Vendredi 27 septembre 2019, la 15e Nuit européenne des chercheur.e.s s’est déroulée au Quai, à Angers. Cette soirée, placée sous le thème de l’enquête, regroupait des chercheurs de divers laboratoires et disciplines, venus parler de leurs travaux de manière pédagogique et ludique à un public de tous les âges. Une préoccupation très actuelle est ressortie de cette édition : l’environnement et réchauffement climatique.
Deux stands traitaient particulièrement de ces thématiques : celui du programme Fresco mené par le laboratoire LPG-BIAF de l’Université d’Angers, et celui du programme Plastic-Seine de l’Université Catholique de l’Ouest. Deux occasions de parler de véritables problèmes sociétaux dans une manifestation de diffusion scientifique.
Le stand des chercheurs du Fresco permettait de montrer une réalité sur la pollution de nos eaux. Dans ce programme soutenu par la région Pays de la Loire depuis 2015, les équipes scientifiques se concentrent sur des micro-organismes vivants appelés foraminifères, qui peuvent être carnivores ou herbivores selon les espèces. « Ils sont petits mais on les trouve partout », glisse Eleonora Fossile, doctorante qui étudie les eaux de l’Arctique.
La jeune chercheuse explique que ces animaux, mesurant la taille d’un grain de sable, se trouvent dans toutes les mers de la planète. Les foraminifères intéressent aujourd’hui la communauté scientifique car ils permettent d’évaluer l’avancement du réchauffement climatique et la dégradation des eaux. Pour mesurer la qualité d’un milieu aquatique, et détecter des pollutions, les chercheurs regardent le nombre d’espèces de foraminifères présentes. Plus une espèce de foraminifères dite « robuste » est observée, plus le milieu est pollué.
Pour informer et alerter petits et grands, Eleonora et sa collègue ont proposé un jeu demandant aux visiteurs d’évaluer le niveau de pollution d’un milieu à partir d’une photographie.
Le saviez-vous ? Les foraminifères sont beaucoup plus vieux que nous. Ils fêtent leurs 450 millions d’années !
« On ingère tous du plastique »
De leur côté, deux chercheuses du programme Plastic-Seine ont présenté leur étude sur les traces des déchets plastiques en milieu aquatique. Ce stand a interpellé par l’exposition des désolants « trésors » repêchés dans la Seine : les emballages plastiques.
Tous les déchets plastiques jetés dans la nature finissent dans les cours d’eau qui se déversent ensuite dans les océans. Si une partie de ces déchets reposant au fond de l’eau ne s’abîme pas, l’immense majorité se dégrade à cause du climat, des courants et des UV. Ils s’effritent en micro-plastiques puis en nano-plastiques et sont ensuite ingérés par de nombreuses espèces animales, comme les moules.
Les scientifiques étudient les effets du plastique sur ces organismes vivants. Plastique que l’on retrouve « dans la chair des moules ! », s’alarment les scientifiques. C’est cette même chair qui nous est offerte à la consommation. Les chercheuses évoquent également l’état de stress et d’anxiété que cause la présence de ce plastique pour ces animaux.
Le constat final est inquiétant : « On ingère tous du plastique », se désole l’une d’entre elles, comme pour rappeler que nous sommes nous-mêmes victimes de notre mode de consommation.
L'anecdote alarmante : Les scientifiques de l’Institut français de recherche pour l’exploration de la mer (Ifremer) se repèrent lors de certaines plongées grâce à la présence d’éléments en plastique datant des années 1950 !
Manon RODOT, Quentin VÉRON, Faustine SOUDANT, Julie SOUCHAY