La BU d’Angers Lettres/sciences (site de Belle-Beille) ferme à la mi-décembre 2025, pour une complète reconfiguration des espaces. Les travaux dureront jusqu’en 2027.
Nous disons « au revoir » au cabinet de curiosités, qui pourra retrouver sa place à l’achèvement des travaux. La communication des archives littéraires sera également suspendue jusqu’à cette date. Quelques fonds du Centre des Archives du Féminisme resteront accessibles sur le site de Saint-Serge (nous consulter).
Nous continuerons cependant à alimenter ce blog, en fonction de l’avancement du traitement des fonds patrimoniaux.
La diversité des langues humaines, à la fois richesse culturelle et ferment de divisions entre les peuples, ne cesse de fasciner. Les premières civilisations ont tenté de comprendre cette pluralité et de l’expliquer par des récits fondateurs. Le mythe le plus fameux est le récit biblique de la Tour de Babel, une construction monumentale qui permet aux hommes – unis par une même langue – de monter à l’assaut du ciel et de défier Dieu, jusqu’à ce qu’ils soient punis par la confusion des langues et la dispersion.
Pendant plusieurs siècles, les populations européennes intégrées à l’empire romain furent fédérées par une langue de culture commune, le grec (en Orient) ou le latin (en Occident). Mais la chute de l’empire d’Occident, au Ve siècle, conduisit à un éclatement culturel et linguistique irrémédiable. Hantés par la nostalgie de l’unité linguistique perdue, les savants européens auront à cœur, tout au long du Moyen Âge et de l’époque moderne, de perpétuer l’usage des langues anciennes fondatrices de la civilisation et de la culture chrétienne.
Le fonds poétique Serge Brindeau (R 220 000) contient des manuscrits, de la correspondance avec des auteurs et éditeurs, des documents de travail et de la documentation, ainsi que des éléments biographiques : tous ces éléments permettent de situer l’activité de Serge Brindeau en tant que critique littéraire mais aussi en tant que poète lui-même, très influencé par l’École de Rochefort. Il a d’ailleurs tenu des correspondances avec divers poètes de cette école comme Edmond Humeau.
Portrait dessiné de Serge Brindeau par le poète Jean l’Anselme (R 220 104)
Un stage de M2 SIB à la bibliothèque universitaire d’Angers effectué au printemps 2025 a permis d’intégrer au fonds les suppléments donnés à la BUA en 2014 par Véronique Brindeau, fille du poète. En plus des manuscrits et tapuscrits de Serge Brindeau contenant des poèmes, des articles critiques sur des poètes ou des interventions dans des colloques, les suppléments incluent de nombreux documents rassemblés après la mort de Serge en 1997 par sa femme Paule Brindeau dans le cadre d’hommages et rencontres poétiques en son honneur, ainsi qu’un dossier de manuscrits liés à la publication du recueil posthume Un poème vient au monde (2007).
De nombreux documents audiovisuels (cassettes audio et vidéo, bandes magnétiques) ont également été intégrés, et en particulier des enregistrements d’émissions poétiques animées par Serge Brindeau sur la radio libre Radio-Paris-Île-de-France. Des éléments de sa vie personnelle ont aussi été retrouvés : papiers d’identité, diplômes scolaires, travaux universitaire… En plus de ses activités poétiques, Serge Brindeau s’est essayé au théâtre, aspect méconnu de sa carrière, et il s’est aussi intéressé à la politique, activités bien représentées dans le fonds.
Tapuscrit annoté de Coquecigrue, pièce de théâtre écrite par Serge Brindeau (R 220 164)
Les documents ajoutés au fonds permettent de rendre compte de l’évolution de la poésie de Serge au cours des années, notamment son intérêt pour la poésie internationale : par exemple, on remarque qu’il s’est fasciné pour la poésie japonaise à la fin de sa vie, comme le montre le poème sans-titre ci-dessous, dédié à Véronique Brindeau. Fascination qui a marqué son entourage : le poète Laurent Desvoux-d’Yrek a écrit en 2007 un recueil en hommage à Serge Brindeau constitué à partir de « palimpsestes » de son recueil de haïkus D’un Bois de Paulownia (1990), disponible à la BUA.
Haïku manuscrit dédié à Véronique Brindeau, accompagné de notes d’écritures de Serge (R 220 152)
Dédicace de Serge Brindeau à Laurent Desvoux-d’Irek et palimpsestes de ce dernier (R 220 159)
Plusieurs documents liés aux activités de critique de Serge ont aussi été ajoutés au fonds, témoignant de son engagement en faveur de la diffusion de la poésie à travers la participation à des événements poétiques et colloques. Cet engagement s’étendait aussi au-delà de la France : le fonds contient plusieurs documents liés au voyage de Serge Brindeau à Struga (Macédoine du Nord, ex-Yougoslavie) à l’occasion des fameuses Soirées Poétiques de Struga, en 1982, un prestigieux festival de poésie réunissant des poètes du monde entier ; en plus des documents liés à l’organisation du festival de poésie (programme, cartons d’invitation…), on a retrouvé un billet d’avion et même un bon pour un cocktail.
Lettre d’invitation et documentation de voyage de Serge Brindeau pour les soirées poétiques de Struga en 1982 (R 220 118)
Un autre aspect intéressant de l’activité de Serge Brindeau est sa volonté d’enseigner l’écriture de la poésie : enseignant de philosophie dans le secondaire, en particulier au lycée Albert Schweitzer du Raincy (Seine-Saint-Denis), il souhaitait en parallèle insuffler sa passion de la poésie à ses élèves. Il était aussi régulièrement contacté pour participer à des activités ludiques avec des élèves d’écoles primaires ou de collèges, comme le montrent ces trois recueils artisanaux confectionnés par des élèves et leurs enseignants (voir photo ci-dessous).
Travaux d’élèves et correspondance envoyés à Serge Brindeau (R 220 119)
À la mort de Serge Brindeau, de nombreux poètes qu’il a fréquentés ont participé à des hommages en son honneur, culminant en 2007 avec l’inauguration d’une rue Serge Brindeau au Mans. Les importants dossiers de documentation réunis par Paule Brindeau témoignent de l’ampleur de ce mouvement et de sa volonté de préserver la mémoire du poète. Les manuscrits et archives de Serge Brindeau nous permettent en quelque sorte d’entrer dans la vie poétique de son époque, à travers les liens tissés par le poète, sa participation aux débats et aux associations poétiques, et sa fascination pour tous les mouvements et genres de poésie.
En juin 2025, les documents du supplément ont été ajoutés à l’inventaire du fonds, rédigé à l’origine en 2000 par Estelle Derieux (étudiante en archivistique). Enfin, un travail de catalogage des livres donnés par Paule et Véronique Brindeau, incluant des livres dédicacés ou des ouvrages de poésie rares et illustrés (dont certains ne sont présents dans aucune autre bibliothèque de France), a aussi été mené en continuation du travail effectué par Florian Beaupérin (M1 SIB) en décembre 2024.
L’exploration des archives de Jean Laugier (1924-2006), à l’occasion du traitement d’un supplément donné à la BU d’Angers en 2024, a permis de redécouvrir un pan de la vie de l’auteur peu mis en valeur jusque-là : Jean Laugier, homme de théâtre.
Jean Laugier s’est senti une vocation littéraire dès sa jeunesse, en se tournant aussi bien vers la poésie que vers le théâtre, un genre qu’il n’abandonnera jamais complètement mais qui passera au second plan derrière la poésie à partir des années 1970.
Il rêvait d’être un auteur dramatique reconnu : dans les faits, ses pièces ont été peu jouées et plutôt dans des petites salles, Laugier devant même créer sa propre compagnie pour faire représenter Buldor en 1969. Il continua néanmoins à écrire du théâtre dans les années 1960, un pan de sa création littéraire dont il fit le bilan dans sa conférence « Mon théâtre et ses miroirs » (1980, publiée en 1985).
Exposition à la BU de Belle-Beille, 27 février-22 juin 2025
Réalisée par l’AFEMUSE, avec le concours de plusieurs centres de ressources féministes
Au fil du temps, la rue est de plus en plus investie, par les femmes en général, et par les féministes en particulier. Elles y prennent la parole et, dans le même élan, prennent la rue. Cette « prise » est subversive : à la fois contre – la violence, l’exploitation et l’oppression –, mais surtout pour – la justice, l’égalité et, par là même, des droits. Marches et manifestations pour le droit de vote, droit à disposer librement de son corps, pour un travail et un salaire décents, pour la reconnaissance et la dignité : l’exposition donne à voir la vivacité de ces mobilisations, avec leurs voix, leurs gestes, leurs chants, leur diffusion et leur médiatisation.
Riche de plus de 300 œuvres et de documents très divers, l’exposition couvre une histoire vaste, de la Révolution française à nos jours. Si le cadre géographique principal est français, elle décrit aussi des circulations, des échos, des influences à l’échelle internationale. Partout, la rue s’impose comme un espace privilégié de la libération des femmes.
Florian Beaupérin, stagiaire de Master 1 « Sciences de l’information et des bibliothèques » en novembre-décembre 2024, a pris en charge le tri et le début du catalogage d’un supplément à la bibliothèque de Serge Brindeau, donné à la BU d’Angers en 2004 par Mme Paule Brindeau, veuve du poète. Ce supplément de 8 mètres linéaires se composait essentiellement de recueils de poésie, dont beaucoup dédicacés à Serge ou Paule Brindeau. Ont été traités 152 volumes dédicacés, et 59 volumes sans dédicaces. Restent à traiter 1 mètre linéaire de fascicules de revues, et environ 400 livres, dont certains ne sont localisés dans aucune BU française.
Serge Brindeau, photographié par sa fille Véronique
Reliures des fonds patrimoniaux de la BUA : exposition du cabinet de curiosités, janvier-juin 2025
La BU d’Angers vous propose, à partir du 15 janvier 2025, un choix de reliures et brochages sélectionnés dans le fonds ancien et dans les fonds littéraires.
L’artisanat de la reliure est indissociable de l’apparition du livre en « codex », c’est-à-dire en pages feuilletables cousues sous une couverture protectrice, forme attestée dès le Ier siècle. La reliure est d’abord fonctionnelle : elle assure la cohésion du volume et le protège des dégradations. Mais elle joue également un rôle esthétique. Si la plupart des manuscrits médiévaux portent des reliures peu ou pas ornées, certains volumes prestigieux reçoivent un habillage somptueux. Le livre de l’époque moderne, dont la diffusion est facilitée par l’invention de l’imprimerie, connaît une gamme variée de reliures adaptées aux goûts et à la fortune des propriétaires, de la reliure de grand luxe ornée et dorée au parchemin ordinaire. Le XVIIIe siècle nous livre même de nombreux volumes restés simplement brochés et couverts de papier. L’industrialisation du livre au XIXe siècle fait naître un nouveau type de reliure, le « cartonnage d’éditeur », dont la présentation clinquante est destinée à séduire le jeune public. De nos jours, entre éditions courantes aux couvertures illustrées de grande série, et reliures artisanales (pour un marché de niche), il reste une place pour des reliures industrielles décoratives venant habiller des textes classiques, ou au contraire souligner l’originalité de poètes ou d’artistes diffusés par de petits éditeurs.
Depuis le 1er février 2024, un coin aux couleurs bariolées et aux objets hétéroclites attire l’attention des lecteurs qui arpentent la galerie du rez-de-chaussée de la BU. Nous avons voulu y reproduire l’ambiance des « cabinets de curiosités » d’autrefois, comme un clin d’oeil à un modèle de collections suranné mais toujours séduisant et intrigant. Les savants et érudits, du XVIe au XIXe siècle, rangeaient dans ces cabinets, en complément à leurs livres, des objets rares et curieux, destinés à faire découvrir le monde : instruments scientifiques, spécimens naturels, objets d’art, objets ethnographiques ou trouvailles archéologiques… Le caractère disparate des collections rassemblées est typique de ces lieux, à mi-chemin entre science et imaginaire. Ne vous étonnez donc pas d’y trouver côte à côte une maquette de la caravelle de C. Colomb, des planches d’histoire naturelle, un buste de Verdi, une bouteille (rescapée d’un naufrage ?), un coffret nacré, une statuette africaine, des livres anciens… A vous d’en faire votre propre inventaire à la Prévert.
Le cabinet de curiosités de la BU d’Angers (Belle-Beille), février 2024
Au milieu de la collection permanente, deux armoires accueilleront de petites expositions thématiques destinées à faire connaître les richesses des fonds patrimoniaux de la BU: livres anciens et contemporains ou manuscrits illustrant nos points forts, littérature et poésie, femmes et féminisme. Nous commençons par la présentation d’une partie de nos collections injustement méconnue : les revues. Les journaux, revues et magazines accompagnent nos vies et offrent un support idéal pour l’expression des avant-gardes littéraires et artistiques, ou pour les débats d’idées. Découvrez des magazines pour la jeunesse du XIXe s. (Musée des familles, Magasin des demoiselles, Semaine des enfants), des revues rares de l’entre-deux-guerres : Potomak, La Bohême, ou encore Tropiques, revue fondée par Aimé Césaire. Poursuivez avec des titres contemporains (Dire, Caravanes, Le Serpent à plumes) et terminez votre parcours avec Ebony, magazine américain reflet des enjeux de société aux USA.
Revues du XXe s.Evocation du travail de l’écrivain
Merci à Charlotte, Florent, Geneviève, Letizia, Lili, Valérie pour la sélection des objets et documents ; à Ana et Romuald pour l’installation technique.