Un an et et puis un autre

Contexte : voici dix ans, la promotion DCB15, dite promotion Flora Tristan, quittait l’EnssibAfin de marquer cet anniversaire, l’idée de créer un site web regroupant des témoignages des membres de cette promotion se penchant sur leurs parcours  professionnels individuels a émergé mais, pour diverses raisons, cette idée n’est restée qu’une idée, et le site à l’état de brouillon.

Voici toutefois le billet que j’ai écrit pour l’occasion. Il synthétise 3650 jours.

clavier-article-danielJ’ai souvenir des derniers jours et de l’été qui commençait, des rendez-vous avec les recruteurs, de nos mines endimanchées dans les couloirs où restait encore un peu d’ombre, du sentiment que j’avais de la fin de l’année, peu ou prou bien le même que celui qui, depuis mes premières rentrées, termine toujours le mois de juin — une impression de fin qui n’a aucun retour, cette urgence que l’on sent à dire ce qu’il faut dire, et puis aussi évidemment, la peur de ce qui vient derrière le long tunnel éclatant du soleil, la rentrée qui s’annonce et avec elle aussi, les premiers pas de professionnel qu’on sait ne pas être du tout.

Et dix-huit mois après le premier jour

Nous sortions de mois qui avaient été, eux aussi, un tunnel. Les images sont nombreuses qu’on accumule en tant de jours, mais il surnage quelques moments, qui seraient des virages. Et le premier, ce sont ces premiers jours de la première semaine où les visages, les figures, ont commencé à se poser sur des noms, des gens, pendant que je me demandais s’il me fallait rester tant je ressentais l’énorme décalage qu’il y avait entre moi, ce que je savais, ce que j’étais, et ce que je pressentais, sentais, des personnes tout autour, à mes yeux stratosphériquement intelligentes et brillantes. Évidemment, je suis resté, il le fallait, ne serait-ce que pour voir où ça irait.

Je me souviens aussi de la première fois où quelqu’un, qui est ici sans doute à lire, m’a parlé de WordPress, lequel WordPress, ironie de l’histoire ou information de fait sur la persistance de l’outil, fait tourner le site sur lequel nous sommes à présent, devisant du temps qui passe et du métier qui reste. Moi qui avait jusque là un petit site caché quelque part sur le Web et dont les pauvres pages, qui faisaient ma grande fierté, étaient faites d’un HTML garanti main, je découvrais soudain la puissance d’un CMS, la facilité qu’il donnait à organiser les contenus, cette liberté que la séparation de la forme et du  fond permettait, et qui faisait qu’avec peu de clics, rapidement, un site web pouvait changer du tout au tout, au moins visuellement, ce qui n’est pas rien dans l’expérience qu’on en a comme lecteur.

Je me souviens également de la découverte de XML, des cours plein de malices sur un sujet pourtant aride, de l’émerveillement que j’ai ressenti devant la simplicité de ce langage et de son extensibilité, de ce qu’il laissait deviner de possibles et à évoquer cela, je m’aperçois sans surprise que  j’ai tout oublié ou presque de ce que j’ai appris alors, à part quelques noms, TEI, XSL-FO — l’une des choses qui émergent pour moi dans le bilan de ces dix années écoulées, c’est à quel point les savoirs techniques sont volatiles dès lors qu’on ne les utilise plus au quotidien.

Je me souviens, encore, et ce ne sont que deux exemples1, de grands moments de plaisir intellectuel. Je peux citer ainsi un cours sur FRBR magistralement mené par un intervenant dont j’ai oublié le nom, et qui a eu l’heureuse et pédagogique idée de nous faire refaire, from scratch et sous forme de travaux pratiques de groupes, le parcours intellectuel qui avait conduit à l’élaboration du modèle FRBR : pour une fois, foin d’un cours magistral, nous avons réfléchi comme des fous, les migraines ont été nombreuses mais payantes, et j’ai encore en moi la joie de ce jour de sentir mes neurones s’agiter en tout sens telles des puces devenues folles.

Je peux aussi citer l’Enssib parallèle, une série de mini-exposés que nous organisions le soir au sein de la promotion sur un principe simple : n’importe qui d’entre nous avait toute latitude pour intervenir sur un sujet lui tenant à cœur, devant notre auditoire volontaire. Ce petit dispositif, je le sais, a énormément compté à mes yeux, en ce qu’il m’a permis de découvrir la palette impressionnante des intérêts multiples des personnes partageant mon quotidien d’élève-conservateur — j’ai confirmé là, je crois, l’impression diffuse que j’avais de la force du collectif, impression qui n’a fait que se confirmer au long des mois de notre formation puis plus tard, mais j’y reviendrai.

J’ai fait mes premiers pas

J’ai évoqué plus haut la période finale, celle où la promotion s’alignait en face des postes proposés aux sortants d’école par les établissements prêts à accueillir dans leurs rangs des débutants, ou presque2. Pour moi, ce moment crucial n’a été d’aucune tension : le hasard avait bien fait les choses, le poste de mes rêves, que je lorgnais depuis des mois, s’était par miracle libéré, les rendez-vous de contact avaient été réalisé en amont du mouvement de sortie et pour tout dire, la fiche du poste en question, proposée aux sortants de la DCB 15, était profilée pour que je sois quasi le seul à y correspondre. De fait, mes camarades m’ont laissé sans débattre aller où je voulais.

On évoque peu le stress du débutant. Il y a un soir, il y a un matin, et l’on passe d’un seul coup d’élève-conservateur à professionnel des bibliothèques dont tout le monde, et en particulier les équipes qu’il encadre, est en droit d’attendre qu’il le soit, professionnel, alors même que par définition, c’est impossible, puisque manque l’essentiel : une expérience.

Pour ce qui me concerne, la difficulté a été relative, mon ancien métier m’ayant habitué à plus lourd, plus tendu, plus imprévisible surtout, mais tout de même, du jour au lendemain, me voilà à prendre la tête d’une équipe Bibnum et la relève de mon prédécesseur à cette place de responsable de la section Bibliothèque numérique de la Bu d’Angers dont le moins qu’on puisse dire est qu’il (mon prédécesseur) en a sous le capot — il est des situations de challenge qui vous poussent à travailler encore mieux, et plus, et celle-là en a été.

Pour l’essentiel, de ces sept années passées à piloter cette section assez particulière au sens où elle était, dans l’organigramme, l’équivalent des deux autres sections physiques de l’établissement, ce qui symboliquement et politiquement, était un geste fort, les apprentissages ont été principalement techniques avec évidemment, une masse d’outils à appréhender ; et organisationnels, tout particulièrement dans ce qui concerne les interactions avec les autres services de l’Université : je n’imaginais pas jusqu’alors à quel point une Université est un éco-système complexe avec lequel il faut composer, un paquebot qui si agile qu’il se veuille ne change pas de trajectoire aussi rapidement qu’il le faudrait, qu’on le voudrait.

Après ces premiers pas, diverses circonstances sur lesquelles il n’est pas nécessaire de revenir firent que j’en vins à quitter la bibliothèque pour rejoindre la Direction du Développement Numérique de l’Université d’Angers, plus connue partout ailleurs sous l’intitulé de D.S.I., sur un projet de pôle hébergé au Lab’UA et se donnant pour mission d’accompagner les chercheurs sur leurs données et publications. Durant deux années, la difficulté se révéla alors tout à la fois, de maintenir à flot un pôle créé ex-nihilo ; et de le rendre visible et audible auprès des chercheurs, sur des thématiques dont ils peuvent être parfois éloignés. La tâche fut difficile, et le pôle ne dépassa son deuxième anniversaire, le Lab’UA se recentrant sur un support strictement pédagogique. Évidemment, la pilule s’avéra un peu amère, mais de cette période, il reste Okina, l’archive ouverte institutionnelle qui fut montée au sein du pôle Données et Publications de la Recherche que je pilotais alors — pour Okina, je n’ai pas fait grand chose sinon pousser à la roue, mais c’est une fierté, assurément, d’avoir montré avec mon équipe d’alors qu’un tel projet pouvait parfaitement être monté, et très rapidement encore, si l’on se remontait vraiment les manches.

Depuis ? Depuis, je reste à la Direction du Développement Numérique de l’Université d’Angers, en responsable cette fois du tout récent Service de Transformation Numérique, un petit service (par la taille, mais les gerboises vont toujours plus vite que les éléphants) dont la mission est d’accompagner l’Université sur l’intégralité de sa stratégie numérique (vaste programme, lié aussi de fait à mon statut officiel récent de CDO de l’Université).

Voilà, esquissée en quelques lignes, dix années. L’exercice en cours ici est celui d’un bilan, d’un regard rétrospectif sur le chemin fait, les années écoulées. Si dix années constituent un vaste vivier où piocher de quoi réfléchir, à m’y pencher, je vois que des lignes de forces se dessinent dans mon parcours, qui ne sont pas si nombreuses qu’elles ne puissent pas être évoquées toutes ici.

Des bibliothèques pour tout et puis pour tous

Lors du concours de conservateur, au moment du grand oral (appelons-le comme cela histoire de rendre ce rite de passage solennel), l’un des membres du jury m’avait posé une question dont je savais qu’elle arriverait3 : passant ledit concours en interne, mais comme Conseiller Principal d’Éducation, métier qui peut paraître lointain des bibliothèques, je sentais qu’il me faudrait justifier cette bifurcation professionnelle. Cela me manqua pas : Pourquoi voulez-vous donc devenir Conservateur des bibliothèques, vous qui êtes CPE ? Ce sont des métiers très différents, non ?, me demanda-t-il.

La réponse est facile. Les métiers paraissent certes différents, et de beaucoup, et rien ne semble relier le CPE intervenant au milieu d’un conflit, voire d’une bagarre, au Conservateur des Bibliothèques en charge du numérique. Mais il y a des points communs, qu’on peut résumer par cette phrase qui a été, peu ou prou, ma réponse alors : dans une bibliothèque, dans un établissement scolaire, l’enjeu est d’accueillir tout le monde, de faire vivre tout le monde ensemble, l’enjeu est de faire que tout le monde ait progressé vers le meilleur quand le jour se termine, l’enjeu est que chaque personne apprenne quelque chose au cours de son passage, dans la bibliothèque, dans l’établissement scolaire, donc non, ces deux métiers, dans leurs visées, ne sont pas tellement différents quand seuls les éloignent les moyens dont ils disposent, et encore.

Cette réponse est certes un peu grandiloquente, il faut s’imaginer le cadre, le jury, le candidat dans son costume à peine étrenné et qu’il ne portera plus guère, la tension qui règne, quoi qu’on dise. Mais le fond, lui, n’a pas pris une ride et de ces dix années, chacune de mes actions, chacun de mes projets, au final, a tendu vers cela, participer à ce que nous, usagers que nous sommes ou servons, professionnels avec lesquels nous travaillions, progressions ensemble vers un meilleur dont je crois profondément qu’il passe par le savoir et la culture, tous les savoirs, toutes les cultures.

De là, évidemment, on rejoint facilement d’autres thématiques qui me sont chères, celles de l’accès ouvert, libre, et gratuit autant que faire se peut, à des savoirs, des cultures, des outils, en fait, tous ces mouvements dont le nom commence par Open ou se termine, francisé, par Ouvert.e et parmi lesquels évidemment, la thématique de l’Open Access, dont je pense, pour en avoir parlé ailleurs, ce qui m’évitera d’y revenir ici, qu’elle est un combat fondamental pour les Bibliothèques universitaires, combat qui, en dix années, n’a pas à mes yeux avancé assez4.

Mais pour ne pas quitter le sillon premier, ce que j’ai appris en ces années, c’est que la bibliothèque, assurément, était l’un des hauts lieux où il m’était possible d’œuvrer aussi, comme auparavant dans la cour du lycée, à un bien-vivre ensemble, à un bien-vivre mieux, intelligent ; et aussi, que la bibliothèque, comme hub, lieu de croisements, de partages, était certainement l’un des lieux les plus adéquats pour y faire preuve d’humanité, fut-elle numérique (ce qu’elle est et sera, sans aucun doute).

Éloge de la bibliothèque (numérique)

Ces ans entassés, je les ai passés quasi exclusivement à travailler des projets numériques, par choix, par goût, par envie, et aussi, clairement, parce que j’ai l’absolue certitude que la bibliothèque, c’est la bibliothèque numérique ou plutôt, qu’une bibliothèque ne peut qu’être numérique, ou encore, qu’il n’y a nulle rupture entre le monde des bibliothèques “physiques” et celui, éthéré, dans le cloud, qui serait celui où j’évolue quotidiennement, comme jadis à la BU d’Angers, comme ensuite au Lab’UA, comme maintenant à un niveau plus global où finalement se croisent exactement, toujours, les mêmes enjeux, que je viens d’évoquer, le tout, pour tous.

Lorsque je me suis installé dans mon premier poste, je répétais souvent que de disposer d’une section numérique, affichée comme telle dans la structure d’ensemble de la bibliothèque, était réel signe politique quand souvent, le numérique n’est qu’une vague mission transversale, voire un thème externalisé. C’était aussi pour moi un espoir, celui de voir considérées les tâches numériques non pas comme une spécialité hors les bibliothèques5, mais bien, comme une part entière du métier des bibliothèques, au même titre que la gestion physique des collections ou l’accueil des flux d’usagers, dans le continuum qui est le nôtre et se déplie du papier toilette au cloud.

La place du numérique dans la bibliothèque me semble toujours pourtant aujourd’hui faire débat, et mes constats vont tous encore dans le même sens d’une sorte de dichotomie, de coupure, entre la bibliothèque des bibliothécaires “classiques”, et son versant numérique censément réservé à une sorte particulière des bibliothécaires un peu geeks relégués dans leur particularisme. Les jours où le pessimisme gagne, j’ai même tendance à penser que la bataille est perdue parce que globalement, je constate un affaiblissement de la fonction numérique et informatique repérée comme telle dans les bibliothèques, qui devrait être confiée à des bibliothécaires spécialisés6 mais qui, donc, disparaît lentement des radars.

Je ne sais qu’en dire de nouveau. Je ne peux que répéter ce que je ne cesse de dire, que l’explosion faramineuse des outils numériques, des pratiques numériques7, que l’outil fantastique que sont le Web, les terminaux mobiles que nous avons toutes et tous, comme nos usagers, dans nos poches et nos cartables, nos sacs à dos, sont autant d’occasions historiques, pour nous, bibliothèques, de remplir nos missions. Je ne peux que répéter que, à un moment où un flot d’informations absolument inédit dans l’histoire de l’humanité déboule de toutes parts, nous n’avons jamais été aussi nécessaires pour aider à organiser, valoriser, structurer, comprendre, critiquer, assimiler, et que cela passe par la prise en main directe et franche de ce monde numérique, parce que la bibliothèque, en 2018, c’est la bibliothèque numérique (et inversement). Je ne peux que répéter, enfin, de manière plus imagée, que nous avons le cul sur un tas d’or, mais que nous dormons en rêvant du passé.

Vers le présent

Le pourquoi de cette situation, j’en vois quelques explications, assez claires, déjà sensibles il y a dix ans, et toujours évidentes maintenant, tenant principalement au recrutement des personnels de bibliothèques et en particulier des conservateurs. On le sait, le concours, sas d’entrée et filtre, ne porte aucunement sur la capacité à faire, mais sur celle à dire — il ne s’agit pas de montrer qu’on sait faire, mais de dire qu’on saura faire, dans une sorte de logique performative : je sais réfléchir, je sais le dire, je saurai le faire, et du numérique, comme du reste, je ne ferai qu’une bouchée, puisque je sais penser.

Il y a loin toutefois du discours au concret du monde, et pour ce qui concerne la partie qui est la mienne, il y a loin du discours sur le numérique à sa compréhension “intime”, comme il y a loin entre les ouvrages savants décrivant par le menu comment l’on fait de la bicyclette, et les chutes, les crampes, le mal au fondement, qu’est l’expérience d’une promenade à vélo.

Ce phénomène, par ailleurs, est amplifié par les logiques de miroir, d’entre-soi, propre à tout concours organisé par des structures encore très classiques, regroupant des jurys dont souvent, les membres sont loin d’avoir une expérience concrète du numérique, de celle qu’on acquiert les mains dans le cambouis. In fine, tout est ainsi en place pour une sorte de reproduction des schémas et des modes de fonctionnement, tout est en place pour que les recruteurs, trop souvent loin du numérique, recrutent leurs mêmes, bouclant la boucle d’un monde qui ne saute pas le pas pour aller dans ce qui est simplement notre présent, au moins, celui de tous nos usagers.

Peut-être qu’il serait enfin temps ici de réfléchir aux missions des bibliothèques, au levier que représentent les outils numériques pour atteindre à ces missions, peut-être qu’il serait temps de considérer que ces outils ne peuvent plus être ignorés, connus, explorés, maîtrisés, par ceux, celles qui sont amenés à piloter les bibliothèques, peut-être qu’il serait temps de se rendre compte, collectivement, qu’un espace nouveau est là, qui ne relève pas d’un phénomène de mode qu’il suffit de laisser passer, dans lequel nous devons être, si nous ne voulons pas qu’il se fasse sans nous. Et peut-être, sans doute, qu’il serait temps de modifier radicalement les règles du jeu qui fonde le recrutement de ces pilotes censément éclairés en faisant de la pratique numérique un incontournable des épreuves du concours.

Par ailleurs, je pense aussi qu’il est plus que temps d’horizontaliser nos fonctionnements, que le moment est venu de démonter les chaînes hiérarchiques, parce que nous perdons beaucoup à ne pas écouter, entendre, considérer ce qui nous vient d’idées, d’envies, d’aptitudes, de compétences numériques, de la part de nos collègues8 (et je pourrais ajouter, de nos usagers). Ici, mon propos est bien de dire que nos organigrammes doivent être démontés et que peut-être, cela commence, dans le monde physique, par des choses simples, des lieux professionnels où le cadre, le conservateur, ne travaille plus seul dans son bureau tour d’ivoire mais est assis auprès de son équipe, dans des bureaux communs.

Du collectif-web

De tout ce temps, on tire des leçons, sauf à avancer sans jamais se retourner, et encore. Les lignes qui précédent esquissent les contours de certaines de ces leçons, et peut-être que l’on sentira, en filigrane, une certaine désillusion : le débutant qui quittait l’Enssib en juin 2007, et le quinquagénaire légèrement plus aguerri maintenant, auraient beaucoup à se dire, et s’engueuleraient très probablement s’ils devaient se rencontrer à la faveur de quelque pli de l’espace-temps, le premier pensant que tout est possible rapidement, le second le tempérant certainement avec cette sorte de lassitude qui vient à force de pousser sa pierre dans un environnement, des fonctionnements, qui ne changent pas, ou en tous cas, pas aussi vite que le monde autour.

Il y a cependant un point qu’il faut relever, pour terminer, et qui redonne espoir. J’ai dit plus haut comment, lors des séances de l’Enssib parallèle, j’avais senti poindre la force du collectif, ce qui pouvait se passer quand des individus, si hétérogènes qu’ils soient, partageaient leurs connaissances et leurs différences. Dans le même temps, et je l’ai découvert là-bas, naissaient de petites choses comme Twitter ou Facebook, et grossissait une biblio-blogosphère9, tous évènements alors anodins mais qui, à mes yeux et avec le recul, ont participé à la mise en place, dans mon domaine professionnel, d’un collectif dont je vois s’exprimer chaque jour la force dans les échanges à distance qu’il permet, dans l’entraide qu’il autorise, dans le rire qu’il apporte. Mes collègues sont ainsi autant mes voisins de bureaux que ceux, celles dont parfois je n’ai jamais vu le visage, mais avec qui je suis, travaille, chaque jour, au travers de l’écran.

Ce changement-là, cette extension vers l’immatériel d’une force de travail, cette naissance d’un collectif,  cela, pour moi, est assurément le point positif qui surnage des dix ans et dont, je crois, peu de personnes prennent encore conscience dans mon entourage professionnel comme dans les structures de pilotage des bibliothèques, clairement, par absence de pratique. Ici, en dix années, j’ai le sentiment très fort que mon espace professionnel, et les puissances de travail comme de réflexions que je peux y mobiliser, s’est ouvert au-delà de tout ce que je pouvais imaginer en quittant l’Enssib, me donnant la possibilité, à tout moment, de réellement échanger avec un groupe de professionnels dans un espace immatériel surplombant mon quotidien et, pour tout dire, le dépassant, comme une couche qui viendrait en plus et donnerait à tout énormément plus de force et de goût.

Au-delà de la reconnaissance toujours insuffisante du numérique comme pivot essentiel des bibliothèques, au-delà de que nous pourrions faire pour l’Ouvert et que nous ne faisons pas, au-delà des lourdeurs terribles qui nous plombent, faisant disparaître dans le sable nos énergies et nos projets, cette naissance d’un collectif-web, que je retrouve par ailleurs dans d’autres de mes activités lorsque je sors de la bibliothèque ou du bureau ; cette naissance d’un collectif-web qui est aussi un “corps-web”, assurément, est le principal point positif qui surnage sur les dix années passées. Pour le reste, qui doit être encore amélioré ou même tout simplement entamé, réalisé, on y travaille.


1. Il y en a d’autres évidemment, dont les soirées de la Coquette de Lyon, atelier d’écriture où, assurément, nous avons bien ri.
2. Certains, certaines d’entre nous ne l’étaient pas, arrivé.e.s d’emblée plein d’une expérience dont les débutants, les vrais, dont j’étais, avaient pu profiter.
3. C’est l’un de mes conseils de préparation du concours, d’ailleurs : chercher les questions qu’inévitablement, votre parcours antérieur fera apparaître, pour mieux préparer votre réponse. L’autre conseil, c’est de passer des oraux blancs pour que d’autres repèrent les points questionnants de votre parcours, points qui attireront forcément l’attention du jury.
4. Nous aurions pu aller plus vite, gagner des batailles plus décisives, mais je ne sais pourquoi, il règne ici une pesanteur, une inertie, qui gâchent tout.
5. Ce qu’elles sont dès lors que les missions numériques relevant de la bibliothèque sont externalisées, éloignées, renvoyées aux services spécialisés de type D.S.I. où, quoi qu’on fasse, elles (ces missions) se diluent parmi d’autres tâches.
6. Cette spécialisation, nécessaire à mes yeux parce que le numérique ou l’informatique documentaires ont des spécificités techniques et culturelles dont les collègues informaticiens sont loin, chacun son métier, n’étant en rien incompatible avec, d’une part, la nécessaire acculturation de tous les personnels de bibliothèques à ces outils et problématiques ; d’autre part, un travail conjoint avec les D.S.I. support, les spécialistes “internes” que j’évoque jouant le rôle, littéralement, d’interfaces entre ces différents acteurs.
7. Et je ne parle même pas des Humanités numériques sur lesquelles pourtant nous devrions nous jeter, nous, conservateurs issus pour notre très grande majorité de filières strictement littéraires.
8. C’est souvent que l’on m’a raconté, ici ou là, comment tel ou telle, venant avec son idée de service, sa proposition numérique, avait été envoyé.e. dans les cordes dans un mépris hiérarchique cachant aussi, de manière visible, une incompréhension technique ou sociétale.
9. Biblio-blogosphère qui depuis a quelque peu été asséchée au profit des échanges sur les réseaux sociaux, mais c’est une autre problématique.


NB : le cliché illustrant cet article a été placé sous licence CC0 par David Verbrugge.

Former de jeunes pros à l’alimentation de Wikipédia, un retour d’expérience #3

Le moment Battle

Pour clore en beauté ce cycle de deux journées autour des fondamentaux de Wikipédia et de comment l’utiliser concrètement, nous avons enfin organisé une brève Battle Wikipédia.

Pour mémoire, une battle Wikipédia consiste à mettre face à face deux concurrents et à leur donner une page de départ sur l’encyclopédie. Une fois les deux personnes calées sur ladite page, on leur annonce une page d’arrivée, toujours dans Wikipédia : au top départ, le challenge est de parcourir le plus rapidement possible le chemin entre ces deux pages, en utilisant exclusivement les liens présents dans l’article de départ puis les suivants – l’usage du Ctrl F pour effectuer une recherche d’occurrence sur la page affichée est ici la seule aide autorisée. Évidemment, nous avons utilisé deux ordinateurs, chacun relié à son propre vidéoprojecteur, pour que les “spectateurs” puissent suivre le parcours de chacun, et les encourager.

Les trois défis ont été (si vous voulez vous amuser à essayer) :

Page de départ Page d’arrivée
Anisette Jean Moulin
Nouvelle vague musicale yougoslave Marelle
Teurgoule Harry Potter

 

Le défi Nouvelle vague musicale yougoslave > Marelle s’est avéré particulièrement difficile pour nos deux candidats du moment. Le gagnant, qui a terminé son parcours hors délai, est finalement parvenu à rejoindre la marelle… en empruntant la route des pages “tuerie en milieu scolaire” et “jeu de non-oxygénation” 😉

LE MOMENT Bilan

Au final, le dispositif a globalement bien fonctionné, avec des présents intéressés, concentrés et participants.

Par ailleurs, selon les retours que nous avons pu avoir lors du rapide et informel debrief final, la promo a apprécié :

  • les travaux de groupe et le fait d’avoir eu à réfléchir sur une période courte avec des camarades pas forcément croisée souvent (leur emploi du temps tendant à créer deux sous-ensembles assez étanches au sein de la promo Panist) ;
  • le fait d’être considérée par les intervenants comme un ensemble de professionnels, dans une logique de travail de pairs à pairs, et pas sur un modèle vertical “nous sommes les profs et nous savons tout, vous êtes là pour écouter la bonne parole” ;

Avec le recul, la plage Editathon était peut-être globalement trop longue – il est vrai qu’une quasi-journée consacrée à de l’édition d’articles peut s’avérer fastidieuse, surtout pour des “débutants”.

Très peu des interventions listées via le tableau des modifications (les post-its) ont concernées les groupes initiaux, et les thématiques par nous proposées lors de la première journée. Plusieurs interprétations (non exclusives) paraissent possibles :

  • les tâches d’importance repérées lors de la première journée ont pu rebuter même les plus volontaires (pour presque toutes les thématiques, l’état des lieux initial a montré qu’il y avait vraiment du travail) ;
  • le fait de casser les groupes lors de la deuxième journée, pour les faire travailler sur les scénarios, a pu ralentir ou désorganiser le traitement des thématiques alors même que nous pensions qu’il était intéressant de voir comment les groupes initiaux parviendraient à avancer sur leur thème malgré une seconde journée un peu découpée ;
  • la promo étant constituée en très grande majorité de personnes faisant leurs premiers pas sur Wikipédia, d’une part ; et les thématiques traitées étant d’autres part très professionnelles, il se peut qu’une autocensure ait eu des effets de ralentissements, avec peut-être une logique du type “je ne suis pas légitime à traiter un sujet que je connais assez mal encore” ;

Quoi qu’il en soit, ce qui constituait pour nous une première, dans la forme et dans le lieu mythique qu’est notre maison-mère, s’est avéré plus qu’intéressant, et vécu comme une réussite.

Il reste maintenant à peaufiner peut-être le dispositif et, plus certainement, à intégrer l’initiation à la rédaction dans Wikipédia au sein des autres cursus présents à l’Enssib –suivez mon regard.

Former de jeunes pros à l’alimentation de Wikipédia, un retour d’expérience #2

Journée 2

Suite aux deux premières journées évoquées précédemment, une dernière journée a réuni toute la promotion Panist. Lors de cet évènement, nous avons mené de front deux “animations”, l’Editathon et un travail de réflexion de groupe, se déployant en parallèle (planning de la journée ci-dessous) :

programme

Editathon

Il s’agissait ici de passer à une phase concrète de rédaction dans Wikipédia, avec une commande globale du type “maintenant, intervenez dans Wikipédia, sur le thème qui est le vôtre, en effectuant autant de travaux que vous le pouvez à partir des observations de la séance dernière”. Au passage, nous avons également précisé qu’il était possible par ailleurs de travailler sur d’autres thèmes au choix, ou de se plonger dans un travail de relecture des ouvrages océrisés dans Wikisource, ou de se pencher sur des tâches plus “modestes” comme la correction d’articles ou de fautes – l’important pour les étudiants ici étant bien d’intervenir dans Wikipédia, de quelque manière que ce soit.

Dans tous les cas, il était demandé à chacun.e de noter sur un post-it (les couleurs n’étant pas codifées) la teneur de ses interventions dans l’encyclopédie, l’idée étant de visualiser pour le groupe la “volumétrie” desdites interventions. Au final, en fin de journée, le recueil de interventions s’est avéré pour le moins intéressant (et amusant, comme le montre le tableau ci-dessous — pensez à vous déplacer sur les côtés, vous avez une map en bas à droite pour vous repérer).

postits-panist-wikipedia-2016

Un travail de groupe

Dans le même temps, nous avons mis en place un travail de groupes autour de mises en situation déclinées toutes sur le même modèle, à savoir “vous êtes dans telle institution, vous souhaitez mettre en place telle action autour de Wikipédia, comment procédez-vous ?

Pour casser les groupes formés lors de la journée précédente, et “forcer” un travail rapide avec des “inconnus” ou des personnes que l’on peut ne pas apprécier forcément (le contexte pro réel est empli de ces situations), les groupes ont cette fois été construits par le biais d’une distribution aléatoire de cartes numérotées, chaque carte reliant l’individu à un groupe (voilà le fichier des numéros de groupe 1 à 11 à piocher, prévu pour impression recto verso sur A4 et massicotage, 5 cartes A6 de chaque groupe)

Par ailleurs, juste avant que démarre la plage horaire réservée, sur le planning de la journée, à ces travaux, chaque groupe se voyait remettre une consigne qui constituerait la base de ses réflexions (et voici le fichier des 11 consignes pour impression recto verso et massicotage format A6)

À l’issue du (relativement) bref temps imparti, chaque groupe devait produire un poster (ci-dessous, les 11 posters) et pitcher en huit minutes maximum le résultat de ses réflexions devant l’ensemble de la promotion.

Enfin, pour finir la journée et nous remettre de nos émotions, il fallait bien un moment festif, mais il fera l’objet du dernier billet de cette série, où nous ferons également un petit retour critique sur cette expérience.

Former de jeunes pros à l’alimentation de Wikipédia, un retour d’expérience #1

La question de l’alimentation de Wikipédia et de la place de cette problématique dans le milieu professionnel est un thème pour le moins intéressant pour ce qui regarde les bibliothèques. Dans ce cadre, le propos du jour est de rendre compte en détail du travail mené récemment avec ma collègue Stéphanie Bouvier au sein de l’Enssib où Marie Defosse, consultante-formatrice et maître de conférences associé à l’Enssib, nous a proposé d’intervenir auprès de ses ouailles, en l’occurrence, les master Panist.

Nos objectifs, sur ce projet, étaient de plusieurs ordres :

  • Initier de jeunes professionnels de l’information et de de la documentation à Wikipédia ;
  • Leur faire dépasser la posture classique d’usagers passifs de l’encyclopédie pour en faire des rédacteurs actifs ;
  • Les amener également à réfléchir à la manière dont l’encyclopédie peut être intégrée dans leurs projets futurs, sitôt qu’ils seront entrés dans une vie professionnelle ;
  • De manière subreptice, les initier à Zotero, à la logique des “posters”, et à un certain nombre de thématiques qu’ils seront amenés à croiser dans leur futur professionnel proche.

Organisation

Du fait du nombre important d’étudiants (une cinquantaine), nous avons procédé en deux temps et trois mouvements : la promotion du master Panist  a d’abord été scindée en deux ensembles de 25 personnes, et chaque ensemble a passé une journée avec nous. Ensuite, une seconde journée pensée sous forme d’un edit-a-thon et rassemblant l’intégralité de la promotion Panist a été l’occasion de mettre en pratique les éléments évoqués lors de la première journée.

Déroulé des séances

Le timing relativement serré, d’une part ; et le nombre assez important de personnes présentes, d’autre part, ne permettant pas d’entrer dans la démarche très “accompagnante” que nous avions déjà déployée au sein du Lab’UA, nous nous sommes organisés de manière différente, avec une logique de “saut dans le bain” assez rapide.

Journée 1

1. une première partie (09h00 – 11h00) de “cours magistral” a permis d’exposer ce qu’est Wikipédia, son environnement et son fonctionnement, à partir de ce support ; l’anatomie des articles, et la manière dont on les évalue, a ensuite été traitée afin de déclencher une prise en compte de l’environnement d’édition, de classification et d’évaluation des contenus Wikipédia dont, la plupart du temps, le “simple” usager n’a pas conscience ;

2. une seconde partie, plus exploratoire (11h00 – 15h00), s’est faite en groupes de travail, la commande étant d’étudier l’éco-système de Wikipédia autour d’une série de thèmes liés peu ou prou au monde des bibliothèques, et proposés par nos soins, à savoir :

  • Design Thinking
  • Fablabs
  • Innovation
  • Internet des objets
  • Réalité virtuelle
  • Open Access
  • Horizon 2020
  • Loi pour une République Numérique
  • Print on Demand
  • Web de Données
  • Smart City

La consigne donnée incluait l’usage de groupes Zotero pour enregistrer les différents articles repérés, à la fois pour que le groupe en conserve une trace, et dans l’optique d’une prise en main de Zotero (l’outil étant assez intuitif pour pouvoir être maîtrisé dans ses grandes lignes très rapidement).

3. enfin, pour terminer le jour (15h00 – 17h00), chaque groupe effectuait un retour synthétique, devant l’ensemble des présents, sur les premiers constats faits autour de la thématique travaillée, autour de lignes directrices déclenchées par autant de questions que nous avions suggéré de se poser à l’étude de la thématique (Comment le thème est-il traité ? Quels sont les articles liés, proches ? Quels sont les manques ? Quels articles gagneraient à être remaniés, réécrits ? Existe-t-il un article sur le sujet dans la Wikipédia anglophone, qui pourrait donner lieu à une traduction, etc. ?)

Ces retours, outre qu’il supposait de formaliser une cartographie de la thématique dans Wikipédia, nous permettaient en outre d’apporter commentaires et éclairages : la promotion ne comptant que deux ou trois personnes sur cinquante ayant une expérience d’édition d’un article dans l’encyclopédie, les étudiants découvraient le même jour l’environnement des articles et cette logique d’écosystème autour des thématiques étudiées, étant entendu que par ailleurs, la plupart de ces thématiques leur étaient largement inconnues.

Cette journée écoulée, les premières pierres étant posées, il était temps de passer à la suite : c’est l’objet du billet qui traite de la seconde journée du dispositif ici décrit.

La petite minute Drupal

En reprenant mon CV, je me suis aperçu que cela faisait maintenant 3 années au moins que j’intervenais modestement dans le cadre du Master LiMés de l’Université de Poitiers sans avoir expliqué ici ce que j’y faisais, et pourquoi. Il est temps.

Une fois par an, donc, les étudiant/e/s du M1 ont droit en guise de punition à passer quelques 18 heures avec bibi autour d’un seul sujet : Drupal.

Il s’agit bien d’un TD : en nous appuyant sur les espaces d’hébergement ouverts par le très efficace service informatique de la Fac de Lettres de Poitiers, nous installons un Drupal par personne présente, puis explorons ensemble, les mains dans le moteur, les principaux concepts, outils et modules du CMS (types de contenus, formats de texte, champs, users, rôles, gestion des images, sons et vidéos, cartes, et évidemment, le module Views).

18 heures, c’est certes court pour aborder un outil dont la courbe d’apprentissage peut sembler pentue, mais le but n’est pas que les étudiant/e/s sortent de là comme experts Drupal : le temps disponible est évidemment insuffisant, je ne me considère pas moi-même comme un expert Drupal (et donc, je pourrais difficilement former des experts) et de toutes les manières, l’objectif n’est pas là.

Mon objectif est de fait tout différent. En résumé, il s’agit, par une prise en main effective de l’outil, de faire toucher de la souris plusieurs idées :

  • l’installation, l’usage d’un CMS même réputé ardu comme Drupal ne l’est pas tant que ça et est à la portée d’à peu près n’importe quelle personne un peu vive ;
  • il est tout à fait possible pour chacun.e de se monter un site web en quelques poignées de minutes ;
  • la connaissance et la maîtrise d’un outil web type CMS font partie de la culture technique de base pour quelqu’un qui va travailler dans (je cite l’à propos de la formation) “le domaine des médiations du livre (papier ou numérique)” ;

En transversal, je veux faire passer aussi aux étudiant/e/s que :

  • il est toujours bon de savoir de quoi il retourne quand on aura à interagir avec des prestataires techniques (un prestataire qui vous facture une semaine de travail pour l’installation d’un Drupal de base est en train de vous berner, et vous le savez une fois que vous avez installé vous-même un Drupal) ;
  • ce n’est pas en théorisant sur un sujet, mais bien en faisant qu’on comprend ce qu’on fait et qu’on peut le penser/piloter dans ses visées et son éco-système ;
  • le web est un lieu incontournable (de la médiation) du livre et de l’écrit : vous pouvez soit faire semblant de l’ignorer (mais dans ce cas, vu l’intitulé de la formation et l’évolution du monde, votre carrière va être compliquée), soit prendre le truc en main y compris dans ses dimensions techniques — et ce sera plus qu’inspirant.

Évidemment, tout ce qui précède vaut aussi dans les métiers des bibliothèques mais ça, vous l’aviez compris, n’est-ce pas ?

What a wonderful world (of data)


BO : Louis Amstrong, What a wonderful world, via Archive.org

Or donc me voici de retour d’un stage organisé par la formation continue de notre maison mère, stage concernant la gestion des données de la recherche et par ricochet la place que nous pouvons/devons avoir dans l’éco-système de ce “nouvel” composant de notre paysage professionnel.

Stage intéressant dans l’ensemble, bien que me laissant l’impression bizarre d’un encore mystère global sur la manière dont ce déluge va être organisé/digéré de notre côté : il y a un côté totale impro qui me surprend toujours, surtout venant de très grosses structures mais bon, ce doit être ça, la French Touch*.

Un moment m’a particulièrement interpellé, celui où nos collègues bibliothécaires de l’EPFL sont intervenues (juste pour information, leur bibliothèque aligne sur le pont 7 personnes soit 3 ETP dédiés à l’accompagnement des chercheurs sur la gestion de leurs données sachant que globalement, la bibliothèque compte 39,6 ETP en date du 30 septembre 2015 — je vous laisse réfléchir à ce chiffre).

L’exercice par elles proposé consistait donc à dégager de X offres d’emploi issues de boutiques anglo-saxonnes des éléments du type “quels sont les compétences métier recherchées” et de produire en retour synthétique des post-it (ceux qui me connaissent savent à quel point j’aime les plans post-it, mon rêve secret étant, si mon Karma m’y autorise, de me réincarner en post-it, mais ça reste entre nous).

La conclusion manifeste de cet exercice était simple : toute une partie des compétences attendues dans ce domaine par les (futurs) employeurs (ici émergent déjà des besoins auxquels il va falloir nécessairement répondre, et vite) sont d’une part très techniques ; d’autre part bien loin des compétences actuelles d’une majeure part des professionnels des bibliothèques (je m’inclus).

Ce moment post-it a eu le mérite de faire émerger deux questions :

A/ Quand et comment la profession va-t-elle répondre à ces besoins, et surtout via quelles formations initiales et continues concrètes à la fois pour profiler rapidement des professionnels type data librarians ; et des cadres en mesure de piloter des équipes de data librarians ? (nous étions à l’Enssib, c’est aussi pour cela que l’interrogation allait de soi)

B/ Autre interrogation initiée par Solenn Bihan, que je reprends/remouline ici : ces équipes de data librarians sont/seront souvent de petites équipes (comme le sont les équipes bibnum d’ailleurs) très techniques. Comment ces compétences atypiques seront-elles reconnues dans les parcours des agents, quand on sait à quels points la reconnaissance pro semble généralement porter sur des critères fort différents de ceux esquissés ici en filigrane ? Par ailleurs, comment l’encadrement de ces équipes à compétences particulières sera-t-il valorisé dans l’évaluation et l’évolution de carrière de leurs cadres (on retombe là sur l’histoire déjà connue de tous les responsables de team techniques qui se voient quasi systématiquement écartés au moment des promotions au motif que leurs équipes ne font pas le poids numéraire face à des sections traditionnelles) ? Dit autrement, quand la compétence technique viendra-t-elle enfin égaler dans l’évaluation la compétence bibliothéconomique traditionnelle ?

Je pose ça là. Les commentaires vous sont ouverts.

PS : sinon, toujours le même plaisir trouble à revenir dans notre Vatican à nous, entre agacement (ah cet énorme potentiel que je sens sous-exploité) et agrément des discussions avec celles et ceux que l’on y recroise et qui tentent de préparer au mieux les jeunes recrues que nous enverrons au feu dans la bataille de l’information dès demain (LOL)

* en français dans le texte

Rendez-vous 12h15

Puisque nous avons maintenant un peu de recul, c’est le moment pour moi de revenir sur un dispositif précis lancé dans le cadre du lab’UA (structure sur laquelle je suis détaché depuis maintenant presque une année) : les midis du lab’UA.

Le principe des midis est simple : à une heure facilement mémorisable (12h15), pour un temps contraint (45 minutes), dans une ambiance décontractée (sandwichs welcome, café offert) et face à un public volontairement restreint (en moyenne, une dizaine de personnes, avec une capacité maximale de 20 places), faire découvrir des outils ou services en ligne dont nous pensons qu’ils pourraient être intéressants pour les enseignants-chercheurs, soit dans un cadre pédagogique, soit dans leurs pratiques de recherche.

Le dispositif croise une des missions générales du lab’UA (accompagner les demandes “numériques” des enseignants-chercheurs) en la prenant à rebours : plutôt que d’attendre des demandes du type “j’ai telle chose à faire, pouvez-vous m’aider” (demandes auxquelles évidemment, nous répondons aussi), il s’agit de montrer des existants qui pourraient, soit aider notre public dans son travail (Zotero est ici l’exemple parfait) ; soit lui ouvrir des horizons (pédagogiques mais pas seulement, cf. Orcid) nouveaux (c’est dans cette optique que le midi du lab’UA de ce huit décembre a été l’occasion de présenter Framapad : il nous semblait assez évident que l’outil pouvait donner lieu à des applications pédagogiques).

La ligne directrice du dispositif comporte aussi lorsque possible un objectif de présentation et de diffusion d’outils (libres) déployés par la DDN (Direction du Développement Numérique) qui, dans un certain nombre de cas (citons Owncloud), se veulent une réponse “locale” et “maitrisée” à des outils anglo-saxons sur lesquelles nous savons que nombre de fichiers et données sensibles sont/étaient diffusés, avec tous les risques possibles que l’on sait (coucou la NSA).

Le bilan à cette heure est très positif. Les personnes inscrites (via le site du lab’UA, grâce un module Drupal parfaitement adapté à cet usage, Registration), nous font de très bons retours : le créneau de 45 minutes permet aux présents de ne pas perdre de temps, et de repartir avec des idées et/ou des outils qui, pour certains, ont été mis en oeuvre dès après une de nos présentations. L’ambiance décontractée (quelques tables, un vidéo-projecteur, le tout dans nos locaux encore “roots”) comme la taille réduite du groupe aident à la discussion et aux échanges. Et les retours, questions, remarques, trouvent des réponses immédiates (nous sommes en face à face).

En bref : le dispositif continue, dès après les fêtes, et le programme est déjà finalisé. Encore quelques jours et il sera en ligne sur notre agenda où, au passage, vous pouvez voir le programme du trimestre passé en téléchargeant le “flyer” pdf sur la droite, pour vous faire une idée.

PS : je n’évoque pas pour l’instant ici (entre autres par souci de compacité du billet) l’autre versant de ces rendez-vous réguliers du lab’UA, à savoir les matinales — ces matinales, orientées plus spécifiquement vers la pédagogie, sont pilotées par les collègues e-pédagogie du lab’UA et traitent, sur un temps plus long (deux heures), spécifiquement, de pratiques pédagogiques. Par contre, je peux déjà vous dire, en avant-première, qu’une de ces matinales à venir consistera en un retour d’expérience de l’atelier Wikipédia dont nous avons déjà rendu compte ici.

Le mulot mort des bibliothèques

<MàJ 2 du 25 mai 2014>Merci à Christine pour la liste des postes I.T.R.F.  mais malheureusement, rien dans le tableau ne permet de déterminer si les recrutements indiqués sont à destination des bibliothèques. On reste donc dans le flou quand à la proportion d’I.T.R.F Bap E dans le monde magique des bibs </MàJ>

<MàJ du 25 mai 2014> On me fait fort justement remarquer dans l’oreillette que je pose en regard une liste de recrutement hyper-spécialisée (code4libs) à une liste de profils généralistes (Poppée) et que cela pose un problème méthodologique. Effectivement, à y réfléchir, je compare des choux et des carottes.
Il faudrait donc aligner en face de la liste des jobs code4libs l’équivalent pour nos I.T.R.F. recrutés à destination des bibliothèques, mais je n’ai pas trouvé de telle liste : merci de la signaler en commentaire si vous savez où la trouver afin que ma comparaison devienne plus scientifique.
Cela dit, je maintiens mes positions sur la suite du billet : ma comparaison choux-carottes pose problème, mais il reste vrai que la soupe des bibliothèques manque très cruellement de spécialistes du numérique, et ce n’est pas qu’une histoire de goût personnel.</MàJ>


Twitter est un outil professionnel très important pour moi (non, ce n’est pas un endroit réservé aux lolcats et autres pédophiles nazis et si vous en êtes encore là sur votre compréhension des réseaux sociaux, ce n’est peut-être pas la peine de continuer à lire) et c’est via Twitter (merci les potes) que je suis retombé sur code4libs (en résumé, un site consacré aux bibs à forte orientation numérique sur lequel j’étais déjà passé mais que j’avais arrêté de suivre, trop douloureux que c’était).

Je vous laisse aller découvrir les recrutements en cours actuellement dans les universités anglo-saxonnes et je vous laisse également mettre en regard les profils de poste en bibliothèques que nous voyons apparaître par exemple dans le très français Poppée.

Voilà, je pense que vous avez compris le problème.

Ce décalage énorme, sur lequel je me suis déjà exprimé (ça me lasse, ce radotage, vous ne pouvez pas imaginer), est à mes yeux très symptomatique de la manière dont les bibliothèques françaises gèrent le changement de civilisation actuellement en cours du fait du numérique : elles ne le gèrent pas, et continuent à penser que savoir vaguement utiliser Excel ou Word est le fin du fin numérique.

Personnellement, je pense que ce problème est lié en grande partie au fait qu’une bonne partie de notre encadrement de haut niveau n’a absolument pas compris ce qui se passe : les cadres mentaux de nos pilotes ne sont tout simplement pas en mesure de penser le bouleversement en cours et donc, encore moins, de l’accompagner. Notre encadrement fait donc ce que nous faisons tous dans ce cas, il se replie sur ce qu’il connaît, la conservation, le gardiennage de la culture (comme si le numérique était incompatible avec la culture), le blah blah théorique, la recherche bibliothéconomique (cette vaste blague).

Je pense aussi que notre recrutement doit changer. Urgemment. Certes, la fonction publique fait que l’on ne peut pas faire ce que l’on veut. Mais en attendant une évolution du recrutement et des formations initiales des bibliothécaires (on peut rêver), il me semble que nous avons deux moyens d’actions :

  • faire des recrutements contractuels sur fonds propres (au besoin en sacrifiant temporairement la documentation, papier en particulier) ;
  • et surtout, saisir toute possibilité de basculer un poste de bibliothécaire en I.T.R.F. Bap E, en cessant enfin de fonctionner dans cette logique (de caste) de maintien à tout prix de postes de bibliothécaires : des bibliothécaires, dans nos boutiques, nous en avons bien assez maintenant, ce n’est vraiment plus de cela que nous avons besoin.

J’en profite pour répondre à quelques arguments qui m’ont déjà été opposés sur ce qui précède :

  • le modèle des universités privées américaines n’est pas notre modèle : c’est vrai et tout n’est pas bon dans le modèle américain, loin s’en faut. Mais regardez la liste de jobs que je pointe. Il y a également des universités publiques. Alors, pourquoi y arrivent-elles, et pas nous ?
  • formons des bibliothécaires déjà en place, au numérique : croyez-moi, il est beaucoup beaucoup plus rapide d’acculturer un développeur aux particularités (pas si particulières, du point de vue technique) des bibliothèques, que de former un bibliothécaire au PHP ou à de la gestion système, et nous l’avons constaté in vivo dans mon équipe, avec la mise à disposition par notre DDN (c’est le nom angevin de la DSI) d’un développeur PHP sur le projet Archives Ouvertures de l’UA (lequel projet, en passant, est en production pour le moment “intranet”, le produit devant être présenté en avant-première lors des JEDA du 04 et 05 juillet — inscrivez-vous) ;
  • les compétences numériques nous ont été retirées et ont été recentrées dans notre DSI : franchement, c’est normal. Comment voulez-vous qu’on prenne les bibliothèques au sérieux sur les questions numériques ? Nous avons démontré et démontrons chaque jour collectivement à quel point nous ne prenons pas le numérique en compte, puisque nous n’y consacrons que des RH indigentes (la bibnum BUA c’est 3,4 ETP, dont personne avec une formation initiale technique/informatique, quand le SCD compte 46 ETP et quand je pense qu’en fait la section numérique devrait être à 1/4 voire 1/3 des effectifs globaux des SCD) . On nous prendra au sérieux, i.e. on cessera de nous retirer des compétences numériques, quand nous donnerons place au numérique, vraiment. Ici comme partout, tout le temps, on récolte ce que l’on sème.

Voilà, un nième billet sur les mêmes thématiques, avec un arrière-goût amer de voir que nous (les bibliothèques) laissons passer une occasion incroyable de nous positionner dans ce monde d’informations et de données qui est en pleine explosion et dans lequel nous aurions toute place, si seulement nous faisions ce qu’il faut pour y être.

Allez, histoire d’en rire, le mulot.

Concours (de circonstance)

Bon, d’accord, le titre est très moyen, mais je n’ai pas réussi à m’en empêcher — la honte soit sur moi.
Assez ri, revenons à ceci où, pour les fainéants de la souris, je protestais contre l’endogamie nuisible que portent les sujets du concours de Conservateur. L’été étant passé et la bise venant, j’ai essayé de formaliser ce que pourrait être une évolution de l’actuel concours. Et donc, ci-dessous, quelques réflexions/pistes en désordre.

Une refonte totale de l’actuelle concours, avec disparition de la ridicule dissertation, semble difficile : un concours de recrutement de cadres de la fonction publique se doit apparemment de proposer cette fourche caudine et y toucher, c’est toucher aux fondements de la fonction publique, aux fondements de la République, aux fondations de l’Univers tout entier. Ok, essayons autre chose d’autant qu’après tout, une part des recrutés peut encore être composée aussi de forts en thèmes historiens, philosophes et littéraires (il faut de tout pour faire une bibliothèque).

Cette autre chose pourrait être un concours type troisième voie (la seconde, c’est le concours interne dont je suis issu, ce qui en dit assez les dangers) légèrement différent des deux premières voies, avec par exemple, à l’admissibilité, le maintien de l’écrit de synthèse (ça ne mange pas de pain d’être synthétique dans la vie, et cet écrit permet de vérifier un minimum la maîtrise de la langue écrite — il ne s’agirait pas de laisser la plèbe envahir les golfs) ; et un second volet d’admissibilité sur dossier (CV des candidats, réalisations pro, etc) avec un niveau minimum à bac +3 pour rester entre gens de bonne naissance (toujours dans le souci de protéger les golfs).

Pour l’oral, on garde une bonne vieille épreuve de langue (ça ne mange pas de pain non plus) et un “grand oral” qui porte non pas tant sur la culture générale classique du candidat (du genre, qui a écrit la Septième de Beethoven ou que pensez-vous de la poésie iranienne du 3ème siècle) que sur son parcours personnel et professionnel, et ses motivations à devenir un cadre des bibliothèques.

Il s’agirait dans cet oral, pour les jurys, de repérer les personnes aptes à devenir de bons cadres techniques des bibliothèques car, pour la Xième fois, nous avons besoin de cadres techniques, pas de purs esprits scientifiques déconnectés du réel.

Ce qui précède pourrait aider à changer un peu la composition des populations de conservateurs, surtout si on publicise ce concours vers des viviers autres que nos viviers traditionnels de recrutement (je pense évidemment aux informaticiens et autres ingénieurs en ce qu’on veut, mais en fait, à tout le monde — le but est ici d’ouvrir largement le recrutement dans toutes les directions)

En effet collatéral d’un concours troisième voie de ce type : notre sainte mère l’ENSSIB changerait de nom (entre autres réformes sur son enseignement mais c’est une autre longue histoire) et deviendrait l’ENSCTSB (l’Ecole Nationale Supérieure des Cadres Techniques et Scientifiques des Bibliothèques), manière de rappeler au passage quels sont nos besoins réels de formation et ce que doit être un conservateur.

Les commentaires attendent vos avis et suggestions sur mes vagues idées (à affiner) et vos propositions (elles seront certainement intéressantes) pour une réforme réalisable.

PS : je ne parle pas ici du système des promus, qui est une quatrième voie de fait. Mais je pense qu’il est temps aussi que la promotion bibliothécaire > conservateur cesse d’être ce qu’elle est à l’évidence de manière très générale pour devenir enfin ce qu’elle devrait être, le moyen de faire progresser rapidement et sans concours supplémentaire des collègues bibliothécaires qui en veulent et font du bon boulot. En bref, la promotion doit devenir une promotion au mérite et aux potentialités exprimées, pas un cadeau de départ à la retraite, ce qu’elle est quand même souvent (no offense).

Cambouis

Je suis arrivé à la BUA en 2007 et assez vite, comme mes camarades locaux, j’ai commencé à être sollicité assez régulièrement pour des interventions autour de mon boulot, les bibliothèques, le futur, tout ça, tout ça.

Jeune et naïf et flatté des invitations, j’ai tout accepté et rapidement, (en plus d’être de moins en moins dans ma boutique à travailler, ce qui est tout de même le problème premier), je me suis épuisé à répéter souvent et un peu toujours le même discours constitué surtout de retours d’expériences BUA et de généralités qui semblaient intéresser beaucoup de monde mais n’étaient jamais suivies d’effets ou de réalisations concrètes :

  • soit que mon intervention s’insérait, à y bien réfléchir, dans une sorte de tourisme de formations et d’information qui est l’une de nos maladies professionnelles (réfléchissez une seconde au temps, à l’argent public, à l’énergie dépensés dans ces multiples journées d’études qui ne produisent strictement rien du tout) ;
  • soit que les gens présents, qui voulaient mettre en oeuvre de choses dont nous avions parlé, étaient ensuite bloqués par leur N+X ;

(à mon avis, c’était un peu des deux).

Lassé de parler dans le vide et de participer à ce tourisme qui me hérisse, j’ai donc fait depuis maintenant plusieurs gros mois un moratoire sur mes interventions extérieures, refusant tout pour me laisser le temps de souffler et de réfléchir à la manière dont je pouvais essayer quand même d’être cohérent avec ce que je pense par ailleurs de la nécessité que notre métier a de se réformer (concrètement, professionnellement s’entend) très rapidement.

Les demandes d’interventions continuant à arriver, j’ai terminé de réfléchir (hier matin, quelque chose comme ça) : je vais donc préciser le cadre dans lequel j’accepte éventuellement d’intervenir.

Donc, pour toutes les demandes à venir, ma réponse sera :

  • Éventuellement oui pour des interventions avec un noyau central sous forme de TD ou TP, sur des cas concrets, et donc oui pour du cambouis, des trucs mains dans la machine, du genre “on se colle sur des PC et on sue ensemble et on monte un site ou un blog ou on bidouille un epub” (exemple type de choses acceptées dans ce cadre, l’intervention à la Roche sur Yon récemment, et celle à venir, à Poitiers, en mars, qui sera un gros TD Drupal étalé sur plusieurs semaines) ;
  • Non (de manière certaine) pour des retours d’expériences et/ou interventions blah blah sur des thématiques du genre “les bibliothèques, le web et après”, “Réseaux sociaux VS bibliothéconomie blah blah”, “Les portails de bibliothèques peuvent-ils résoudre la faim dans le monde et rendre la vue aux aveugles”, etc (liste non exhaustive).

Voilà. C’est un peu rude, mais ça a le mérite d’être clair.