Chronique des Atterrés parue dans L’Âge de faire, septembre 2015.
Chaque année, c’est presque une tradition, les agriculteurs manifestent. Les analyses de ces crises à répétition proposées par la presse fluctuent entre le compassionnel (voyez cette famille qui croule sous les charges) et la recherche de commodes boucs émissaires (haro sur les grandes surfaces). Très peu s’interrogent sur les causes profondes de ces crises.
À l’origine, la politique agricole commune visait à garantir les prix auxquels les agriculteurs pouvaient vendre leur production. Elle n’était pas exempte de défauts : elle ne prenait pas en compte la qualité de la production et poussait au productivisme. Mais elle avait aussi un avantage : les agriculteurs n’avaient pas à s’inquiéter de leurs revenus futurs. Ils pouvaient ainsi investir et prévoir leurs recettes en étant certains d’obtenir un prix décent pour leur production. Continuer la lecture