Adiós el Patron

Les policiers et les soldats d’élite du groupe spécial de recherche, arrivés à Medellín le 22 juillet 1992, réalisèrent près de 20 000 perquisitions. Selon la revue colombienne Semana, sa mort aurait été le résultat d’une vaste opération américaine, dénommée Heavy Shadow (Ombre pesante), qui « mobilisait des équipes de la CIA, de la DEA, du FBI et de la NSA », c’est-à-dire, tous les services fédéraux de sécurité américains. Cette opération « a coûté en fonds secrets, charges de personnels et armes, plusieurs centaines de millions de dollars », dans la ville et dans toute sa région, très boisée et accidentée, où le parrain possédait de très nombreuses propriétés.

Mais de nombreux autres groupes et personnages étaient aussi sur ses traces :

les tueurs à gages du cartel de Cali qui avaient eu avec le cartel de Medellín de nombreux règlements de comptes sanglants pour la prééminence de la livraison de drogue ;
les mercenaires américains, israéliens et autres, alléchés par la prime de plusieurs millions de dollars US offerte par le gouvernement et les organismes anti-stupéfiants américains ;
les nombreux proches et familles des « collaborateurs » qu’il avait fait tuer, et tous ceux qui avaient réussi à détourner l’argent du crime par millions de dollars.
Début 1993, un nouveau groupe paramilitaire terroriste « Los Pepes » apparaît, décidé à éliminer Pablo Escobar et le cartel de Medellín, et fait régner la terreur sur la ville. Los Pepes est l’acronyme pour « PErseguidos por Pablo EScobar ». C’est une milice privée qui va lutter contre Escobar avec les mêmes armes qu’il utilise, c’est-à-dire le crime et les attentats. Et qui va grandement aider le gouvernement américain.

Après des mois de travail, l’équipe de surveillance du bloc de recherche, réussit un jour à repérer Pablo Escobar dans le quartier de Los Olivos. Contrairement à son habitude, il avait longuement et imprudemment téléphoné à sa femme et à son fils Juan Pablo, dans un hôtel de Bogota.

Le commandant Hugo Martínez, à l’aide d’un écran de visualisation de signal de communication, était parvenu devant un pâté de maisons. Mais, plutôt que de faire encercler le quartier, il préféra l’attente, l’infiltration et la surveillance.

« Scrutant les fenêtres des maisons, une à une, le commandant Hugo Martínez aperçut à l’une d’elles, un homme corpulent qu’il identifia comme étant Pablo Escobar. Ayant alerté le quartier général local de la PNC (Police Nationale Colombienne), il fut rejoint par un commando. Le plan d’alerte se termina par l’assaut et la mort du parrain alors qu’il tentait de fuir par le toit. Le seul homme de confiance qui ne l’avait jamais trahi et qui le suivit jusqu’à la mort fut son bras droit, un nommé Limon qui était dans la maison lorsque Pablo Escobar fut tué.

Limon a été le premier à se faire tuer. Tirant sur les policiers qui avaient encerclé la maison où se trouvait Pablo Escobar, Limon a été atteint de plusieurs projectiles, alors qu’il courait d’un toit pour se réfugier sur un autre toit. Pablo Escobar savait qu’il y avait plusieurs membres de l’autorité qui l’attendaient dehors sur le toit et il entendait les policiers monter les escaliers pour atteindre l’étage où il se trouvait dans la maison. Il n’a pas eu d’autre choix que de sortir en courant et tirer sur tout ce qu’il voyait. Il fut atteint exactement de 12 projectiles dans le corps. Une fois mort étendu sur le toit, les militaires de l’armée colombienne prirent une photo de lui pour montrer leur fierté comme si le corps de Pablo Escobar était un trophée. Deux policiers colombiens qui ont participé à l’opération, ont coupé les deux pointes de la moustache de Pablo Escobar en signe de souvenir et ont laissé son visage avec une moustache du style de celle d’Hitler.

Plus tard, le coroner écrivit que Pablo Escobar était décédé d’un projectile qui l’avait atteint à la tête. Mais la confusion vint quand le coroner annonça que ce même projectile qui l’avait atteint derrière l’oreille était le même que ceux du fusil qu’il tenait dans la main. La conclusion pourrait être ce que Pablo Escobar disait souvent : « Je préfère une tombe en Colombie qu’une cellule de prison aux États-Unis et que jamais l’autorité ne mettra fin à ma vie »… Un suicide serait donc à l’origine de son décès. Il se serait tiré lui-même une balle derrière l’oreille droite alors qu’il courait en traversant le toit pour passer du toit de la maison à un toit d’une maison voisine.

Quelques minutes plus tard, sa mère se rendit sur les lieux pour voir d’elle-même si c’était vraiment son fils qui venait d’être tué. À première vue, elle remarqua le corps ensanglanté de Limon par terre devant la maison et cria : « Imbéciles, vous n’avez pas tué mon fils, ce n’est pas lui ! », mais lorsqu’elle monta sur le toit, elle tomba en larmes à la vue du corps de celui qui fut le plus grand baron de la drogue. »

La chasse à l’homme

Le 15 février 1990, un sommet anti-drogue réunit à Carthagène les présidents Bush père (États-Unis), Barco (Colombie), Paz Zamora (Bolivie) et García (Pérou). En avril, l’armée colombienne cerne le siège de Pablo Escobar. Il y aura 510 morts mais ce dernier réussira à s’échapper.

Pablo Escobar avait créé un véritable groupe armé autour de lui, environ 3 000 tueurs, les sicarios, qui pouvaient être de tout âge. En 1992, à Medellín 6 662 personnes ont été tuées dans des affrontements armés, auxquelles il faut ajouter 1 292 cadavres non identifiés et 967 habitants portés disparus, soit un total de 8 921 morts.

Pablo Escobar était le sommet d’une pyramide composée de chacun des membres de son clan ou de sa famille. Pour le faire tomber, il aurait été prévu de détruire une à une les personnes qui composaient la pyramide, jusqu’à ce que Pablo n’ait plus de soutien logistique suffisant et ni d’endroit sûr où se réfugier. Il était souvent en contact avec plusieurs autres trafiquants. Il était un grand consommateur de cannabis, mais prenait très rarement de la cocaïne. 45 % de la coca venait du Pérou, 35 % de la Colombie et 20 % de la Bolivie.

Après l’assassinat de Luis Carlos Galán, un journaliste candidat à la présidentielle, le gouvernement de César Gaviria agit contre Escobar et son cartel de la drogue. Néanmoins, il négocia avec Escobar, arrivant à le convaincre de se rendre et de cesser toutes activités criminelles en échange d’une peine réduite et d’un traitement privilégié durant sa captivité.

Après avoir mis fin à une succession d’actes terroristes visant à mettre la pression sur les autorités et l’opinion publique, Escobar se rendit. Le 19 juin 1991, il accepte de se remettre à la justice colombienne qui lui promet de ne pas l’extrader vers les États-Unis. Il est emprisonné dans une prison spéciale à Envigado qu’il a lui-même fait aménager selon ses désirs. La prison s’appelle La Cathedrale. Juste avant sa reddition, l’extradition de citoyens colombiens a été interdite par la nouvelle constitution de 1991. Cette décision fut très contestée et laissa suspecter que l’assemblée constituante était sous l’emprise d’Escobar et des « barons » de la drogue.

Malgré l’enfermement, l’activité criminelle d’Escobar continua à faire la une des journaux. Escobar fit venir La Moncada et les frères Galeano à La Cathédrale pour les faire assassiner car ils étaient suspectés d’avoir volé le Cartel. Sa prison devient rapidement le nouveau QG du clan de Medellín. Quand les autorités se rendirent compte qu’Escobar continuait ses activités criminelles, il fut décidé de le transférer dans une autre prison le 22 juillet 1992. Mais il fut averti en avance et il s’évada peu de temps avant car il craignait de se faire extrader vers les États-Unis. Sa tête est alors mise à prix pour 6 millions de dollars.

Selon l’ancien ministre de l’Information, Mauricio Vargas, la responsabilité du président doit être mise en cause aux États-Unis.

Le 10 décembre 1992, avec 30 hommes, Pablo Escobar kidnappe un groupe d’hommes d’affaires entre l’aéroport et le centre de Medellín et exige une rançon de 300 000 dollars.