Ca avait commencé comme souvent, cette histoire, par parler de bâton, de sanction : l’Université d’Angers envisageait de se doter d’un logiciel anti-plagiat, ou logiciel de reconnaissance de similitudes. Fin 2012, un comité de pilotage anti-plagiat s’était monté à l’Université, regroupant des participants de différentes composantes et services communs. La BU avait été conviée pour évoquer DUNE, notre plate-forme de dépôt numérique des travaux d’étudiants, avec dans l’idée d’étudier la possibilité d’une connexion entre la plate-forme et le futur logiciel anti-plagiat.
A l’époque, le volet pédagogique anti-plagiat consistait en :
– un engagement de non-plagiat à insérer dans tous les travaux d’étudiants
– une page proposée par la BU, intégrée dans le mémo des examens (dernière page) avec des exemples assez concrets, mais assez invisible pour les étudiants : qui va jusqu’au bout de ce type de documents ?
Bien sûr, nous avions l’habitude de travailler sur la citation des sources dans nos formations à la recherche documentaire (comment rédiger une référence, comment utiliser Zotero…), mais nous ne rentrions pas forcément dans le détail des différents types de plagiat et de la manière de les éviter. De plus, il fallait bien faire le constat que nos formations étaient assez méconnues par une partie des acteurs de l’Université, même avec 4000 étudiants formés par an !
L’idée, dans le comité de pilotage anti-plagiat, a donc été de dériver d’un objectif technique (insérer un logiciel anti-plagiat dans une plate-forme davantage dédiée à une diffusion finale) à un objectif pédagogique (comment prévenir le plagiat en amont, par une formation à l’utilisation raisonnée des sources et aux grands principes de la propriété intellectuelle). Au-delà, il semblait important de mesurer les limites d’un logiciel anti-plagiat, comme le souligne très bien Jean-Noël Darde dans ce billet, et former les enseignants à l’interprétation des similitudes : 20 % de similitudes, si les références sont correctement sourcées, peuvent être signe d’un travail répondant aux exigences universitaires.
Au bout de 2 ans, le projet était finalisé. Après 1 an d’expérimentation sur des sites pilotes, les formations à la recherche documentaire proposées par la BU se sont enrichies, en plus de la partie « Comment citer vos références », d’un exercice spécifiquement dédié au plagiat, avec une activité pratique de comparaison de textes originaux et de réutilisations d’informations par des étudiants. Ces formations sont proposées à la grande majorité des primo-arrivants (L1 et autres). Ce point fait l’objet d’un rappel dans les formations L3 et/ou Master, toujours sous forme d’exercices pratiques de comparaison. Quant aux doctorants, ils bénéficient d’une formation spécifique au droit d’auteur et à la propriété intellectuelle , toujours sous forme très pratique, qui intègre la notion de plagiat. Certains cursus sont même demandeurs d’une formation spécifique d’une heure autour du plagiat. De leur côté, les enseignants ont été formés au logiciel finalement choisi (Ephorus) et à l’interprétation des résultats par une personne du pôle e-pédagogie.
Le comité de pilotage a également produit des pages d’information et d’auto-formation sur le site de l’université, avec un quiz conçu conjointement par la BU pour le contenu et par des personnels du pôle e-pédagogie pour la mise en forme, et des conseils pour éviter le plagiat. Les actions ont également donné lieu à une importante campagne de communication : production d’une vidéo par une troupe d’improvisation théâtrale, les Zygomatiks, marques-pages pédagogiques dans les BU (exemple en images dans ce billet), affiches, campagne relayée via les newsletters, les réseaux sociaux, le guichet numérique, des affiches, des écrans.
Ce travail préalable est prolongé chaque année par des relances régulières de communication et de formation.
Bref : un exemple de collaboration réussie entre différents services de l’Université, axé sur la pédagogie, et au service des étudiants et des apprentissages !