1. Un congrès pas comme les autres
Un congrès professionnel c’est souvent :
- un lieu impersonnel investi pour 2 ou 3 jours
- des participants qui portent un tour de cou coloré, un badge or un sac siglé
- des présentations sur le mode « discours sur la montagne » devant des participants plus ou moins attentifs
- des échanges superficiels aux pauses cafés et au dîner de gala entre gens qui se connaissent déjà, et dans le meilleur des cas des échanges un peu plus construits autour de posters plus ou moins bons
- un monde d’entre-soi où un « nouveau » se sent souvent exclu
- une unité de lieu, de temps, un programme sans imprévu
Cycling for libraries, né d’une idée un peu folle en marge du congrès 2011 de l’IFLA, est un congrès professionnel non conventionnel. On y retrouve : unité d’intérêt, échanges informels, rencontres, signe de reconnaissance, un gilet jaune remplaçant l’éternel badge. Là s’arrêtent les points communs.
Les bonus :
– une incroyable diversité chez les participants en terme de parcours, positions, métiers, origine, âge
– du temps pour réellement faire connaissance
– un but commun : arriver quelque part
– un chemin et des moyens communs, qui permettent une très forte intégration
– des lieux et des rencontres multiples
comme nous le disait le 5 septembre dernier, dans un autre contexte, le directeur de la BU de Chalmers à Goteborg en Suède, enjoignant les bibliothécaires à sortir de leur bibliothèque 🙂
2. Retour sur le Nordic Tour 2015 (Oslo-Gothenburg-Aarhus)
Le Nordic tour 2015, 5e édition de Cycling for libraries (et première pour moi) c’était :
– 80 personnes
– 25 nationalités
– 10 jours
– + de 30 visites de bibliothèques et + de 100 professionnels mobilisés au fil du tour pour accueillir et présenter in situ projets et réalisations.
Malgré les 700 km parcourus, il ne s’agit en rien d’un enjeu sportif, mais plutôt d’un parcours professionnel accéléré qui concentre en un temps record les expériences et les rencontres.
Quel apport pour moi, en tant que bibliothécaire ?
– Sortir de ma zone de confort
– Accroître l’ouverture d’esprit
– Avoir le luxe de prendre le temps de voir, approfondir, réfléchir sur ce qu’on voit, le fait de bouger entre les visites étant particulièrement propice à l’assimilation des expériences
– Apprendre des autres : multiples échanges sur les réalités des métiers des bibliothèques dans les différents pays, et sens de la communauté professionnelle
– Pratiquer sans honte le global english, l’échange primant sur la correction grammaticale et lexicale… voire même progresser en anglais des bibliothèques !
– Apprendre sur soi, ses ressources et ses limites
– Confiance en soi liée à une réussite collective
3. Des idées à foison
Je ferai plusieurs billets BUApro sur ce que je retiens des visites et rencontres : le fil rouge, c’est d’avoir vu les multiples manières de mettre en pratique le primat des services et de la convivialité en bibliothèque sur la « bibliothèque collection » et celui de la valorisation intelligente sur l’accumulation de stock.
4. Comment partager une telle expérience ?
Ce qui se voit bien souvent avec les congrès traditionnels, est que l’expérience, quelle que soit son intensité, n’enrichit que le participant lui-même et ne change en rien l’organisation où il s’en revient plein d’énergie et d’idées. Le pire est bien sûr l’effet club Med et de craindre de véhiculer l’image d’happy few en vacances pendant que d’autres s’échinent sur le terrain, qui fait que bien des participants à #cyc4lib hésitent à partager leur expérience avec les autres à leur retour.
Que fais-je maintenant ?
– En temps réel, je me suis astreinte des J1 au J9 à un partage d’images en temps réel, via Twitter et Google photos, sans commentaires, avec une synthèse mail à mi-parcours pour l’ensemble des collègues de la BUA.
– Au retour, ce billet est le premier d’une série de synthèses thématiques rédigées, sur les visites Cycling for libraries Nordic Tour et le congrès Next Libraries Festival qui s’en est suivi.
Ceux qui veulent regarder le feront, mais cela reste peu actif.
Alors, pour la suite, l’idée est de travailler en atelier, dans plusieurs groupes transversaux de la BUA (Formus, Valorisation physique, Equipe de direction, GAME (Groupe Aménagement, Mobilier, Espaces), Accueil rentrée) pour voir si certaines idées peuvent être reprises et adaptées localement.
Pour compléter ce travail, je propose également à tous, deux moments de questions/réponses autour de la pause café en milieu de matinée sur chacun des 2 sites, planifiées après publication des billets.
L’important est de sortir de l’anecdote et que cette expérience contribue à élargir la vision de chacun de nous sur les évolutions du métier de bibliothécaire, sur notre rôle au sein de nos communautés, sur notre rapport aux lieux, aux collections et aux services.
5. Et après ?
Je n’ai bien sûr qu’une seule envie, c’est adapter le principe des journées professionnelles roulantes à d’autres contextes*. A la fin de #cyc4lib, un collègue danois imaginait par exemple un tour des bibliothèques de Copenhague pour les bibliothécaires de son établissement.
Ce type d’événement professionnel paraît en effet tout indiqué lorsque des gens appelés à travailler ensemble doivent apprendre à se connaître et à construire un lien de confiance : sur les routes du Danemark, je rêvais déjà d’un Brest-Le Mans pour notre future COMUE Université Bretagne Loire, ouvert à tous les personnels et étudiants et couvert en temps réel par les différents services de communication interne, ou encore d’Ubib-tours régionaux pour rester dans le monde des bibliothèques…
Regarder ensemble, pédaler, réfléchir, discuter ne peut qu’être bénéfique à tous. Il ne s’agit en aucun cas d’une sortie sportive (les SUAPS et clubs sportifs font cela fort bien) mais d’un moyen privilégié de partir à la découverte les uns des autres et de créer du lien humain, des réseaux sociaux réels sur lesquels pourront ensuite s’appuyer toutes les infrastructures de communication dématérialisées qui aident à travailler ensemble. Chiche ?
* Note pour les collègues de Cyclobiblio, si un tour local #cyclobiblio empruntant la Loire à vélo ou la Vélo Francette vous tente, faites signe…