Can you keep a secret ?

Lors de ma folle adolescence, j’ai beaucoup apprécié l’album The First Picture of You d’un groupe nommé The Lotus Eaters — je vous conseille cet album et en particulier, la chanson éponyme (voilà un mot qui fait sérieux).

Ledit album comportait également un titre intitulé Can you keep a secret ? Après bien des années de réflexion, je crois que la réponse à cette question est non (si vous ne lisez qu’une chose, lisez le compte-rendu que vous trouverez dans ce zip, cela concerne la toute récente rencontre entre nos assos pro et la BNF autour de cette histoire, et c’est assez édifiant si vous voulez mon avis).

PS : en fait, si, je sais très bien garder un secret, mais seulement quand c’est un secret personnel. Par exemple, je n’ai jamais révélé que le meurtrier de JFK était le colonel Moutarde, avec le chandelier, dans la bibliothèque (forcément) — parce que le colonel Moutarde, c’est moi.

Stop Whispering

(MàJ 10 février 2014 – cette idée n’a pas pris, et les tableaux que j’ai proposé étaient sans doute inadaptés puisque nous avons eu nous-mêmes des difficultés à les remplir, au point que nous ne les avons pas remplis… – on peut espérer que les licences nationales et la publication des coûts globaux régleront le problème ici évoqué)

Étienne Cavalié en a parlé, j’en ai parlé, tout le monde en parle, de ces chiffres qui constituent le plus grand secret du monde quand il ne s’agit que de la manière dont nous utilisons l’argent public.

Suivant la proposition d’Étienne, je suggère donc qu’on diffuse de manière centralisée les coûts de la documentation électronique, et qu’on le fasse collectivement, avec nos petits bras musclés.

J’ai posé sur Bibliopedia (merci à eux pour l’accueil, et à @symac pour son aide précieuse) une liste des éditeurs de documentation électronique (je suis parti de celle des fournisseurs de la BUA, vous compléterez à mesure, cette liste est forcément incomplète).

Chaque ligne de ce listing renvoie à un tableau dans lequel sont listées les structures susceptibles d’être abonnées à l’éditeur en question.

Le reste est trivial : vous appartenez à l’une de ces structures, vous allez sur les tableaux de vos éditeurs, vous remplissez le tableau pour les lignes et colonnes vous concernant  (c’est un wiki, c’est ouvert).

Si vous vous demandez si vous en avez le droit, pour info, la BUA diffuse ces chiffres depuis des années dans ses rapports d’activités, et personne n’a jamais bronché. Et puis encore une fois, il s’agit simplement de rendre visible des dépenses d’argent public.

Précision importante : certains collègues dont des négociateurs Couperin pensent que c’est une très très très mauvaise idée que de donner accès à ces données à nos fournisseurs, en ce que cette visibilité permettrait aux fournisseurs de durcir encore les négociations. Nous remplirons les lignes BUA dans les jours qui viennent,  à vous de voir quelle position vous adoptez pour votre structure.

PS :  en cas de création d’une nouvelle page éditeur, merci de rester sur le même template que l’existant, il suffit de le copier dans votre nouvelle page bibliopedia depuis l’une des pages déjà existantes ou de le récupérer ici ;

PS2 : Stop whispering est un titre de Radiohead

La vache à lait est molle du genou

De nouvelles négociations s’annonçant, les premiers éléments concernant les prochains modèles économiques Elsevier viennent de tomber dans nos boîtes mails et les “négociations” vont bientôt commencer (j’écris négociations entre guillemets parce que quel que soit l’engagement — conséquent — des collègues qui vont se coltiner le truc, il ne s’agit évidemment pas de négociations, mais d’un simulacre au cours duquel Elsevier va nous emmener exactement où prévu avant l’annonce de ce modèle qui, sans doute, par la disproportion des hausses annoncées, est déjà une part du simulacre — la bonne vieille technique du prix d’ancrage).

Évidemment, on va dans la foulée sortir les mouchoirs chez les bisounours et le choeur des pleureuses va entonner le couplet “Elesevier est trop méchant la doc électronique est trop chère on nous saigne blah blah blah”.

Eh bien vous savez quoi ? Je trouve que Elsevier est en fait trop gentil. À sa place, je saignerais bien plus que ça la vache à lait qui ne fait strictement rien pour sortir du piège où elle est tombée.

Je m’explique : il y a un moyen très simple de sortir de ce piège et de renverser le rapport de force et ce moyen est connu de tous, il s’agit des Archives Ouvertes. Et tout le monde le sait depuis des années chez les vaches à lait. Mais au lieu de faire ce qu’il faut, à savoir monter des archives ouvertes partout et mener des politiques volontaristes, on préfère discuter sans fin et ergoter sur des détails en peignant la girafe, le tout sans aucun courage politique (la dernière intervention de la ministre de service aux JEAO, annoncée comme ce moment tant attendu des masses qui allait révolutionner les AO en France, et qui s’est avéré être comme prévu un long moment d’enfonçage de portes ouvertes et de langue de bois totalement creuse, est à ce titre parfaitement exemplaire d’un fonctionnement généralisé qu’on retrouve à tous les niveaux).

Donc si j’étais Elsevier (mais je ne cite cette société que pour exemple, vous pouvez remplacer leur nom par n’importe quel nom des autres éditeurs “académiques” commerciaux), j’appliquerais à mes tarifs spéciaux vache à lait des augmentations bien plus importantes, et rien ne se passerait : après avoir essuyé ses larmes de crocodile, la vache à lait continuerait de sortir son chéquier, parce que la vache à lait n’a pas d’autres solutions, et que c’est bien fait pour elle.

PS : Monsieur Elsevier, je veux bien une comm’ sur l’argent que tu vas gagner en plus grâce à mes judicieux conseils.