Quand les poètes de Rochefort étaient des femmes

Le Printemps des poètes, qui s’est déroulé du 8 au 21 mars 2010 sur le thème Couleur femme, fut l’occasion de découvrir ou de redécouvrir des femmes poètes ayant publié à Rochefort : Jacqueline Allan-Dastros, Thérèse Aubray, Christiane Burucoa, Yanette Delétang-Tardif, Marie-Madeleine Machet ou Hélène Morange.

On connaît peu l’Ecole poétique de Rochefort, même si ces poésies figurent dans les manuels scolaires des élèves français. Né pendant la Seconde Guerre mondiale, en zone occupée, il s’agit pourtant du second mouvement poétique français du XXe siècle après le mouvement surréaliste. Fondé en 1941 par Jean Bouhier et le peintre Pierre Penon, ce groupe rallia rapidement des figures comme René-Guy Cadou (« compagnon de la première heure »), Michel Manoll, Marcel Béalu, Jean Rousselot, Luc Bérimont, Yanette Delétang-Tardif, Gabriel Audisio, et une soixantaine d’autres par la suite.

Ce mouvement rassembla à Rochefort-sur-Loire des poètes dispersés par la guerre (et souvent prisonniers) et réaffirma la liberté première de la poésie à une période où la presse était bâillonnée et censurée. Il s’agissait aussi de profiter de la désorganisation des circuits de distribution littéraire et de la raréfaction des moyens d’édition pour sauver la poésie qui pouvait enfin exister en province. Ce renouveau poétique, post-surréaliste, n’est pas aisé à caractériser : il proposait un nouvel humanisme, basé sur la fraternité, le droit individuel à la parole, le besoin d’être immédiatement compris des lecteurs, un pacifisme forcené mais sans engagement politique précis, la poésie étant, par elle-même, acte de résistance. En se réappropriant un lexique quotidien, il jetait les fondements d’une nouvelle écriture. Dans le manifeste figurant sur le premier « Cahier de l’Ecole de Rochefort », est précisé que tous les jeunes « sincères, humains et violemment enthousiastes » pouvaient participer à ce mouvement qui dura une vingtaine d’années.

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