Back from Bibcamp 2014

Petit retour et remarques en vrac sur le #bibcamp2014  qui vient donc de se tenir à l’initiative de l’ADBU.

Je passe rapidement sur le joyeux bordel entre les rounds d’ateliers : j’aime les choses auto-organisées, mais j’aime tout autant les cadres clairs, mon mantra étant qu’une fois que tu as posé un cadre très défini, tu laisses courir les choses. En tous les cas, on était loin d’un colloque très policé et vertical et c’était plutôt déstabilisant, ce qui ne fait jamais de mal à personne.

J’ai regretté aussi que ça se termine si tôt : on commencait juste à être chaud, et je pense qu’il y avait largement le temps d’un quatrième round.

Enfin, le principe de l’atelier qui se monte sans réel animateur repéré au préalable m’a semblé un peu dangereux : le risque est grand de se retrouver, dans l’atelier, avec X personnes intéressées par le sujet, mais personne ne le connaissant vraiment — on tourne vite alors à l’aimable café-klatsch qui, pour tout dire, n’est pas ma tasse de thé.

Quoi qu’il en soit, c’était plutôt sympa et surtout, c’était monté par l’ADBU ce qui, je l’espère, aidera à ce que les questions numériques apparaissent un peu légitimées dans les sphères décisionnelles même si, mais on pouvait s’y attendre, j’ai croisé fort peu de mes collègues Dir BUs.

Pour finir, j’ai été frappé de l’hétérogénéité des présents : me situant dans ce que je considère comme un niveau moyen + de compliance numérique, j’ai bien vu qu’un certain nombre de questions/débats/solutions pourtant quotidiens du milieu bibnum était totalement nouveau à certains yeux écarquillés. Il m’a semblé que nous étions donc plutôt dans un espace d’hybridation de publics (les bibnums hard-core rencontrent les sympathisants) que dans une stricte rencontre de geeks que peut-être, j’attendais inconsciemment.

Cela dit, après tout, on est toujours le geek ou le candide numérique de quelqu’un. Si le bibcamp avait été un hackathon, j’aurais sans doute été totalement largé et quelqu’un, quelque part, serait en train de s’étonner des hétérogénéité des présents (“pensez, il y avait un gars à ce camp, qui bricolait un vague code, pas très vite, et pas très proprement”).

Maintenant, au-delà du moment (revoir les collègues bibnum, croyez-moi, ça remonte le moral et ça aide à se sentir moins seul), il reste les questions stratégiques :

  • Comment faire pour que ce qui s’est dit dans ces ateliers diffuse plus largement dans la profession (après tout, nous n’étions que peu) ?
  • Comment accélérer et généraliser le mouvement d’upgrade pro qui, en 2014, est à mes yeux toujours beaucoup trop lent ?
  • Comment faire tomber la distinction bibnum/bibtrad pour qu’enfin, la bibliothèque soit numérique dans son entier, i.e. que bibliothécaire rime d’évidence avec bibliothécaire numérique ?

Je n’ai pas beaucoup plus de réponses à ces questions après le bibcamp 2014 qu’avant, mais les commentaires sont ouverts, si vous avez des idées ou des retours à faire sur le sujet.

13 réflexions sur « Back from Bibcamp 2014 »

  1. Je viens d’écrire ceci sur Facebook en commentaire, je copie colle ici ( la langue est peu soutenue mais j’ai la flemme. Après tout c’est férié aujourd’hui)
    ” Perso je sens le souffle de l’hybridation (!) qd je parle avec les collègues de l’epedagogie, avec des devs, avec des enseignants, y compris de collèges, avec des chercheurs bien sûr. Pas avec des bibs, dans mon petit milieu habituel où on se connaît tous plus ou moins, où on a tous un cadre de références commun. C’est sympa hein, je dis pas le contraire, mais je ne parlerai pas d’hybridation.”
    J’insiste, j’ai bien écrit que c’était sympa (je le précise sinon on va encore me dire que je bois trop d’Orangina rouge).

    • Ben disons que c’était de l’hybridation interne pour les collègues hors bibnum — je pense que pour beaucoup, les bibnums sont des gens bizarres issus d’une autre planète.
      En fait, pour faire de “l’hybridation” il suffisait de descendre au rez-de-chaussée récupérer les gens sans doute d’horizons très multiples, qui étaient installés dans les espaces d’accueil… On les aurait invités à nous rejoindre en haut et on aurait vu ce que ça donne.

  2. Je ne peux que rejoindre Daniel sur la totalité de ses remarques (pour une fois … !!)
    J’apporte néanmoins quelques éléments d’explication.
    – il s’agissait d’une première pour l’ADBU, ce qui prouve son souhait de sortir des cadres “journée d’étude” habituels
    – il y avait une limite au nombre de participants, imposée par le NUMA (80 personnes), c’était donc aux premiers inscrits …L’ADBU ne voulait pas d’une “sélection” en fonction du grade ou de la fonction
    – le “joyeux bordel” du début de séance ou entre les rounds m’a aussi perturbée, au point de perdre mes repères et de ne pas pouvoir participer à un atelier dès les départ (j’avais très peur des geeks purs et durs …). Mais ensuite, j’ai compris que j’avais aussi des trucs à dire …
    – les DirBus (ou assimilés) étaient présents : Caen, Paris 5, Nice, Poitiers, Lille 2, Lyon 3, Lorraine, BULAC, Paris 13, Bordeaux 3, …(et ceux que j’oublie) et tous les présents y étaient avec l’assentiment totale de leurs directeurs
    – je ne comprends pas la distinction bibnum/bibtradi … C’est quoi la rupture ? la ligne de fracture ? Pour moi la seule frontière est celle de l’agent qui ne comprend pas que nous changeons de civilisation et qui refuse catégoriquement toute évolution. Je n’en ai pas encore rencontré …
    – Entre les administratifs et les développeurs, il y a une marge énorme pour la médiation numérique où les bib. ont un rôle majeur à jouer
    – Nous devons également réinvestir nos lieux physiques, plébiscités par nos usagers, comme autant d’occasions de médiation numérique. J’ai le vague sentiment que l’on confond numérique et distanciel …

    Au final, ce BibCamp, au-delà des critiques toujours possibles, me semble avoir été un vrai moment de rencontres et d’étonnements divers …

    • Champagne !
      La distinction bibnum/bibtradi est me semble-t-il dans l’aisance à utiliser les outils numériques et aussi, dans les espaces (physiques VS “immatériels”) où le travail se passe. Idéalement, il ne devrait pas y avoir de rupture (c’est même ma dernière question ci-dessus). Dans les faits, quand un collègue te dit “ah l’informatique c’est pas mon truc”, tu peux subodorer que ce n’est pas un bibnum.

      Les refus catégoriques d’évoluer, j’en vois régulièrement. Et je vois aussi des refus non-catégoriques qui plus stratégiquement reposent sur le “that’s not my job” (entendre, le numérique, c’est pas mon taf, va voir les geeks à l’étage/la cave).

      Personne (en tous les cas pas moi) n’a jamais parlé d’abandonner les lieux physiques. Ce que je demande, c’est un rééquilibrage des RH bibnum vs bibtradi (la BUA par exemple, c’est 53 ETP en 2012 dont 3,4 ETP pour la bibnum ; il y a comme un problème, non ?) pour mieux maintenir les outils ; les étendre ; et assumer le distanciel, ce qui suppose de savoir manier “l’informatique”.

      Pour la médiation numérique, oui, évidemment, c’est un boulevard pour nous. Mais combien de collègues pour s’y positionner (sans répondre l’informatique c’est pas mon truc) ?

      • Le problème est bien de dissocier informatique et numérique … Outils techniques vs. services et médiation !! J’adore conduire des voitures et constater toutes les évolutions technologiques qui facilitent la conduite et la rendent plus sûre. Je peux en parler, montrer, démontrer et convaincre !!! Mais je reste incapable de réparer la moindre panne dans le moteur ou autre … même si je peux signaler des dysfonctionnements et des améliorations nécessaires à mon garagiste … 😉

        • Eh bien je pense que justement, c’est indissociable. Il faut arrêter de croire (et de faire croire) qu’on peut faire du numérique en s’économisant l’apprentissage du technique. La courbe d’apprentissage est parfois raide, mais le numérique est à ce prix (et souvent les bibnums l’ont payé en auto-didacte, en grattant seuls). C’est aussi pour cela que je m’énerve quand on me dit qu’on veut faire du numérique sans efforts (le fameux syndrome du chanteur d’opéra dans la Sarthe) : il y a des efforts à fournir, c’est du boulot, du vrai. Je m’énerve pareillement quand on vient dans mon champ sans avoir les compétences techniques, juste parce qu’on est bibliothécaire : l’équivalent d’un garagiste à qui ses clients viendraient donner des conseils “avisés” sans savoir même où est le moteur.
          En résumé : le numérique, c’est d’abord de la technique. Et pour faire du numérique, il faut passer par la technique, même un minimum. Après, mais après seulement, on peut discuter une langue commune.

          • Je ne suis pas tout à fait d’accord avec toi Daniel. On peut très bien faire du numérique, être plongé dedans, sans avoir jamais écrit une ligne de code. Il faut une compréhension générale du sujet, un vernis technique je dirais, mais celui-ci a juste besoin d’être posé sur une culture technique minimum assortie surtout, c’est pour moi essentiel, d’un intérêt pour la question, qui servira de motivation pour avancer. Et je pense que le nerf de la guerre est là, dans la motivation plutôt que dans la technique.

            • Hum je pense vraiment qu’un minimum de technique est important ne serait-ce que pour savoir de quoi on parle. Si on part sur la métaphore du vernis, pour le coup une seule couche sera vite rayée. Préférons deux ou trois couches.
              En tous les cas je persiste à penser qu’il y a un ticket d’entrée que beaucoup oublient.

              • Puisque vous êtes dans la métaphore : “je ne pense pas que l’orthographe soit nécessaire pour écrire et se faire comprendre”. De la même façon “il est inutile de savoir coder pour utiliser le numérique en mode pro”. Vous êtes tous d’accord ?

                • Bien vu (cela dit par ailleurs, le “tous codeurs” je pense que c’est une connerie ; mais les numériques pros, si, quand même, un minimum)

                • Ha, là, je me dois de m’insurger contre cette métaphore basée sur le syndrome orthographique français du au martellement dès le plus jeune âge. Non, non, et encore non, pour écrire et se faire comprendre, l’orthographe est loin d’être la panacée. Il faut avant tout être à l’aise à l’oral, avoir du vocabulaire, une aisance grammaticale, un peu d’imagination pourquoi pas, de l’empathie, voir savoir dessiner, etc. Savoir écrire sans faute, ce n’est pas savoir écrire. Je me souviendrai toujours d’un mail “à tous” en retour d’une de mes proposition entachée d’une énorme faute – je suis comme ça, je fais des fautes énormes – de la part d’une resp. com. bib. totalement à l’ouest par ailleurs à peu près à tous les niveaux sauf, il faut le reconnaître, le sacro-saint orthographe. Ma réponse avait été cinglante : “Oui, bien bien, merci M. mais, dis moi, à part cette remarque de la plus haute importance, des idées, des suggestions pour faire avancer le projet ?” Bref, pour le numérique, c’est du pareil au même. Bien qu’étant un fervent partisan du code et de l’auto-formation – “lève toi et marche” – (surtout à l’heure des code academy et autre mooc), de la computer literacy ou coding literacy, je suis également persuadé que l’on peut compenser en partie (selon le niveau de responsabilité) par de l’intérêt pour la question du numérique, constamment, ou plutôt – je préférerai – par une tournure d’esprit permettant de systématiquement intégrer les conséquences et attendus et potentialités du numérique à chaque niveau de la bib. Lire InternetActu, TechnologyReview, quelques bon blog, s’attarder sur des histoires de machine learning chez openedition quand ils sortent un billet sur le sujet, etc, c’est pas compliqué à mon sens. Pas obligé de tout comprendre et maitriser. Ceci et un peu de culture méthodologique (agile, design thinking, etc) orientée innovation, et un décideur compensera des connaissances en code (et des semaines de frustration pour ses équipes, voir ses itrf perdus en bufr).
                  Si seulement…

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