Nous venons de vivre une période de flottement, où les règles d’un jour changeaient le lendemain et où se laisser porter par des décisions qui nous dépassaient était notre horizon sur quelques semaines.
Le déconfinement, après 50 jours de navigation à vue déléguée aux “autorités”, est une forme de débarquement de l’arche de Noé, qui nous rend à chacun des responsabilités au delà de celle de rester chez soi, de rester en vie, de nourrir et prendre soin de soi et des siens.
En tant que dépositaire d’une parcelle d’autorité et de pouvoir sur les contraintes faites à autrui, notamment celle de venir ou non travailler et interagir avec une communauté comptant potentiellement plus de 20000 personnes, je me trouve confrontée, plus que jamais dans ma vie professionnelle, à des questionnements éthiques. Par plaisanterie, j’ai pu dire que j’avais l’impression que ma vie intérieure du moment ressemblait à une longue dissertation de philosophie abordant “libre arbitre et responsabilité individuelle”, “utilitarisme et déontologie“, “justice locale et allocation de ressources limitées” , “humilité épistémique et biais cognitifs” , etc.
Isabelle Richard, notre VP CA, avait prévenu que la période serait compliquée (voir du PCA au PRA), riche en interactions conflictuelles entre “ceux qui pensent qu’on en fait trop et ceux qui pensent qu’on n’en fait pas assez”, “ceux qui veulent que tout redevienne vite comme avant et ceux qui rêvent d’un monde d’après”…