Méthodes Ux, active learning et formation des usagers (épisode 3) : pourquoi l’active learning ?

Legos

Ntr23, Colourful bricks, CC BY-NC-SA 2.0

Comment identifier les besoins des étudiants pour pouvoir mieux y répondre, et donc proposer une formation utile : voilà le premier point. Mais chacun d’entre nous a vécu, comme élève, comme étudiant, comme stagiaire en formation, la situation qui consiste à se dire que le contenu du cours nous sera réellement utile, mais qu’il est vraiment très mal fichu et/ou ennuyeux à mourir. Pour bien former, il nous faut donc aussi proposer un contenu utilisable… et désirable. Et c’est là qu’intervient le choix d’une pédagogie active et participative.Comment être utilisable, c’est-à-dire facile à utiliser ? En proposant des contenus clairs, reformulés à plusieurs reprises pour être sûr que chacun se les approprie, et en vérifiant l’acquisition des notions au cours de la séance, mais aussi en s’assurant d’un maximum d’attention de la part des participants lors des notions clés. Les sciences cognitives et les sciences de l’éducation ont montré que les méthodes traditionnelles du type cours magistral correspondent assez mal au fonctionnement de notre cerveau, qui a une attention très fluctuante au cours de la journée / d’une heure de cours, etc… (il suffit de suivre un cours en amphi pour en prendre conscience). Dans une situation d’écoute passive, l’attention diminue très vite, et est au contraire plus soutenue en situation d’apprentissage actif. Moralité : pour que les étudiants retiennent / comprennent mieux, il faut les faire participer et les impliquer dans la construction de la séance. L’active learning permet aussi, grâce à la variété des activités, d’avoir des reformulations successives et de s’assurer de la bonne compréhension des notions : les quiz de fin de séances, les reformulations au sein de petits groupes ou en situation de présentation devant le groupe complet, permettent à chaque membre du groupe de comparer ce qu’il a compris avec les autres et de s’assurer des notions acquises sans enjeu de notation.

Pour le côté désirable, voyez vous-même : entre un Powerpoint rébarbatif, plein de texte, et repris d’une voix monocorde, et une séance sous forme de petits travaux de groupe, défis, quiz par équipes, où l’on se lève, où l’on bouge dans l’espace, où l’on peut échanger avec ses voisins… Lequel choisissez-vous ? Etre désirable , c’est sortir nos utilisateurs de la situation passive d’auditeurs et les faire mettre la main à la pâte, et si possible de manière ludique et un peu amusante. Dans la formation au droit d’auteur pour les doctorants, nous avons ainsi introduit un quiz par équipes, où chaque groupe dispose d’un instrument de musique en guise de buzzer pour se faire entendre, et repart avec un petit lot de goodies à l’effigie de la BU. Le livre d’Andrew Walsh, Active learning techniques for librarians, et le blog Making games for Libraries, regorge d’idées à ce sujet. Vous craignez qu’on vous accuse de fumisterie ? Le sérieux des contenus, et l’explicitation claire des objectifs vous sauvera. Il suffit d’expliquer clairement au début pourquoi vous mettez en place cette activité et quels en sont les bénéfices attendus. Et surtout, il faut mettre en place des activités avec lesquelles vous êtes à l’aise : dans l’équipe de formateurs, certains apprécient les systèmes de travaux de groupes et les votes, mais ne se voient pas animer un quiz à la “Questions pour un champion” (alors que moi, ça m’amuse). Pas de souci : l’essentiel est de varier les activités, de faire participer les étudiants et de réveiller l’attention, personne n’a besoin de se transformer en animateur de foire pour cela.

Je détaillerai dans un prochain épisode quelques exemples en vrac d’activités que nous menons dans nos séances en active learning : vous verrez qu’il n’y a pas forcément besoin de maîtriser des plates-formes techniques et compliquées, et qu’on peut très bien faire de la pédagogie active avec quelques feuilles de carton de couleur, des posts-its, des castagnettes, des maracas, et quelques chocolats !