Vous n’en avez peut-être jamais vu, sans doute même jamais feuilleté.
Cette découverte, vous pouvez la réaliser à la BU d’Angers : consulter un incunable ! Ce mot vous dit quelque chose ? Emprunté du latin Incunabula [littéralement “langes, berceau, enfance, origine”] il désigne un “ouvrage qui date des premiers temps de l’imprimerie (avant 1500)” (selon le Trésor de la Langue Française où vous trouverez par ailleurs les définitions des termes techniques utilisés ci-dessous).
L’incunable de la bibliothèque (Pragmatica sanctio coté R 730 000) fut imprimé à Lyon en 1497 (date indiquée dans le colophon). Il est relié en peau de veau avec tranchefile du XVIIe siècle. Le format du livre et la présence de pontuseaux horizontaux semblent indiquer qu’il s’agit d’un in-quarto. Non folioté, cet ouvrage de la typographie naissante traite d’une disposition législative prise par le roi de France, Charles VII, représenté sur une gravure. Le texte est en latin, en écriture gothique avec pointes effilées. Le corpus juridique, en gros caractères, est suivi d’un commentaire (la glose), en petits caractères. On trouve la marque de l’imprimeur dans le dernier tiers du livre, le représentant avec son nom (Jehan de Vingle), ses initiales (JV) et ses armes (ici un lévrier et un lion). Celle du libraire (Debougne) figure en regard, avec sa devise : “Dieu garde le Roi et la noble cité d’Angers et l’Université”. D’autres informations sur l’ouvrage sont données par les inscriptions manuscrites (notamment les ex-libris) apposées par les lecteurs et les propriétaires successifs.
Si tout cela vous intéresse, sachez qu’il existe des cours de M2 (bibliothéconomie) basés sur la manipulation des livres anciens de la BU d’Angers et qui, initiant précisément les étudiants à l’analyse et à la description de ces ouvrages précieux, peuvent susciter des vocations de bibliographes.
Mais au fait, connaissez-vous la différence entre un bibliographe et un bibliophile ?