Florian Beaupérin, stagiaire de Master 1 « Sciences de l’information et des bibliothèques » en novembre-décembre 2024, a pris en charge le tri et le début du catalogage d’un supplément à la bibliothèque de Serge Brindeau, donné à la BU d’Angers en 2004 par Mme Paule Brindeau, veuve du poète. Ce supplément de 8 mètres linéaires se composait essentiellement de recueils de poésie, dont beaucoup dédicacés à Serge ou Paule Brindeau. Ont été traités 152 volumes dédicacés, et 59 volumes sans dédicaces. Restent à traiter 1 mètre linéaire de fascicules de revues, et environ 400 livres, dont certains ne sont localisés dans aucune BU française.
Serge Brindeau, né près du Mans en 1925 et décédé à Paris en 1997, a partagé sa vie entre l’enseignement de la philosophie, en région parisienne, et la vocation de la poésie. Poète lui-même, il s’est particulièrement inspiré des poètes de l’École de Rochefort, un mouvement né en 1941, qui s’inscrit dans une démarche de recherche de la liberté et de l’individu, alors que la France vivait sous occupation allemande et sous le poids de l’idéologie vichyste. Héritier de cette quête d’expression, Brindeau est surtout célèbre pour sa Poésie pour vivre, le manifeste de l’homme ordinaire, écrit aux côtés de Jean Breton.
S. Brindeau a été également critique et infatigable promoteur de la poésie française à travers de nombreux articles, animations, conférences, communications à des colloques, dont témoigne son fonds d’archives donné à la BUA en 1998.
La curiosité de S. Brindeau pour de multiples courants poétiques et artistiques se retrouve dans la bibliothèque qu’il avait réunie. Dans le lot récemment traité, nous avons repéré quelques ouvrages remarquables et curieux.
Le recueil Le sens de la marche d’Adrian Miatlev (cote 8 077043), réuni par Edmond Humeau, témoigne d’une recherche de croisement des arts : l’éditeur a choisi d’orner la couverture toilée d’une mosaïque de morceaux de verre qui lui donne un aspect unique.
Dans le fonds, on retrouve aussi quelques ouvrages yougoslaves, issus des Soirées poétiques de Struga, un festival international annuel de poésie se déroulant dans la ville du même nom, en actuelle Macédoine du Nord. Par exemple, on retrouve un recueil de poésies datant de 1982 du roumain Nichita Stănescu, lauréat du festival la même année. Il est écrit en roumain et en macédonien. Ce détail témoigne de l’importance des réseaux poétiques à l’échelle de l’Europe entière, même en période de guerre froide.
L’année suivante, un poème de Serge Brindeau est traduit dans la revue Razgledts (n°6, juin 1983) et il reçoit un roman en serbe dédicacé par l’auteur (Bochko Ivkov, Ieza).
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Grâce aux étudiants angevins, le catalogage du fonds Serge Brindeau progresse et apporte de nouvelles pierres à la connaissance du poète. Un stage de M2 prévu pour le printemps 2025 permettra de compléter le traitement des archives et de continuer le catalogage des imprimés donnés dans les années 2000-2010 par Mme Paule Brindeau et sa fille Véronique.
F. Beaupérin et V. Neveu (janvier 2025)