Josiane Ceret, dite Josie, reçut un objet insolite dans sa boîte aux lettres, le 3 février 1978, à son domicile parisien, dans le xvie arrondissement. Une tête de mort en plastique (11 x 7 cm) lui fut envoyée anonymement par des opposants à l’avortement. Ceux-ci étaient très actifs en France dans les années 70, généralement pilotés par les mouvements intégristes américains .
Josie Céret s’engagea dès 1973 pour la légalisation de l’avortement, au sein du MLAC (Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et la Contraception), entamant ainsi une longue période de militantisme d’une quarantaine d’années.
Outre cette tête de mort, la boîte d’archives, donnée par cette militante à l’université d’Angers, contient aussi une canule de Karman (du nom de son inventeur américain, Harvey Karman), qui permettait au MLAC de pratiquer des avortements gratuits en ambulatoire et en toute sécurité, par aspiration. Arrivé en France en avril 1973, cet objet devint un instrument de lutte et de libération pour les femmes. D’abord pratiqués par les seuls médecins, les avortements furent ensuite rapidement effectués par des militantes féministes formées, à leur demande.
Ne manquez pas de consulter, à la BU d’Angers, ce petit fonds d’archives original, qui témoigne également du militantisme actuel de Josie Céret au sein de la C.A.D.A.C. (Coordination des Associations pour le Droit à l’Avortement et la Contraception), du C.N.D.F. (Collectif National des Droits des Femmes), ainsi que de l’Association Droits des Femmes du xxe (Paris), qui s’occupe plus particulièrement des violences faites aux femmes. Cette dernière association a obtenu, avec l’aide d’un collectif (partis, syndicats, associations), la réouverture du centre d’interruption de grossesse de l’hôpital Tenon à Paris.
Pour Josiane Céret, en matière de droit des femmes, rien n’est jamais acquis définitivement.