Hervé Bazin né en 1911 et décédé en 1996, demeure une figure emblématique de la littérature française au XXe siècle. Célèbre écrivain et romancier, il a marqué son époque en explorant les méandres complexes de la vie familiale à travers des œuvres telles que Vipère au poing publié en 1948 et le Cri de la chouette publié en 1972. Elu membre de l’Académie Goncourt en 1960, Bazin est souvent surnommé le “romancier de la famille” en raison de son exploration approfondie des dynamiques familiales.
Ses manuscrits, achetés en 2004 par la BU d’Angers, permettent de découvrir un écrivain méthodique, méticuleux et profondément organisé dans son approche créative. Dans un ouvrage Comment travaillent les auteurs publié en 1978, Bazin dévoile sa méthode de travail, affirmant ” Je ne laisse rien au hasard”. Cette déclaration révèle une approche rigoureuse de la construction narrative.
L’une des particularités de la méthode de travail d’Hervé Bazin réside dans l’inspiration qu’il emprunte au montage cinématographique. Il créé des tableaux de contrôle comme avec le tableau ci-dessous afin d’organiser “Qui j’ose aimer?” publié en 1956.
Ce tableau permet alors de structurer ses idées et son récit. Il comprend des colonnes dédiées à chaque personnage, mettant en lumière leur importance dans chaque chapitre, ainsi que des détails sur les lieux.
Hervé Bazin en tant qu’architecte littéraire, transcendait les frontières du réel en établissant des cartes et des plans exclusivement pour son usage personnel. Ces représentations détaillées des lieux étaient conçues pour mieux décrire ses romans et offrir une meilleure perspective lorsqu’il rédigeait. Le village de Lagrairie représenté ci-dessous pour son ouvrage L’Eglise Verte publié en 1981, est créé de toutes pièces par Hervé Bazin tout en se rapprochant tout de même d’un lieu existant, surement ici la commune de Lagraulière. Ce plan est un exemple frappant de son art de fusionner le réel et le fictif pour enrichir ses récits.
Hervé Bazin considérait son espace de travail comme un terrain à part entière, où l’ordre et la fonctionnalité étaient essentiels. Ses tableaux de contrôles et ses cartes, servaient de guide visuel pour maintenir la cohérence narrative et la fluidité du récit. Chaque élément était soigneusement classé, témoignant de la précision avec laquelle il abordait la composition de ses œuvres.
En plongeant dans l’univers structuré d’Hervé Bazin, on découvre un architecte littéraire qui a consacré sa vie à dépeindre la complexité des relations familiales et en évoquant des thèmes liés à l’actualité avec une précision artistique inégalée, tout en ajoutant une dimension imaginaire aux lieux qui nourrissent son récit. La cartographie et les tableaux de contrôles deviennent ainsi des toiles sur lesquelles Hervé Bazin tisse les fils de ses histoires, mêlant habilement réalité et fiction.