’Ouest, du Sud de l’Asie et d’Afrique de l’Ouest. Toutefois, les Samoans auraient en moyenne 24 % d’origine papoue. Cela suggère un phénomène déjà montré pour d’autres peuples océaniens : avant d’arriver en Océanie lointaine, les peuples de langues austronésiennes se seraient hybridés avec les peuples papous rencontrés en Océanie proche. L’étude montre aussi que l’origine papoue est corrélée à l’origine dénisovienne. Les Dénisoviens ou Hommes du Denisova représentent une espèce d’Hommes “fossiles” apparentés aux Hommes de Néanderthal. Les Papous sont issus de populations humaines s’étant hybridées avec ces Dénisoviens, peut-être en Asie du Sud-Est, et conservent 3 à 6% de leur génome hérité de leurs ancêtres dénisoviens. Par leur ascendance papoue, les Samoans auraient aussi hérité de quelques portions de génome de Dénisoviens, à un degré moindre.

Variation de l’effectif efficace Ne, représenté ici après une transformation logarithmique, dans la populations des deux îles Savaii (rouge) et Upolu (bleu) en fonction du nombre de générations depuis le présent. Il y a 92 à 96 générations (2 750 à 2 880 ans), l’île d’Upolu est colonisée par des peuples de culture Lapita. Il y a 70 à 90 générations (2 100 à 2 700 ans), les autres îles sont colonisées par de petits groupes isolés. Il y a 50 à 67 générations (1 500 à 2 000 ans), possibles migrations d’individus depuis les îles Carolines. Il y a 33 à 50 générations (1 000 à 1 500 ans), les poteries disparaissent, en même temps qu’un premier goulot d’étranglement majeur sur les îles Samoa. Il y a 27 à 33 générations, les voyages entre archipels du Pacifique s’intensifient. Il y a 17 à 27 générations, des indices montrent une forte activité humaine aux Samoas:développement de chefferies, de monuments, d’infrastructures agricoles en terrasses, etc. Il y a 8 générations (230 ans), arrivée des premiers Européens qui apportent des maladies sur les îles, aboutissant au 2e goulot d’étranglement majeur sur les îles Samoa.

Variation de l’effectif efficace Ne, représenté ici après une transformation logarithmique, dans la populations des deux îles de Savai’i (rouge) et d’Upolu (bleu) en fonction du nombre de générations depuis le présent. La variation de l’effectif efficace est indiquée par une ligne. Cette ligne est comprise dans un polygone qui symbolise son intervalle de confiance à 95%. Les principaux événements historiques supposés sur les îles Samoa sont indiqués par des pictogrammes. Il y a 92 à 96 générations (2 750 à 2 880 ans), l’île d’Upolu est colonisée par des peuples de culture Lapita. Il y a 70 à 90 générations (2 100 à 2 700 ans), les autres îles sont colonisées par de petits groupes isolés. Il y a 50 à 67 générations (1 500 à 2 000 ans), possibles migrations d’individus depuis les îles Carolines (Micronésie). Il y a 33 à 50 générations (1 000 à 1 500 ans), les poteries disparaissent, en même temps qu’un premier goulot d’étranglement majeur sur les îles Samoa. Il y a 27 à 33 générations (800 à 1 000 ans), les voyages entre archipels du Pacifique s’intensifient. Il y a 17 à 27 générations (500 à 800 ans), des indices montrent une forte activité humaine aux Samoa : développement de chefferies, de monuments, d’infrastructures agricoles en terrasses, etc. Il y a 8 générations (230 ans), arrivée des premiers Européens qui apportent des maladies sur les îles, aboutissant au 2e goulot d’étranglement majeur sur les îles Samoa.

Le modèle démographique construit à partir des données génétiques donne des indications sur les changements d’effectif efficace de la population des Samoa. Cet effectif efficace représente l’effectif d’une population théorique qui serait soumise à la même dérive génétique que la population réelle. Les variations de l’effectif efficace sont à mettre en relation avec les événements historiques connus. L’histoire démographique des Samoa commencerait par une période de croissance débutée il y a 100 générations. En considérant un temps intergénérationnel de 30 ans, cela représente environ 3 000 ans. Ce temps est cohérent avec les premiers restes archéologiques et l’apparition de la culture Lapita, connue pour ses poteries décorées. Pendant 70 générations, l’effectif efficace des Samoans serait resté très faible (entre 700 et 3 440 individus), ce qui suggère de petites populations sur les îles Samoa. Cela confirme aussi la faible quantité de sites archéologiques découverts sur les îles Samoa en comparaison des îles Fidji et Tonga qui ont connu une croissance démographique plus précoce.

Alors que l’histoire démographique était jusqu’alors restée similaire entre les deux îles, l’histoire démographique de l’île d’Upolu, qui compte aujourd’hui les villes les plus importantes des Samoa, diverge de celle de Savai’i à partir de 30 à 35 générations avant aujourd’hui, soit il y a 900 à 1 050 ans, après une longue période de goulot d’étranglement (réduction de la taille de la population). Après cette date, la population des Samoa est marquée par une forte période de croissance exponentielle. Ce brusque changement d’effectif efficace suggère un changement démographique important il y a 900 à 1 050 ans. La période du goulot d’étranglement commence après l’arrivée supposée de peuples venus des îles Carolines et/ou de Micronésie. Que s’est-il passé sur cette période ? Y a-t-il eu un remplacement de la population initiale des Samoa par ces nouveaux arrivants ? Les deux populations se sont-elles mélangées ? On manque pour le moment de données susceptibles d’aider à répondre à ces questions, notamment d’ADN ancien qui pourrait être extrait des squelettes des habitants de l’époque.

Beaucoup plus récemment, à la fin de la période de croissance exponentielle, on est capable d’identifier un deuxième goulot d’étranglement il y a environ 10 générations, c’est-à-dire 300 ans. Cela correspond à l’époque des premiers contacts avec les Européens qui ont apporté des maladies auxquelles le système immunitaire des Samoans n’était pas préparé, notamment la rougeole qui se révèle dangereuse lorsque cette maladie virale est contractée à l’âge adulte.

Références de l’article

L’écho des savanes : effets de fondation en série chez le moustique Anopheles gambiae, principal vecteur de la malaria

Les contraintes spatiales sont des facteurs évolutifs importants pour les populations d’êtres vivants. Les phénomènes de migration (échanges d’allèles entre populations) peuvent être réduits par des barrières physiques (océans, routes, etc.) ou des barrières écologiques (environnements défavorables). Par exemple, les moustiques de l’espèce Anopheles gambiae sont rencontrés de l’Ouest à l’Est de l’Afrique sub-saharienne, sur une aire de répartition très large comprenant des fleuves, des montagnes et des mers.

En tant que vecteurs du paludisme, les moustiques représentent par ailleurs encore une menace de santé publique très sérieuse avec plus de 200 millions de malades par an dont environ 500 000 cas mortels. Parmi les nouvelles méthodes de lutte à l’étude, le forçage génétique (‘gene drive’ en anglais) consiste à introduire parmi les populations de moustiques des individus génétiquement modifiés. La modification génétique empêche le moustique de transmettre la maladie et a la capacité de se multiplier dans la population de manière plus rapide qu’une simple transmission mendélienne classique, grâce à la technologie de nucléase site-spécifique de type CRISPR/Cas9. Le déploiement de cette stratégie, encore très controversée, nécessite de mieux comprendre les relations génétiques entre les populations de moustiques en région sub-saharienne.

Moustique femelle de l'espèce Anopheles gambiae, se nourissant de sang humain.

Moustique femelle de l’espèce Anopheles gambiae, se nourrissant de sang humain (Crédit photo : James D. Gathany, Centers for Disease Control and Prevention, Domaine Public).

Les travaux de Hanno Schmidt et de ses collaborateurs des Etats-Unis, de Zambie et des Comores, publiés dans le journal Communications Biology, visent à comprendre l’impact de ces barrière géologiques sur l’évolution génétique des moustiques de l’espèce Anopheles gambiae. Pour atteindre cet objectif, ils ont réalisé le séquençage du génome complet de 111 moustiques échantillonnés de l’Ouest à l’Est de la zone subsaharienne : au Mali, au Cameroun, en Zambie, en Tanzanie et sur les îles de Grande Comore, de Mohéli et d’Anjouan qui constituent les îles principales de l’archipel des Comores.

Les moustiques de chacun de ces pays se regroupent au sein de groupes génétiques distincts. Il est à noter que pour les Comores, ce sont trois groupes génétiques distincts, un pour chaque île, qui sont identifiés. Les distances génétiques entre ces groupes génétiques ne sont pas corrélées aux distances géographiques; le facteur insulaire semble beaucoup plus déterminant : ainsi, la différentiation entre les populations des îles de l’archipel des Comores est plus importante qu’entre les populations du continent, y-compris les plus éloignées (Mali vs Tanzanie).

Dendrogramme basé sur les indices de différentiation FST.

Dendrogramme non enraciné basé sur les valeurs de FST par paires. La longueur des branches est proportionnelle aux valeurs de FST (indice de différentiation). Les couleurs représentent l’origine des moustiques échantillonnés : le Mali (bleu foncé), le Cameroun (bleu turquoise), la Zambie (vert foncé), la Tanzanie (vert clair), l’île de Grande Comore (violet), l’île de Mohéli (orange) et l’île d’Anjouan (rouge). Cet arbre met en avant la proximité génétique des populations du Mali et du Cameroun séparées par des branches courtes et met en relief la forte différentiation génétique des populations des trois îles de l’archipel des Comores, pourtant proches géographiquement. La topologie de l’arbre montre aussi un continuum génétique entre les populations de l’Ouest (Mali, Cameroun) à gauche du graphique et de l’Est (Zambie, Tanzanie, l’ïle de Grande Comore et les deux autres îles majeures de l’archipel) vers la droite de l’arbre.

La taille efficace (taille d’une population idéale soumise aux mêmes niveaux de dérive génétique que la population étudiée) estimée à partir de chaque population suit des trajectoires similaires sur les périodes les plus anciennes, à une époque où toutes les populations n’en formaient qu’une. Puis il y a 200 000 ans, les populations occidentales (Mali et Cameroun) et orientales (les autres populations) africaines se séparent, sachant que la taille efficace des populations orientales baisse. Les estimations montrent ensuite une succession de réduction en cascade de taille efficace, d’abord pour la Tanzanie pour la plus ancienne, puis la Zambie, puis les îles d’Anjouan et de Mohéli et la plus récente, celle de la Grande Comore.

Ces estimations de taille efficace sont bien corrélées avec la diversité génétique des populations : les populations présentant le plus de diversité génétique sont celles de l’Ouest (Mali et Cameroun) tandis qu’à l’Est, les populations des Comores ont le moins de diversité.

Taille efficace

Effets de fondation en série chez Anopheles gambiae. En haut, estimation de la taille efficace de la population en fonction de la période. La barre verticale à gauche représente la période la plus récente (il y a 30 000 ans) pour laquelle l’estimation est disponible pour toutes les populations. Sont aussi représentées les dates de formation géologique des îles de Mohéli, d’Anjouan et de Grande Comore. En bas, boîtes à moustaches représentant la variabilité génétique de chaque population. Le nombre d’individu (n) étudié pour chaque population est précisé. On observe une bonne corrélation entre la taille efficace d’une population et sa variabilité génétique.

Si l’origine de Anopheles gambiae se trouve vers le Mali, où la diversité génétique de cette espèce est maximale, le fait que ces réductions successives de la taille efficace soient corrélées avec l’expansion de la zone de répartition de cette espèce vers l’Afrique orientale suggère des effets de fondation successifs, c’est-à-dire une réduction de la diversité chez une population constituée à partir de l’échantillonnage d’une population originelle. Comme l’écho d’un son s’atténuant après chaque réverbération, la diversité génétique diminue entre chaque effet de fondation.

L’étude a permis de dater ces effets de fondation, mais aussi de proposer des hypothèses quant aux barrière géographiques qui auraient pu les causer. Ainsi, le franchissement du bassin du fleuve Congo, du rift est-africain et du canal du Mozambique ont pu limiter les migrations des populations de moustique et éroder leur diversité génétique au cours des 200 000 dernières années.

Il est intéressant de noter que cette espèce de moustiques aurait atteint l’archipel des Comores, il y a 70 000 ans, bien avant l’établissement permanent des populations humaines sur cet archipel, il y a seulement 1 300 ans. Avant l’arrivée de ces premières populations humaines, les moustiques comoriens auraient eu d’autres hôtes, comme des chauve-souris ou des oiseaux. Ces résultats viennent confirmer de précédentes études suggèrant que les moustiques de l’espèce Anopheles gambiae ne se seraient adaptés pour être capables de se nourrir de sang humain que très récemment, il y a environ 10 000 ans.

Modèle de dispersion de Anopheles gambiae depuis son centre d'origine en Afrique de l'Ouest, jusqu'à l'île de Grande Comore, en passant par la Zambie, la Tanzanie et les îles de Mohéli et d’Anjouan (Comores), au cours des 200 000 dernières années. Chaque région est caractérisée par une population de A. gambiae formée à partir d’un sous-échantillon de la population directement plus occidentale. Par exemple, la population de Tanzanie est formée d’un sous-échantillon de moustiques issus de Zambie. Chaque formation de nouvelle population est le résultat du succès de quelques moustiques à franchir une barrière écologique, par exemple le bassin de la rivière Congo, le rift africain ou le canal de Mozambique. Chaque constitution de nouvelle population par échantillonnage de la précédente s’accompagne d’une perte de diversité, aboutissant à terme à ces effets de fondation en série.

Modèle de dispersion de Anopheles gambiae depuis son centre d’origine en Afrique de l’Ouest, jusqu’à l’île de Grande Comore, en passant par la Zambie, la Tanzanie et les îles de Mohéli et d’Anjouan (Comores), au cours des 200 000 dernières années. Chaque région est caractérisée par une population de A. gambiae formée à partir d’un sous-échantillon de la population directement plus à l’Ouest. Par exemple, la population de Tanzanie est formée d’un sous-échantillon de moustiques issus de Zambie. Chaque formation de population est le résultat du succès de quelques moustiques à franchir une barrière écologique, que ce soit le bassin du fleuve Congo, le rift est-africain ou le canal du Mozambique. Chaque constitution de nouvelle population par échantillonnage de la précédente s’accompagne d’une perte de diversité, aboutissant à terme à ces effets de fondation en série.

Dans un contexte où l’efficacité des stratégies de forçage génétique pour lutter contre le paludisme reste à prouver, les auteurs suggèrent que des tests en situation réelle pourraient être réalisés sur certaines îles des Comores. L’isolement génétique des populations de moustique des îles comoriennes vis-à-vis des autres îles de l’archipel et a fortiori vis-à-vis du continent pourrait offrir des gages de confinement (relatif) pour de telles expériences, avant d’envisager sa généralisation à l’ensemble de l’Afrique ou son abandon, en fonction des résultats.

Références de l’article

Hanno Schmidt, Yoosook Lee, Travis C. Collier, Mark J. Hanemaaijer, Oscar D. Kirstein, Ahmed Ouledi, Mbanga Muleba, Douglas E. Norris, Montgomery Slatkin, Anthony J. Cornel & Gregory C. Lanzaro (2019) Transcontinental dispersal of Anopheles gambiae occurred from West African origin via serial founder events. Communications Biology, 2:473. Publié le 19 décembre 2019

De la percée du cheval persan au ré-étalon-nage à la baisse de la diversité à l’époque moderne : 5 000 ans d’histoire du cheval parcourus au galop

La domestication du cheval a révolutionné les civilisations humaines, aussi bien en terme de moyens de transport, d’échanges commerciaux ou de stratégies de guerre. Les premières traces de traite de jument, de harnachement ou de mise en captivité de cheval remontent à 5 500 ans dans les steppes d’Asie centrale. Cependant, les chevaux concernés ne seraient pas les ancêtres des chevaux modernes (Equus caballus) mais ceux des chevaux de Przewalski (Equus przewalskii). Une part de mystère subsiste quant au lieu de la domestication du cheval moderne : les steppes pontiques (au Sud-Est de l’Europe), l’Anatolie ou la péninsule ibérique ? Une précédente étude suggère aussi que suite à cette domestication, le génome du cheval aurait beaucoup changé au cours des 2 300 dernières années.

Reconstitution d'un cataphractaire sassanide. Les guerres entre les Sassanides (dynastie perse) et les Byzantins au début du IVe siècle auraient contribué à introduire le cheval persan en Europe.

Reconstitution d’un cataphractaire sassanide. Les guerres entre les Sassanides (dynastie perse) et les Byzantins à partir du IVe siècle suivies des invasions arabes auraient contribué à introduire le cheval persan en Europe. Source : John Tremelling, GNU Free Documentation License, Wikimedia.

Antoine Fages, Kristian Hanghøj, Naveed Khan et leurs collaborateurs d’un large consortium international ont cherché à tester ces hypothèses dans un article publié dans le journal Cell, le 30 mai 2019. Ils se sont basés sur sur le génome de 30 chevaux modernes, les génomes anciens obtenus de 129 individus répartis sur les six derniers millénaires, plus des marqueurs génétiques à l’échelle du génome pour 149 autres chevaux fossiles.

Il apparaît ainsi qu’alors que la diversité génétique était restée stable pendant 4 millénaires, celle-ci a baissé de 16% au cours des 200 à 400 dernières années. Cette période coïnciderait avec de forts changements de pratiques d’élevage marqués par une réduction du nombre de chevaux reproducteurs, entraînant une réduction de la taille efficace de la population, c’est-à-dire le nombre d’individus d’une population idéale chez laquelle on observerait un degré de dérive génétique équivalent à celui de la population réelle. Cette réduction n’est pas sans impact : la théorie prédit que les petites populations seraient en effet marquées par une atténuation de la sélection purifiante (sélection contre le maintien des allèles délétères), entraînant l’accumulation d’un fardeau génétique. La comparaison des patrons de sélection sur les sites synonymes et sur les sites non synonymes ainsi que sur ceux classés comme délétères par comparaison avec les variations conservées chez les espèces de Vertébrés a permis de vérifier cet attendu théorique chez les populations de chevaux : le fardeau génétique a bien augmenté chez les chevaux modernes, corrélativement à la perte de diversité. Cette réduction de diversité s’expliquerait par des stratégies drastiques de sélection d’étalons pour la reproduction. La diversité nucléotidique sur le chromosome Y, transmis par les étalons, diminue ainsi, à la fois en Asie et en Europe, au cours des deux derniers millénaires et chute aux niveaux actuels à partir de 850-1 350 de l’ère commune (anciennement appelée période après Jésus-Christ).

Diversité

Évolution de la diversité et du fardeau génétique chez le cheval domestique au cours du temps. En haut, la diversité, évaluée par l’hétérozygotie, chute brusquement chez les chevaux modernes par comparaison aux chevaux anciens. En bas, le fardeau génétique augmente corrélativement à la baisse de diversité, chez les chevaux modernes.

L’étude des relations phylogénétiques entre chevaux anciens et modernes est très informative quant aux échanges survenus les siècles passés. En plus des chevaux domestiques et des chevaux de Przewalski, les échantillons les plus anciens indiquent l’existence de deux autres lignées, aujourd’hui éteintes, de chevaux sauvages, l’une dans la péninsule ibérique, l’autre en Sibérie. Bien que présentes à l’époque de la domestication du cheval domestique, ces deux lignées n’auraient eu qu’une contribution marginale à la diversité des chevaux domestiques modernes, permettant de rejeter l’hypothèse d’un centre de domestication du cheval dans la péninsule ibérique.

En se focalisant sur la phylogénie des chevaux domestiques, on remarque que les poneys Shetlands et les chevaux Islandais modernes se classent à proximité de chevaux anciens du Nord de l’Europe. Ces deux races de chevaux prendraient peut-être leur origine dans les conquêtes vikings des VIIIe-XIe siècles. Le clade formé par ces chevaux est un clade frère de chevaux anciens européens, de la période Gallo-Romaine ou de la Tène (culture archéologique du 2nd Age du fer), traduisant une certaine cohésion génétique des chevaux européens anciens. Les chevaux modernes européens, autres que les poneys Shetlands et les chevaux Islandais, se retrouvent dans un autre clade, qui apparaîtrait en Europe au IXe siècle en Croatie, à une époque où ce fond génétique est encore absent en Europe du Nord. Sachant que cette période correspond à de fréquents raids arabes sur les côtes méditerranéennes et que ce clade correspond aussi à celui de chevaux persans sassanides des IVe et Ve siècles, ces résultats suggèrent une forte influence génétique des chevaux persans en Europe à partir du IXe siècle. Des résultats similaires ont été relevés en Asie avec le remplacement des fonds génétiques pré-existants en Asie centrale et en Mongolie par les chevaux d’origine persane à partir des VIIIe-IXe siècles.

Cet échantillon est aussi une opportunité de comprendre les gènes sélectionnés et par conséquent les caractères qui auraient été recherchés au cours de l’histoire du cheval domestique. Ainsi, la comparaison des fréquences alléliques entre les chevaux anciens asiatiques et européens et les chevaux byzantins de l’époque post-VIIe-IXe siècles, déjà largement marqués par l’introgression des chevaux d’origine persane, montre que les gènes impliqués dans la morpho-anatomie auraient beaucoup évolué sous l’influence des chevaux d’origine persane. Le gène MSTN impliqué dans la vitesse serait aussi un candidat sélectionné chez ces chevaux byzantins d’origine persane. Plus récemment, au cours du dernier millénaire, la sélection d’allèle à ce gène MSTN, mais aussi à deux autres gènes PDK4 et ACN9 connus pour influencer la vitesse des chevaux, confirme que l’accroissement de la vitesse de ses montures a été une préoccupation majeure de l’Homme.

Synthèse de l'histoire démographique du cheval cultivé.

Synthèse de l’histoire démographique du cheval cultivé, publiée dans l’article. Les conquêtes islamiques auraient entraîné une diffusion des chevaux de types persans qui auraient remplacé presque toutes les lignées de chevaux anciens présents en Asie et en Europe.

Références de l’article :

Antoine Fages, Kristian Hanghøj, Naveed Khan, Charleen Gaunitz, Andaine Seguin-Orlando, Michela Leonardi, Christian McCrory Constantz, Cristina Gamba, Khaled A.S. Al-Rasheid, Silvia Albizuri, Ahmed H.Alfarhan, Morten Allentoft, Saleh Alquraishi, David Anthony, Nurbol Baimukhanov, James H. Barrett, Jamsranjav Bayarsaikhan, Norbert Benecke, Eloísa Bernáldez-Sánchez, Luis Berrocal-Rangel, Fereidoun Biglari, Sanne Boessenkool, Bazartseren Boldgiv, Gottfried Brem, Dorcas Brown, Joachim Burger, Eric Crubézy, Linas Daugnora, Hossein Davoudi, Peter de Barros Damgaard, María de los Ángeles de Chorro y de Villa-Ceballos, Sabine Deschler-Erb, Cleia Detry, Nadine Dill, Maria do Mar Oom, Anna Dohr, Sturla Ellingvåg, Diimaajav Erdenebaatar, Homa Fathi, Sabine Felkel, Carlos Fernández-Rodríguez, Esteban García-Viñas, Mietje Germonpré, José D. Granado, Jón H. Hallsson, Helmut Hemmer, Michael Hofreiter, Aleksei Kasparov, Mutalib Khasanov, Roya Khazaeli, Pavel Kosintsev, Kristian Kristiansen, Tabaldiev Kubatbek, Lukas Kuderna, Pavel Kuznetsov, Haeedeh Laleh, Jennifer A. Leonard, Johanna Lhuillier, Corina Liesau von Lettow-Vorbeck, Andrey Logvin, Lembi Lõugas, Arne Ludwig, Cristina Luis, Ana Margarida Arruda, Tomas Marques-Bonet, Raquel Matoso Silva, Victor Merz, Enkhbayar Mijiddorj, Bryan K. Miller, Oleg Monchalov, Fatemeh A. Mohaseb, Arturo Morales, Ariadna Nieto-Espinet, Heidi Nistelberger, Vedat Onar, Albína H. Pálsdóttir, Vladimir Pitulko, Konstantin Pitskhelauri, Mélanie Pruvost, Petra Rajic Sikanjic, Anita Rapan Papeša, Natalia Roslyakova, Alireza Sardari, Eberhard Sauer, Renate Schafberg, Amelie Scheu, Jörg Schibler, Angela Schlumbaum, Nathalie Serrand, Aitor Serres-Armero, Beth Shapiro, Shiva Sheikhi Seno, Irina Shevnina, Sonia Shidrang, John Southon, Bastiaan Star, Naomi Sykes, Kamal Taheri, William Taylor, Wolf-Rüdiger Teegen, Tajana Trbojević Vukičević, Simon Trixl, Dashzeveg Tumen, Sainbileg Undrakhbold, Emma Usmanova, Ali Vahdati, Silvia Valenzuela-Lamas, Catarina Viegas, Barbara Wallner, Jaco Weinstock, Victor Zaibert, Benoit Clavel, Sébastien Lepetz, Marjan Mashkour, Agnar Helgason, Kári Stefánsson, Eric Barrey, Eske Willerslev, Alan K. Outram, Pablo Librado, Ludovic Orlando (2019) Tracking Five Millennia of Horse Management with Extensive Ancient Genome Time Series. Cell, 177(6) :1419-1435.e31. Publié le 30 mai 2019