La traduction du Coran en latin, commandée par Pierre le Vénérable (XIIe s.)

Le XIIe s. est marqué par l’antagonisme entre Islam et Chrétienté, dans les croisades et aussi dans la reconquête de l’Hispanie par les chrétiens. C’est là que Pierre le Vénérable commande la première traduction du Coran en latin afin de porter l’affrontement sur le terrain de la pensée. Comprendre la portée et les raisons de cette commande par l’abbé de Cluny est essentiel pour éclairer les relations entre chrétiens et musulmans. Cela pourra également mieux permettre de comprendre les évolutions de  l’Eglise à partir du XIIe s. A ce moment charnière où la relation à l’Autre se précise, étudier cette traduction permet de retracer le parcours à partir d’un point nodal.

Ce sujet mobilise donc l’histoire et la sociologie car, au travers de cette traduction, il est question des mécanismes de représentation de l’Autre. Quelle épistémè influence Pierre le Vénérable ? Comment dessine-t-elle par son action un objet nouveau, un Islam compréhensible par le monde chrétien ?
Depuis 15 ans, des chercheurs comme J. Tolan se penchent sur les relations entre Islam et Chrétienté au Moyen Âge. L’ouvrage le plus récent est : Les Sarrasins : l’Islam dans l’imaginaire européen au Moyen Âge.

Il est d’abord nécessaire de produire une édition de texte (34 leçons recensées). Face à un corpus aussi volumineux j’ai choisi de me focaliser, cette année, sur le manuscrit qui repose à l’Arsenal. Je compte en tirer une transcription, une édition critique et une étude codicologique. Celles-ci préciseront le contexte de production de cette leçon.
Le corpus de mon étude est donc réduit. Je débuterai par un tapuscrit de l’édition de la lex saracenorum de 1543, ceci pour avoir un texte de référence afin d’entamer la paléographie du manuscrit.
Le périmètre de mon objet d’étude et son statut probable de jalon premier dans une édition scientifique rend difficile l’énonciation d’une problématique. Pour autant mon questionnement porte prioritairement sur la volonté qui a présidé à cette traduction. Comment cette volonté influe-t-elle le produit fini que constitue cette lex ? Les concepts de la Représentation et de l’Autre seront inévitablement les socles de mon questionnement.

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