Cette illustration n’est en rien une référence à la regrettable phrase prononcée par un ancien président de la République lors d’un déplacement à Argenteuil en 2005. Elle vous présente le meilleur ami des bibliothécaires de la BU d’Angers, affectueusement appelé Pollux, qui s’illustre chaque été (et aussi ponctuellement dans l’année universitaire) en entretenant sols, coussins, tissus, assises, bref, tout ce qui vieillit et se tache. Le neuf ne dure pas, c’est un fait.
Si vous pensez que manier Pollux n’est pas dans votre fiche de poste, et qu’il convient de vous rapprocher de la cellule des marchés de votre université pour faire ajouter ces actions dans le marché ménage de votre BU, vous pouvez arrêter votre lecture ici ou vous préparer à pester.
Si vous avez récemment équipé votre bibliothèque de Fatboys, de plaids, de fauteuils confortables en tissu ou d’une salle de sieste, et que vous constatez que malgré des interdictions claires dans votre règlement intérieur, les étudiants boivent et mangent dans la BU, mettent les pieds sur les fauteuils, bref, vivent intensément [et comme chez eux] dans vos espaces, alors il vous est conseillé de poursuivre votre lecture.
J’ai récemment évoqué, devant une assemblée de bibliothécaires venus échanger sur les enjeux de sobriété énergétique et de transition(s) [congrès de l’ADBU de Dijon, du 9 au 11 octobre 2024], l’opération Ma BU se fait une beauté, organisée chaque année dans les BU d’Angers. Ce dispositif, déployé depuis maintenant presque 10 ans, vise à mettre à profit la période estivale pour se porter au chevet de nos BU, fatiguées d’une année d’usage intensif et de menues dégradations. Un ravalement de façade à portée de bibliothécaires, en somme. Considérant que notre responsabilité est avant tout d’assurer dans la durée l’attractivité de nos espaces et services, il me semble tout à fait naturel de consacrer un peu de temps, d’argent et d’énergie à nos bâtiments et espaces.
L’opération est structurée comme suit :
– l’entretien (grand ménage d’été)
– les travaux (de rafraichissement, légers donc)
– le mobilier
– la signalétique
Le procédé est extrêmement simple à mettre en place :
– constitution d’un petit groupe de collègues, organisé autour du référent infrastructures/espaces
– réalisation d’un rapport d’étonnement individuel (ou en binôme) autour des 4 thématiques déjà mentionnées. Les collègues mobilisés parcourent les espaces de la bibliothèque et notent tout ce qu’ils observent (et prennent des photos des éléments observés).
– ils complètent un fichier excel dédié du type Intitulé | Détails | Localisation qui sera ensuite complété par une colonne coût une fois la synthèse effectuée.
– un temps d’analyse et de synthèse, qui vise à prioriser les actions en fonction du budget alloué à l’opération
– faire / faire faire et suivre les opérations
– faire le bilan des réalisations et communiquer à destination de la communauté sur les améliorations
Au fil des années et des budgets, on constate que la somme consacrée à l’opération Ma BU se fait une beauté est globalement stable concernant la signalétique et l’entretien (bon de commande additionnel / prestations hors marché), toujours comprise entre 2000 et 5000€ pour les 2 BU.
Le montant consacré aux travaux de rafraichissement et au remplacement de mobiliers est plus variable et dépend en grande partie des marges disponibles [et il faut le reconnaitre, plus les années passent, plus les marges se réduisent]. Entre 2016 et 2024, les dépenses se situent entre 5000 à 10 000€ pour les menus travaux, idem pour le remplacement de mobiliers.
Si l’on veut être parfaitement exhaustif, il faut également mentionner le recours ponctuel au monitorat étudiant pour réaliser certaines des tâches, notamment du lessivage de surfaces (utilisation d’éponges magiques pour éviter d’avoir à repeindre certaines surfaces) ou du nettoyage d’assises en tissu grâce au fameux Pollux présenté en introduction. Cela représente un très faible volume d’heures (une cinquantaine d’heures tout au plus, soit moins de 1000€).
Ma BU se fait une beauté, c’est donc une opération qui coûte entre 10 et 25 000€ par an, soit entre 0,5% et 2% du budget moyen de fonctionnement du SCDA. Cette enveloppe, prise sur le budget du service vient compléter une enveloppe de 10 000€ par BU consacrée à la maintenance du locataire et pilotée par la direction du patrimoine immobilier et de la logistique (DPIL), qui sert à financer l’entretien courant du bâtiment et les interventions d’entreprises. Les dépenses de Gros Entretien Renouvellement (GER) sont prises du le budget de la DPIL (maintenance du propriétaire).
Si c’est le prix à payer pour que nos bibliothèques vieillissent avec grâce, proposer des espaces entretenus et permettre aux étudiants d’évoluer dans une bibliothèque agréable à vivre, alors il faut se mobiliser pour que jamais ne disparaisse BU Beauté, menacée par les restrictions budgétaires. L’entretien n’est pas une option : c’est le fondement de notre mission de service public, proposer des espaces et des services de qualité au plus grand nombre !