Suite à la proposition de lancer un escape game, et ayant recruté quelques collègues séduits par l’idée, se constitue en octobre 2015 une petite équipe de 5 personnes. Première étape : comprendre ce qu’est un escape game, et comment il fonctionne en pratique. Nous en testons un, lisons un peu sur le sujet, et nous voilà lancés sur la création du scénario.Nous ne manquons pas d’idées, mais par rapport à un escape game classique, plusieurs difficultés apparaissent rapidement. La 1ère, c’est la taille de la bibliothèque. Comment concilier un espace de 9000 m2 avec une fouille minutieuse à la recherche d’indices ? Nous décidons donc de délimiter des espaces à l’intérieur de la bibliothèque, des « scènes », qui sont elles à explorer en détail. Nous séparons aussi les joueurs en plusieurs équipes, qui se séparent à un moment du jeu pour mieux se retrouver ensuite. De même, certains escape game sont conçus sur un système de salles successives, qui s’ouvrent au fur et à mesure de la résolution des indices. Cela ne nous est pas possible : la bibliothèque fermant à 18h le jour choisi, elle doit être prête en un peu plus d’une heure, et revenir à son état initial dès la fin de soirée, nous ne pouvons donc pas nous permettre d’installation trop lourde.
2e question qui se pose à nous : comment organiser notre fourmillement d’idées ? Nous sommes très prolifiques sur les indices à cacher, mais comment unifier le tout ? Ce qui fait tout le charme et l’attrait de ce type de jeu, c’est que l’on nous raconte une histoire, qui ne soit pas simplement un prétexte, mais qui nourrisse l’intrigue…Nous partons donc sur une trame narrative qui joue sur les codes et stéréotypes de la bibliothèque et l’imaginaire qu’elle entretient, avec une déclinaison sur plusieurs époques et sur des personnages emblématiques ; dans la foulée, nous baptisons le jeu « De Bibliotheca », en hommage à Umberto Eco, récemment décédé. Les épreuves et les indices sont donc construits sur ce principe d’immersion dans une ambiance historique donnée, avec un recours systématique aux éléments techniques de la bibliothèque : livres, cotes, services… Pour organiser nos indices en back office, nous sommes partis sur un système de cartes heuristiques, et nous avons travaillé en binôme sur chaque « moment » du jeu (le début, la fin, les 3 époques parallèles).
Une autre adaptation a été nécessaire: dans un escape game « classique », le « maître du jeu » observe les équipes via une caméra, et dialogue avec eux et leur donne des indices par le truchement d’un écran vidéo. La configuration de la BU rend impossible ce type de dispositif. Nous décidons donc de disperser des personnages dans la bibliothèque qui sont là pour guider et aider les participants : personnages qui, bien sûr, sont liés aux ambiances historiques précédemment citées.
Ces multiples adaptations font que nous avons choisi de ne pas employer le terme d’escape game, mais plutôt « d’évènement cérébro-ludique » : on réfléchit et on s’amuse, voilà le principe.
La fin du jeu se conclut sur un moment convivial, qui permet aux participants d’échanger entre eux et avec nous sur leurs impressions, et pour nous, de recueillir de manière informelle leurs réactions et évaluations à chaud.