Telle est la formule célèbre de l’agronome Emile Schribaux qui fonda en 1884 la Station Nationale d’Essais de Semences afin d’organiser et unifier l’analyse des semences, conseiller les cultivateurs, et encadrer le marché des graines en France. La Snes s’établit alors comme une institution technique ambitieuse, organe incontournable de la politique agricole française en matière de semences dès la fin du XIXe siècle. Comprendre l’implication de la Snes dans la Révolution Agricole de la fin du XIXe siècle, ce moment charnière où le monde paysan en France fait l’expérience d’innovations agricoles majeures, nécessite d’étudier les sources qui témoignent d’un organisme à la fois vecteur de solutions mais aussi générateur de contrôle.Ce type de sujet, au carrefour entre l’histoire de la ruralité et celle des sciences végétales a été relativement peu étudié dans l’historiographie. Le troisième tome de l’Histoire de la France rurale de Maurice Agulhon, Gabriel Désert et Robert Specklin porte sa date et aborde l’agriculture sur un angle macro-économique. Mais plus récemment, Nathalie Jas ou encore Christophe Bonneuil se distinguent comme des historiens des sciences et prouvent qu’une histoire de l’agriculture qui prendrait en compte aussi bien les apports des institutions savantes que ceux de la paysannerie est possible.
Toutefois les sources de la Snes conservées dans les locaux du Geves d’Angers (Groupe d’Etude et de contrôle des Variétés et des Semences) forment un fonds conséquent et couvrent aussi l’ensemble du XXe siècle. Afin de mieux comprendre l’implication de la Snes dans cette période de grande mutation agricole qu’est la fin du XIXe siècle, je souhaite exploiter les documents relatifs aux trente premières années de la station c’est-à-dire de 1884 à 1914. Cette étude permettra d’étudier la nature des relations que la Snes entretien avec la paysannerie d’alors.