Comme toutes les universités, celle pour laquelle je travaille a fermé ses portes ce lundi 16 mars 2020, nous obligeant d’un seul coup à une bascule franche dans des logiques de travail numérique à distance auxquelles nous n’étions globalement pas préparés — en tous cas, pas à cette échelle impliquant de continuer à faire fonctionner une structure de quelques 23 000 étudiant.e.s et 2 000 personnels (Enseignants, BIATSS).
Bien qu’évidemment, les motifs induisant ce changement d’habitudes sont dramatiques, je regarde avec attention et pour tout dire, une certaine satisfaction vu mes fonctions de responsable d’un Service de Transformation Numérique et CDO, ce qui est en train de se passer dans mon environnement de travail.
De fait, je constate :
- une prise en main plus rapide que je ne le pensais possible des outils déjà mis à disposition (notre offre disons traditionnelle) ;
- une montée en puissance des usages tradis et nouveaux (bon, nous y sommes obligés, mais quand même) ;
- surtout, une sorte d’effervescence et de quête (certes partant dans tous les sens) d’outils et de nouvelles manières de faire, avec une logique de partage des retours d’expériences et petits trucs
Ce dernier point est le plus réjouissant : les usages débordent littéralement les frontières de nos outils et les collègues sont entrés dans des démarches d’auto-résolution. Plutôt que d’attendre que tombent d’en haut des outils, ils cherchent des outils qui leur conviennent, où que soient ces outils (ce morceau de phrase est de nature à faire s’évanouir n’importe quel DSI).
J’avoue que cela me plaît beaucoup : je crois énormément aux logiques d’auto-organisation, de Bottom > Up, de collaboratif. Mais il me semble que nos institutions sont souvent dans le discours, sur ce point, sans aller au bout de la démarche.
Là, il n’y a plus moyen, ou presque, de faire autrement, et c’est bel et bien “la base” qui est en train de s’auto-organiser. Très franchement, c’est un moment particulièrement intéressant.
Je ne sais pas ce qui en sortira. Je déchanterais peut-être dans quelques jours, quand tout sera par terre. Mais pour l’instant, ce moment de fortes contraintes s’avère très créatif, et ça me plaît.
PS : je n’oublie pas les problématiques liés aux personnes loin du numérique. Laissez-moi juste savourer ce moment.