De nouvelles négociations s’annonçant, les premiers éléments concernant les prochains modèles économiques Elsevier viennent de tomber dans nos boîtes mails et les “négociations” vont bientôt commencer (j’écris négociations entre guillemets parce que quel que soit l’engagement — conséquent — des collègues qui vont se coltiner le truc, il ne s’agit évidemment pas de négociations, mais d’un simulacre au cours duquel Elsevier va nous emmener exactement où prévu avant l’annonce de ce modèle qui, sans doute, par la disproportion des hausses annoncées, est déjà une part du simulacre — la bonne vieille technique du prix d’ancrage).
Évidemment, on va dans la foulée sortir les mouchoirs chez les bisounours et le choeur des pleureuses va entonner le couplet “Elesevier est trop méchant la doc électronique est trop chère on nous saigne blah blah blah”.
Eh bien vous savez quoi ? Je trouve que Elsevier est en fait trop gentil. À sa place, je saignerais bien plus que ça la vache à lait qui ne fait strictement rien pour sortir du piège où elle est tombée.
Je m’explique : il y a un moyen très simple de sortir de ce piège et de renverser le rapport de force et ce moyen est connu de tous, il s’agit des Archives Ouvertes. Et tout le monde le sait depuis des années chez les vaches à lait. Mais au lieu de faire ce qu’il faut, à savoir monter des archives ouvertes partout et mener des politiques volontaristes, on préfère discuter sans fin et ergoter sur des détails en peignant la girafe, le tout sans aucun courage politique (la dernière intervention de la ministre de service aux JEAO, annoncée comme ce moment tant attendu des masses qui allait révolutionner les AO en France, et qui s’est avéré être comme prévu un long moment d’enfonçage de portes ouvertes et de langue de bois totalement creuse, est à ce titre parfaitement exemplaire d’un fonctionnement généralisé qu’on retrouve à tous les niveaux).
Donc si j’étais Elsevier (mais je ne cite cette société que pour exemple, vous pouvez remplacer leur nom par n’importe quel nom des autres éditeurs “académiques” commerciaux), j’appliquerais à mes tarifs spéciaux vache à lait des augmentations bien plus importantes, et rien ne se passerait : après avoir essuyé ses larmes de crocodile, la vache à lait continuerait de sortir son chéquier, parce que la vache à lait n’a pas d’autres solutions, et que c’est bien fait pour elle.
PS : Monsieur Elsevier, je veux bien une comm’ sur l’argent que tu vas gagner en plus grâce à mes judicieux conseils.
C’est pas joli-joli ce que vous dites là mais je ne peux qu’approuver. Je suis certaine que beaucoup de collègues vont pousser des cris d’horreur/d’effroi/d’abomination (rayez la mention inutile) en vous lisant en priant Sainte Rita, sainte patronne des causes désespérées, de nous (vous?) venir en aide mais en définitive nous ne faisons que payer chèrement le manque d’investissements d’hier et d’aujourd’hui… Je rêve du jour où l’administration saura prendre de sages décisions en pensant sur le long terme… Bon en même temps quand je vois les accords ProQuest/BnF je me dis que c’est pas vraiment gagné et que le chemin est encore long. Mais alors le monde ne serait qu’un éternel recommencement?
Non, c’est pas joli-joli. C’est fait pour 😉
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