De la percée du cheval persan au ré-étalon-nage à la baisse de la diversité à l’époque moderne : 5 000 ans d’histoire du cheval parcourus au galop

La domestication du cheval a révolutionné les civilisations humaines, aussi bien en terme de moyens de transport, d’échanges commerciaux ou de stratégies de guerre. Les premières traces de traite de jument, de harnachement ou de mise en captivité de cheval remontent à 5 500 ans dans les steppes d’Asie centrale. Cependant, les chevaux concernés ne seraient pas les ancêtres des chevaux modernes (Equus caballus) mais ceux des chevaux de Przewalski (Equus przewalskii). Une part de mystère subsiste quant au lieu de la domestication du cheval moderne : les steppes pontiques (au Sud-Est de l’Europe), l’Anatolie ou la péninsule ibérique ? Une précédente étude suggère aussi que suite à cette domestication, le génome du cheval aurait beaucoup changé au cours des 2 300 dernières années.

Reconstitution d'un cataphractaire sassanide. Les guerres entre les Sassanides (dynastie perse) et les Byzantins au début du IVe siècle auraient contribué à introduire le cheval persan en Europe.

Reconstitution d’un cataphractaire sassanide. Les guerres entre les Sassanides (dynastie perse) et les Byzantins à partir du IVe siècle suivies des invasions arabes auraient contribué à introduire le cheval persan en Europe. Source : John Tremelling, GNU Free Documentation License, Wikimedia.

Antoine Fages, Kristian Hanghøj, Naveed Khan et leurs collaborateurs d’un large consortium international ont cherché à tester ces hypothèses dans un article publié dans le journal Cell, le 30 mai 2019. Ils se sont basés sur sur le génome de 30 chevaux modernes, les génomes anciens obtenus de 129 individus répartis sur les six derniers millénaires, plus des marqueurs génétiques à l’échelle du génome pour 149 autres chevaux fossiles.

Il apparaît ainsi qu’alors que la diversité génétique était restée stable pendant 4 millénaires, celle-ci a baissé de 16% au cours des 200 à 400 dernières années. Cette période coïnciderait avec de forts changements de pratiques d’élevage marqués par une réduction du nombre de chevaux reproducteurs, entraînant une réduction de la taille efficace de la population, c’est-à-dire le nombre d’individus d’une population idéale chez laquelle on observerait un degré de dérive génétique équivalent à celui de la population réelle. Cette réduction n’est pas sans impact : la théorie prédit que les petites populations seraient en effet marquées par une atténuation de la sélection purifiante (sélection contre le maintien des allèles délétères), entraînant l’accumulation d’un fardeau génétique. La comparaison des patrons de sélection sur les sites synonymes et sur les sites non synonymes ainsi que sur ceux classés comme délétères par comparaison avec les variations conservées chez les espèces de Vertébrés a permis de vérifier cet attendu théorique chez les populations de chevaux : le fardeau génétique a bien augmenté chez les chevaux modernes, corrélativement à la perte de diversité. Cette réduction de diversité s’expliquerait par des stratégies drastiques de sélection d’étalons pour la reproduction. La diversité nucléotidique sur le chromosome Y, transmis par les étalons, diminue ainsi, à la fois en Asie et en Europe, au cours des deux derniers millénaires et chute aux niveaux actuels à partir de 850-1 350 de l’ère commune (anciennement appelée période après Jésus-Christ).

Diversité

Évolution de la diversité et du fardeau génétique chez le cheval domestique au cours du temps. En haut, la diversité, évaluée par l’hétérozygotie, chute brusquement chez les chevaux modernes par comparaison aux chevaux anciens. En bas, le fardeau génétique augmente corrélativement à la baisse de diversité, chez les chevaux modernes.

L’étude des relations phylogénétiques entre chevaux anciens et modernes est très informative quant aux échanges survenus les siècles passés. En plus des chevaux domestiques et des chevaux de Przewalski, les échantillons les plus anciens indiquent l’existence de deux autres lignées, aujourd’hui éteintes, de chevaux sauvages, l’une dans la péninsule ibérique, l’autre en Sibérie. Bien que présentes à l’époque de la domestication du cheval domestique, ces deux lignées n’auraient eu qu’une contribution marginale à la diversité des chevaux domestiques modernes, permettant de rejeter l’hypothèse d’un centre de domestication du cheval dans la péninsule ibérique.

En se focalisant sur la phylogénie des chevaux domestiques, on remarque que les poneys Shetlands et les chevaux Islandais modernes se classent à proximité de chevaux anciens du Nord de l’Europe. Ces deux races de chevaux prendraient peut-être leur origine dans les conquêtes vikings des VIIIe-XIe siècles. Le clade formé par ces chevaux est un clade frère de chevaux anciens européens, de la période Gallo-Romaine ou de la Tène (culture archéologique du 2nd Age du fer), traduisant une certaine cohésion génétique des chevaux européens anciens. Les chevaux modernes européens, autres que les poneys Shetlands et les chevaux Islandais, se retrouvent dans un autre clade, qui apparaîtrait en Europe au IXe siècle en Croatie, à une époque où ce fond génétique est encore absent en Europe du Nord. Sachant que cette période correspond à de fréquents raids arabes sur les côtes méditerranéennes et que ce clade correspond aussi à celui de chevaux persans sassanides des IVe et Ve siècles, ces résultats suggèrent une forte influence génétique des chevaux persans en Europe à partir du IXe siècle. Des résultats similaires ont été relevés en Asie avec le remplacement des fonds génétiques pré-existants en Asie centrale et en Mongolie par les chevaux d’origine persane à partir des VIIIe-IXe siècles.

Cet échantillon est aussi une opportunité de comprendre les gènes sélectionnés et par conséquent les caractères qui auraient été recherchés au cours de l’histoire du cheval domestique. Ainsi, la comparaison des fréquences alléliques entre les chevaux anciens asiatiques et européens et les chevaux byzantins de l’époque post-VIIe-IXe siècles, déjà largement marqués par l’introgression des chevaux d’origine persane, montre que les gènes impliqués dans la morpho-anatomie auraient beaucoup évolué sous l’influence des chevaux d’origine persane. Le gène MSTN impliqué dans la vitesse serait aussi un candidat sélectionné chez ces chevaux byzantins d’origine persane. Plus récemment, au cours du dernier millénaire, la sélection d’allèle à ce gène MSTN, mais aussi à deux autres gènes PDK4 et ACN9 connus pour influencer la vitesse des chevaux, confirme que l’accroissement de la vitesse de ses montures a été une préoccupation majeure de l’Homme.

Synthèse de l'histoire démographique du cheval cultivé.

Synthèse de l’histoire démographique du cheval cultivé, publiée dans l’article. Les conquêtes islamiques auraient entraîné une diffusion des chevaux de types persans qui auraient remplacé presque toutes les lignées de chevaux anciens présents en Asie et en Europe.

Références de l’article :

Antoine Fages, Kristian Hanghøj, Naveed Khan, Charleen Gaunitz, Andaine Seguin-Orlando, Michela Leonardi, Christian McCrory Constantz, Cristina Gamba, Khaled A.S. Al-Rasheid, Silvia Albizuri, Ahmed H.Alfarhan, Morten Allentoft, Saleh Alquraishi, David Anthony, Nurbol Baimukhanov, James H. Barrett, Jamsranjav Bayarsaikhan, Norbert Benecke, Eloísa Bernáldez-Sánchez, Luis Berrocal-Rangel, Fereidoun Biglari, Sanne Boessenkool, Bazartseren Boldgiv, Gottfried Brem, Dorcas Brown, Joachim Burger, Eric Crubézy, Linas Daugnora, Hossein Davoudi, Peter de Barros Damgaard, María de los Ángeles de Chorro y de Villa-Ceballos, Sabine Deschler-Erb, Cleia Detry, Nadine Dill, Maria do Mar Oom, Anna Dohr, Sturla Ellingvåg, Diimaajav Erdenebaatar, Homa Fathi, Sabine Felkel, Carlos Fernández-Rodríguez, Esteban García-Viñas, Mietje Germonpré, José D. Granado, Jón H. Hallsson, Helmut Hemmer, Michael Hofreiter, Aleksei Kasparov, Mutalib Khasanov, Roya Khazaeli, Pavel Kosintsev, Kristian Kristiansen, Tabaldiev Kubatbek, Lukas Kuderna, Pavel Kuznetsov, Haeedeh Laleh, Jennifer A. Leonard, Johanna Lhuillier, Corina Liesau von Lettow-Vorbeck, Andrey Logvin, Lembi Lõugas, Arne Ludwig, Cristina Luis, Ana Margarida Arruda, Tomas Marques-Bonet, Raquel Matoso Silva, Victor Merz, Enkhbayar Mijiddorj, Bryan K. Miller, Oleg Monchalov, Fatemeh A. Mohaseb, Arturo Morales, Ariadna Nieto-Espinet, Heidi Nistelberger, Vedat Onar, Albína H. Pálsdóttir, Vladimir Pitulko, Konstantin Pitskhelauri, Mélanie Pruvost, Petra Rajic Sikanjic, Anita Rapan Papeša, Natalia Roslyakova, Alireza Sardari, Eberhard Sauer, Renate Schafberg, Amelie Scheu, Jörg Schibler, Angela Schlumbaum, Nathalie Serrand, Aitor Serres-Armero, Beth Shapiro, Shiva Sheikhi Seno, Irina Shevnina, Sonia Shidrang, John Southon, Bastiaan Star, Naomi Sykes, Kamal Taheri, William Taylor, Wolf-Rüdiger Teegen, Tajana Trbojević Vukičević, Simon Trixl, Dashzeveg Tumen, Sainbileg Undrakhbold, Emma Usmanova, Ali Vahdati, Silvia Valenzuela-Lamas, Catarina Viegas, Barbara Wallner, Jaco Weinstock, Victor Zaibert, Benoit Clavel, Sébastien Lepetz, Marjan Mashkour, Agnar Helgason, Kári Stefánsson, Eric Barrey, Eske Willerslev, Alan K. Outram, Pablo Librado, Ludovic Orlando (2019) Tracking Five Millennia of Horse Management with Extensive Ancient Genome Time Series. Cell, 177(6) :1419-1435.e31. Publié le 30 mai 2019

Voyage aux racines du canard fertile : comprendre la domestication de l’igname en Afrique subsaharienne

L’étude des centres de domestication permet de comprendre l’émergence des premières sociétés agricoles. Parmi les centres de domestication, le Croissant Fertile est le plus documenté alors que l’histoire de la domestication des plantes est plus incertaine en Afrique sub-saharienne. Une répartition étendue de la domestication allant du Sénégal à la Somalie a tout d’abord été proposée. Mais de récents travaux sur les centres de domestication du mil (Cenchrus americanus) domestiqué dans le nord du Mali et en Mauritanie, et le riz africain (Oryza glaberrima) domestiqué au Mali, semblent plutôt témoigner d’un centre de domestication plus restreint, dans le bassin de la rivière Niger.

L’article de Nora Scarcelli et ses collaborateurs, au sein d’un collectif de Français, Nigérians, Béninois et Camerounais paru le 1er mai 2019 dans la revue Science Advances tente de tester cette hypothèse de domestication localisée, sur une troisième espèce emblématique de l’Afrique sub-saharienne et gage de sécurité alimentaire dans la région : l’igname (Dioscorea rotundata), dont on consomme le tubercule. Cette espèce, principalement cultivée dans la « ceinture de l’igname » (Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Bénin, Nigéria, Cameroun) possède deux espèces sauvages apparentées : D. abyssinica qui pousse dans la savane et D. praehensilis qui pousse dans la forêt.

Tubercules de l'igname cultivé Dioscorea rotundata (A), de l'igname sauvage de la savane D. abyssinica (B) et de l'igname sauvage de la forêt D. praehensilis (C)

Tubercules de l’igname cultivé Dioscorea rotundata (A), de l’igname sauvage de la savane D. abyssinica (B) et de l’igname sauvage de la forêt D. praehensilis (C)

Le génome entier de 86 ignames cultivés et de 34 et 47 ignames sauvages des deux espèces respectivement citées ci-dessus a été reséquencé dans le but de préciser le parent sauvage direct et le lieu de domestication. L’analyse en composantes principales (ACP) réalisée sur les Single Nucleotide Polymorphism (SNP) ou substitutions nucléotidiques montre une structure des populations en 4 groupes correspondant à une subdivision selon les trois espèces et une subdivision supplémentaire de l’espèce D. praehensilis en deux groupes selon l’origine géographique des accessions : Cameroun ou un origine plus à l’ouest.

Structure des populations des ignames.

Structure des populations des trois espèces d’igname. A. Analyse en composantes principales (ACP) réalisée à partir des SNPs des accessions d’igname. L’ACP vise à représenter de la façon la plus discriminante, sur un seul plan, la variabilité génétique de l’échantillon. Chaque accession est représentée par un point. Deux points proches représentent généralement des accessions proches génétiquement. B. Pourcentage d’assignation (en ordonnée) de chacune des accessions (en abscisse) à l’un des quatre groupes génétiques définies a posteriori sur la base des marqueurs SNPs. C. Représentation géographique du pourcentage d’assignation chez les ignames sauvages. Rouge : D. rotundata; Vert : D. abyssinica; Bleu clair : groupe camerounais de D. praehensilis; Bleu foncé : groupe ouest de D. praehensilis.

Cette connaissance de la structure des populations a servi de base à la modélisation de l’histoire démographique de la domestication de l’igname. Après avoir testé différents modèles de relations entre les quatre groupes génétiques et leur adéquation avec les données génomiques observées, le modèle le plus vraisemblable appuie le scénario suivant : D. abyssinica aurait divergé en premier, suivi du groupe camerounais de D. praehensilis. L’igname cultivé aurait donc été domestiqué depuis le groupe Ouest de D. praehensilis, probablement dans une région comprise entre l’est du Ghana et l’ouest du Nigéria en longitude et depuis le Golfe de Guinée au sud du Niger en latitude. Le modèle permet aussi de prédire que l’igname cultivé a connu une large augmentation de sa taille efficace, il y a 2000 générations environ, qui correspondrait à l’élargissement de la zone de culture post-domestication, et une forte diminution de la taille efficace il y a environ 400 générations, qui pourrait correspondre à l’introduction par les Européens d’espèces non-africaines (maïs, manioc) qui sont rentrées en concurrence avec l’igname.

ffefrre

Modélisation de la domestication de l’igname. A. Modèle démographique montrant les événements de divergence entre les quatre groupes génétiques. B. Origine géographique supposée de la domestication de l’igname représentée en fonction de la distribution a posteriori de la latitude et de la longitude après un modèle de type approximate Bayesian spatial. C. Changements de taille efficace de la population d’igname cultivé au cours des dernières 400 000 générations.

La recherche de régions génomiques peu diverses chez l’igname cultivé comparativement à son apparenté sauvage et/ou fortement différenciées (fort FST) entre ces deux groupes a permis d’identifier des signatures de sélection (patrons de polymorphisme témoignant d’événements de sélection passée). Parmi les gènes montrant des signatures de sélection, des gènes impliqués dans la régulation du stress pourraient avoir été sélectionnés au cours de la domestication lors du changement d’un habitat de type forestier vers des milieux agraires ouverts. Caractère majeur du syndrome de domestication chez l’igname, la transformation pendant la domestication d’une racine fibreuse à une racine tubérisée large et riche en amidon est en accord avec la mise en évidence de sélection de gènes de développement de la racine et de synthèse de l’amidon.

Cet article montre ainsi que, comme le Croissant Fertile au Proche-Orient, l’Afrique subsaharienne a connu un centre de domestication localisé dans le bassin de la rivière Niger où le mil, le riz africain et l’igname auraient été domestiqués. Si la forme du centre de domestication au Proche-Orient évoque un “croissant”, le centre de domestication identifié en Afrique subsaharienne évoque aux auteurs de l’article l’image d’un “canard”, non sans une touche d’humour. L’avenir dira si le concept du Canard Fertile trouvera sa place dans les concepts de base de la domestication.

Référence de l’article :

Nora Scarcelli, Philippe Cubry, Roland Akakpo, Anne-Céline Thuillet, Jude Obidiegwu, Mohamed N. Baco, Emmanuel Otoo, Bonaventure Sonké, Alexandre Dansi, Gustave Djedatin, Cédric Mariac, Marie Couderc, Sandrine Causse, Karine Alix, Hâna Chaïr, Olivier François, Yves Vigouroux (2019) Yam genomics supports West Africa as a major cradle of crop domestication. Science Advances. 5: eaaw1947 . Publié le 1er mai 2019.

Des sangliers un peu cochons : hybridations entre cochons et sangliers en Europe

Hybride mâle entre un cochon et un sanglier (source Miguel Tremblay, Wikipedia, CC0 1.0)

Hybride mâle entre un cochon et un sanglier (crédit : Miguel Tremblay, Wikipedia, CC0 1.0)

Avec environ quatre millions d’individus, le sanglier (Sus scrofa) est le deuxième ongulé le plus fréquent en Europe. Son histoire est intimement liée à celle de son apparenté domestiqué, le cochon (Sus scrofa domesticus). De nombreux flux de gènes entre cochons et sangliers se sont déroulés depuis la domestication, à la fois en Asie et en Europe. Une étude récente par Laura Iacolina et ses collaborateurs a récemment été publiée dans le journal Scientific Reports pour tenter de mieux documenter ces cas récents d’hybridations entre cochons et sangliers en Europe.

C’est ainsi un large échantillon de 292 sangliers d’Europe et 16 sangliers du Proche Orient ainsi que 44 races commerciales et 255 races locales de cochons qui ont été caractérisés pour 47 148 marqueurs moléculaires de type Single Nucleotide Polymorphisms.

Au total, 11,4% des sangliers étudiés montraient des traces génétiques d’hybridations avec le cochon, avec des disparités importantes selon les pays, entre 0% (péninsule ibérique, Italie, Europe orientale) et 89% (Autriche). Ces flux de gènes ont été facilités par le fait que les élevages de cochons enclos ne se sont généralisés qu’à partir des XVIIe et XVIIIe siècles tout d’abord en Angleterre. Aujourd’hui, les flux de gènes sont néanmoins encore possibles mais montrent une disparité en fonction des systèmes d’élevage. Dans le Nord-Ouest de l’Europe, ces flux de gènes dépendraient largement de sangliers mis en élevage, relâchés ou échappés, sachant que les sangliers en élevage sont généralement des hybrides, à croissance plus rapide que les sangliers purs. Dans d’autres régions d’Europe, comme la Sardaigne ou la Roumanie, ce sont plutôt les élevages de cochons en liberté ou semi-liberté qui expliquent ces flux de gènes.

Les conséquences évolutives de ces introgressions du cochon cultivé dans le génome du sanglier sont encore à préciser. Elles devraient théoriquement conduire à une mal-adaptation et devraient être contre-sélectionnées. Toutefois, certains caractères cultivés pourraient s’avérer avantageux dans un environnement naturel, par exemple un taux de reproduction élevé. Il est d’autant plus important de tester cette hypothèse que les populations de sangliers sont en recrudescence, représentant un péril économique pour l’agriculture ou écologique pour les autres espèces sauvages. Du côté du sanglier, ces phénomènes d’introgression représentent aussi un risque de transmission de maladies cloisonnées jusqu’à présent aux cochons domestiques mais qui pourraient d’autant plus facilement s’étendre aux sangliers que ceux-ci deviennent de plus en plus cochons !

Références de l’article :

Iacolina, Pertoldi, Amills, Kusza, Megens, Bâlteanu, Bakan, Cubric-Curic, Oja, Saarma, Scandura, Šprem, Stronen (2018) Hotspots of recent hybridization between pigs and wild boars in Europe. Scientific Reports. 8: 17 372. Publié le 26 novembre 2018.

Les couleurs

Structure des populations entre cochons domestiques (DP) et sangliers (WB). L’abscisse correspond aux individus étudiés classés en fonction de leur caractéristique domestique/sauvage et de leur origine géographique. L’ordonnée correspond à la part du génome qui proviendrait des deux populations ancestrales. Les populations ancestrales correspondent à une population théorique pure de sangliers (représentée en rouge) ou de cochons domestiques (représentée en bleu). Ainsi, les individus “purs” sont attribués à 100% à l’une ou l’autre de ces populations. Les individus hybrides entre ces populations ancestrales possèdent une portion du génome attribuée à la population ancestrale “sanglier” et une portion attribuée à la population ancestrale “cochon”. Bal : Balkans, Car : Carpates, CE : Europe Centre-Est, CN : Europe Centre-Nord, Com : Commercial, CW : Europe Centre-Ouest, Ibe : péninsule ibérique, Ita : Italie, CNE : Europe Centre-Nord-Est, NE : Proche-Orient, Sar : Sardaigne