De quoi ça a l’ERE ?

(MàJ du 21 novembre 2012)

Suite aux échanges dans les commentaires, j’ai donc trouvé les résultats ERE sur le site Couperin – bref. On a retrouvé les résultats mais il y a quand même un souci de disons… communication : rien sur la page officielle, rien nulle part, et aucun collègue Doc-élec dans mon environnement ne semblait savoir ce que devenaient et où étaient ces résultats d’une enquête nationale, donc.

(/MàJ du 21 novembre 2012)

L’enquête annuelle ERE vient d’arriver dans nos boîtes aux lettres électroniques. Pour ceux et celles qui ont la chance de l’ignorer, ERE est l’Enquête sur les ressources électroniques acquises par les S.C.D., S.I.C.D. et bibliothèques d’établissements d’enseignement supérieur et participe de ce qui est censé être la boîte à outils de pilotage des SCD au niveau du ministère.

J’ai un problème général avec les enquêtes, et j’ai un très gros problème personnel avec ERE, pour deux raisons :

  •  La dernière publication des résultats et analyses de cette enquête date de… 2004 (sans rire — et encore, vous n’avez pas ouvert le fichier en question, qui laisse rêveur) ;
  • les formulaires de recueil d’ERE me semblent totalement inadaptés à ce qu’est la doc élec en 2012 (en fait, j’ai à chaque fois l’impression que le formulaire n’a pas bougé depuis des siècles ou quelque chose comme ça, et qu’on dénombre des choux avec un outil fait pour compter des bananes).

Ma première réaction que je reçois l’appel à remplir ERE est tous les ans de me mettre à hurler et de demander à genoux à mes N+1 que nous cessions enfin (dans un salutaire élan de désobéissance civique) de remplir cette enquête qui occupe pas mal de monde au niveau national et semble n’avoir aucun sens, en tous les cas vu du côté de ceux qui la remplissent (ce sentiment, si j’en crois les gens que je croise IRL ou que je followe sur Twitter, est largement partagé).

Et puis, cette année, comme je vieillis et que je me bonifie (hum…), je me suis dit qu’il fallait que je devienne constructif.

Donc, je demande très simplement et publiquement aux personnes et à la structure qui gèrent l’enquête ERE :

  • en priorité, que les données recueillies depuis 2004 soient enfin mises en ligne, y compris sous forme de données brutes si personne n’a le temps ou l’envie ou la mission de les traiter (ERE étant une enquête web, il y a forcément une base de données derrière : il suffit de faire un export sql de la base et de mettre cet export à disposition, on se débrouillera avec ensuite – un export sql, ça prend 10 minutes) ;
  • éventuellement, que les formulaires soient actualisés pour qu’en ouvrant ERE, ce sentiment d’être en 1980, d’avoir une moustache et de porter un sous-pull orange, cesse (j’ai toujours détesté porter ce type de fringues).

Par ailleurs, comme je doute que l’audience de RJ45 dépasse mon village, si vous pouvez pousser cette supplique à qui de droit là-haut, et/ou la diffuser et/ou l’appuyer où que vous soyez, faites-le, qu’on sorte tous du ridicule.

PS : oui, l’ESGBU est un peu du même tonneau et je n’en pense pas moins, mais à chaque jour suffit sa peine.

Le droit de

Je ne sais pas vous mais moi et le droit, cela fait deux : le domaine juridique ne m’attire pas le moins du monde, je n’y comprends pas grand chose (sans doute parce que tout y est toujours très subtil et que la subtilité n’est pas forcément ma tasse de thé) et j’ai un peu de mal avec ce côté hyper-précis du droit que je soupçonne d’être largement incompatible avec ma fuzzy touch.

Et alors, allez-vous me dire ? J’y viens.

Je suis issu de la promotion DCB15 de l’ENSSIB et dans cette promotion, il y avait (entre autres zozos) un certain Calimaq, qui tient THE blog sur des questions de droit dont la très grande majorité touche directement ou indirectement les bibliothèques (son dernier billet — croyez-moi, vous ne pouvez vous dispenser de sa lecture — est un modèle du genre ; et c’est l’illustration parfaite de ce dont il est question ici).

Pour tout vous dire, j’ai le sentiment que dans de nombreux cas, nous (les bibliothèques) faisons un peu n’importe quoi sur le point du droit et de son application (par exemple, je pense que nous avons tendance à poser des © dans tous les sens sans être toujours bien au carré et/ou sans nous rendre compte des conséquences — autour du domaine public, par exemple — et/ou sans nous rendre compte que nous faisons tout simplement quelque chose de limite-limite ou d’absurde ou d’inutile).

Ainsi, quand je lis ce genre de choses, je prends conscience, à la fois, de mon ignorance crasse en ce domaine ; et en même temps, du besoin criant de spécialistes non-SHS* que les bibliothèques ont autour de ces questions en un moment où justement, le droit (entre autres), au moins dans sa partie qui nous concerne, est quand même un peu en train de bouger (oui, lui aussi).

Donc… Donc nous avons besoin, collectivement, d’une cellule de juristes-conseils (non, aucune bibliothèque ne peut se payer son juriste perso) localisée je ne sais où (enfin si, j’ai bien une idée), et qui puisse nous accompagner sur ces problématiques afin de nous éviter de faire n’importe quoi (comme faire des choses illégales ou entrer dans des démarches marchandes contraires au bien public).

Cette cellule s’assurerait par ailleurs y compris par des opérations de lobbying que, par exemple, le domaine public ne devienne pas payant ou que d’une manière générale, le droit n’évolue pas de façon à nous empêcher de continuer à remplir nos missions de service public.

Cette cellule serait constituée d’un groupe de personnes rémunérées pour cela, reconnues pour leurs compétences juridiques, et dont le travail exclusif serait de se mettre au service de la profession et de ses missions.

Les profils bibs-juristes sont rares, mais ça peut se trouver et/ou se recruter, et j’ai déjà un nom.

PS : je n’ai aucun intérêt personnel d’aucune sorte à tirer de cette proposition, je ne parle pas aux juristes, je ne comprends jamais leurs réponses 😉

* pardon Lionel mais pour moi, le droit n’entre pas dans les SHS, c’est… du droit, quoi

Versant édinum

La BUA et les PUA (Presses Universitaires d’Angers) habitant la même maison, et les PUA éditant le JSSE, (Journal of Short Story in English), nous avons fait migrer le JSSE sur Revues.org en 2008, avec une barrière flottante de deux années.

Le résultat est impressionnant, comme le prouvent les statistiques mises à disposition sur Revues.org (pour les fainéants qui me lisent, par exemple, à la date de rédaction de ce billet, soit le 07 octobre 2012, et sur l’année 2012, le JSSE a totalisé 163 192 visites pour 108 238 visiteurs uniques, et 419 775 pages vues — à mettre en regard de la centaine d’abonnements papier de la revue).

À la suite de cette migration (qui a été relativement simple, d’autant que les équipes du Cléo sont toujours d’une disponibilité incroyable), nous sommes à présent en train de préparer la migration vers Revues.org des PUA en entier, monographies comprises.

Comme je suis partie prenante dans cette migration (quelque part dans un organigramme BUA, sur cette partie, en face de mon nom, il y a marqué dématérialisation), et parce que je suis aussi en contact avec les enseignants-chercheurs du domaine, je constate in vivo leurs besoins d’accompagnement technique sur ces outils qu’ils maîtrisent en général assez mal.

Et évidemment, cela fait écho à mon billet sur les frontières floues : le méta-pôle autour duquel je tourne en pensée pourrait donc inclure aussi un versant édition numérique (avec un tuyau d’impression à la demande — après tout, si quelqu’un veut payer un bon vieux livre papier livré avec la bonne vieille odeur certifiée papier, pourquoi pas ?) qui saurait se positionner sur ces missions d’édition, de diffusion et de valorisation, avec un fort noyau d’Open Access en première intention (mais on le voit, cela dépasse la “simple” promotion de l’Open Access puisqu’il s’agit aussi de monter toute une chaîne d’édition qui fasse débuter l’aide au chercheur dès le manuscrit d’un article ou d’un livre — non, tout le monde {je m’inclus} ne sait pas vraiment utiliser un traitement de texte correctement, même chez les enseignants-chercheurs).

En termes de ressources humaines, un tel pôle, sur l’échelle d’une Université comme Angers (assez représentative de la moyenne), me semble ne pas supposer des masses de personnes à mobiliser, et je suis d’ailleurs persuadé qu’une petite équipe souple, un peu spécialisée sur ces questions, et réactive (ce serait le noyau dur de la production) pourrait aisément éditer et diffuser beaucoup plus vite les documents scientifiques produits par les chercheurs que ce n’est le cas actuellement, où ces textes se perdent dans les méandres de laboratoires et où parfois, le turn-over des personnels fait que la compétence, quand elle existe, tend à s’évaporer.

En fait, la difficulté, ce me semble juste de parvenir à devenir, dans la tête des autres personnes de l’Université, l’endroit où il faut aller quand on veut éditer un document scientifique.

Là aussi, je suis sur une idée de pôle de compétence et d’accompagnement offrant des outils et des procédures rodées, une sorte de tuyau plus ou moins permanent dans lequel on pourrait enfourner des idées d’un côté, pour obtenir du texte de l’autre. Et là aussi, je pense que les Bibliothèques ont quelque chose à jouer, pour peu qu’elles abordent ces questions et chantiers d’un point de vue très pragmatique au lieu d’essayer de monter des usines à gaz d’indexation machin et de classification bidule sur des documents qu’elles n’ont pas (à tort) contribué à produire.

Les frontières floues

Depuis maintenant 5 ans que je suis à Angers, mon boulot m’a amené à travailler de plus en plus étroitement avec mes collègues de la DDN (Direction du Développement Numérique, ex DSI). Le chemin a été long, il a fallu se connaître, apprendre à travailler ensemble, il a fallu surtout pour moi, je crois, devenir un minimum crédible à leurs yeux, ce qui n’est pas un mince affaire : ce sont des spécialistes d’un domaine pointu qui a ses propres règles de fonctionnement, en particulier au niveau de procédures rigoureuses ; je suis un bricoleux autodidacte généraliste oubliant souvent les procédures et fonctionnant quasiment tout le temps en mode fuzzy. Mais à force de patience (surtout de leur côté), je crois qu’on travaille plutôt pas mal ensemble maintenant.
Du coup, je commence à me demander maintenant pourquoi une section numérique existe dans la BUA (comme dans les autres BU ?), et s’il ne serait pas plus logique que les bibnums relèvent en partie (dans les organigrammes ou dans des missions temporaires précises, type task force) de la DDN/DSI ou plutôt d’un pôle transversal ou méta qui aurait fonction de s’occuper de la documentation et des accès à cette documentation, mais aussi de valorisation et de communication numérique, d’indexation des contenus, d’archivage, d’identité numérique, etc.
Cela permettrait de mélanger les approches métier et les visions, les habitudes, les lectures du monde. Cela permettrait également à chacun de sortir de ses logiques enfermantes et sclérosantes, de ses habitudes, des biais qui finissent par se mettre en place quand on fonctionne en circuit fermé (du genre croire que les usagers utilisent tous la recherche avancée ou connaissent par coeur le Dewey, suivez mon regard). Cela nous permettrait enfin de mettre à disposition de tous des compétences (les nôtres) utiles à tout projet numérique d’une université (la plus évidente des compétences étant celle liée aux questions d’indexation, mais c’est à mon avis loin d’être la seule qui peut nous rendre précieux à nos collègues DDN et à l’Université en général, sur les projets numériques).
C’est juste une idée, encore vague et qui je pense, devrait/peut être testée facilement sur le terrain. Vous en pensez quoi ?

MàJ 08 octobre 08:32

En fait je crois que la difficulté c’est d’avoir un pôle méta fluide sans tomber dans des groupes de travail ad hoc sur chaque projet, et dans lesquels tous les participants ne se sentent pas nécessairement super impliqués (et donc ne s’impliquent pas super).
Oui, voilà : la difficulté est de trouver une forme stable dans sa fluidité (la stabilité assure le bon fonctionnement des choses et l’avancée du travail de manière régulière, la fluidité permet d’agréger les bonnes personnes au bon moment et à ce moment-là seulement).