Le vendredi 27 septembre 2019 se tenait la 15e Nuit européenne des chercheur.e.sau Quai, à Angers. L’occasion pour le public de découvrir le monde de la recherche à travers diverses activités ludiques et rencontres avec des étudiants et spécialistes. Pour Dénali Boutain, doctorant depuis 3 ans à l’Université d’Angers, l’événement annuel représente un moment privilégié pour présenter ses recherches sur le tourisme gourmand. Retour sur son parcours.
La 14e Nuit européenne des chercheur·e·s s’est tenue vendredi 28 septembre 2018, au Quai à Angers. L’objectif de cet événement tout public : découvrir et comprendre les travaux scientifiques de demain. Pari tenu pour Philippine Valois, doctorante travaillant sur les ados d’autrefois.
Après une licence en Histoire de l’art, Philippine Valois découvre l’histoire de la médecine pendant son master au Centre d’études supérieures de la Renaissance à Tours. Aujourd’hui en deuxième année de thèse, elle a choisi un sujet d’étude original : « Histoire médicale de la puberté au siècle des Lumières ».
Pour financer sa recherche, plutôt qu’enseigner, Philippine Valois a opté pour le parcours « vulgarisation et valorisation de la recherche scientifique ». Sa mission est de faire découvrir ses travaux de manière pédagogique et ludique à un public non-initié.
La Nuit des chercheurs est l’occasion pour elle de présenter des jeux de sa création. Philippine Valois a aussi participé à la Fête de la science, les 6 et 7 octobre 2018 à la Faculté des sciences d’Angers.
S’amuser et apprendre à tout âge
Le premier jeu, « Destins de médecine », s’adresse aux enfants. C’est un jeu de rôle dans lequel l’enfant peut incarner un médecin, une dame de la Renaissance ou un paysan du Moyen Âge. Il voyage dans le temps au fil d’anecdotes historiques en lien avec la médecine.
Le second jeu est le « Médi-time ». Il reprend le principe du jeu Timeline. Les joueurs s’affrontent en plaçant des découvertes médicales sur une frise chronologique. Le premier qui n’a plus de cartes a gagné.
Philippine a passé entre trois et quatre jours à la réalisation de chacun de ses jeux. Les retours des joueurs, en grande majorité positifs, ont récompensé ses efforts.
La vulgarisation : une vocation
Cette manière de présenter son étude s’est avérée épanouissante pour elle. « C’est une bouffée d’air pour sortir du travail de thèse ». Philippine Valois apprécie les échanges permis par son projet de vulgarisation scientifique et souhaite poursuivre dans cette voie.
La manifestation annuelle consacrée à la valorisation de la recherche scientifique a réuni chercheurs et grand public le 28 septembre 2018 au Quai à Angers. Levée de rideau sur les coulisses de la Nuit européenne des chercheur·e·s.
Avec le concours de la Commission européenne, et à l’instar de 11 autres villes françaises, Angers a accueilli le vendredi 28 septembre la 14e édition de la Nuit européenne des chercheur·e·s. La soirée, qui avait pour thème « Mille et une histoires », s’est déroulée au Quai, cale de la Savatte. Ouvert à tous, l’événement a pour objectif de faire interagir le public avec des chercheurs de toutes disciplines dans une ambiance détendue et informelle, facilitant ainsi l’accès à l’actualité de la recherche au plus grand nombre.
Informer sur les nouveaux travaux de la recherche
Dans le cadre du Contrat de plan État-Région (CPER) – c’est-à-dire un contrat dans lequel l’État et la Région des Pays de la Loire s’engagent à subventionner conjointement des projets – des chercheurs ont reçu un financement pour mener à bien leur programme de recherche. Ce soir, aux côtés de scientifiques d’autres disciplines (médecine, physique, océanographie, etc.), ces chercheurs en sciences humaines tiennent un atelier au cœur du forum. Ce sont des historiens du laboratoire de recherche Temps, Mondes, Société (TEMOS) d’Angers ainsi que des géographes, des anthropologues et des sociologues du laboratoire de recherche Espaces et Sociétés (ESO) basé à Angers, Caen, Le Mans, Nantes et Rennes. Ils travaillent sur la problématique internationale des droits de l’Homme et notamment sur les discriminations liées à l’identité sexuelle. La présence de ces scientifiques à la Nuit des chercheur·e·s est dans la continuité de leur mission explique l’un d’entre eux : « Nous avons reçu des financements, notamment de la Région et de l’Université d’Angers. Nous avons eu l’opportunité de mener notre projet de recherche, il est donc normal de venir ici afin d’informer sur nos travaux ». L’implication et la présence volontaire de ces scientifiques assurent un dialogue fluide et enrichissant pendant la soirée.
« Quelle bonne initiative ! »
Clément, 22 ans, étudiant en ingénierie à Poitiers est de passage à Angers. Ce vendredi, il a rendez-vous avec des amis sur la terrasse du Quai. Interloqué par l’animation qu’il perçoit dans le forum du théâtre, le jeune homme parcourt les ateliers. « Quelle bonne initiative ! » Pour Clément, « la recherche est à l’avant-garde du progrès », elle doit donc être valorisée afin que tous se rendent compte de « ses applications économiques, culturelles et sociales », poursuit l’étudiant.
Un défaut de communication
Chercheurs et grand public ne sont pas les seuls à faire vivre la manifestation. Juliette a 23 ans. Ce soir, elle tient la buvette du théâtre. Originaire d’Angers et active sur les réseaux sociaux, elle n’a pourtant pas eu connaissance de la Nuit des chercheur·e·s : « C’est dommage !, se désole-t-elle. Je me tiens pourtant informée mais je ne savais pas quel serait l’événement ce soir ». Derrière le comptoir, la barmaid raconte avoir eu peu de clients dans la soirée dont seulement deux familles. Si la jeune femme apprécie l’entreprise de vulgarisation des organisateurs, elle regrette un défaut de communication qui ne permet pas une valorisation optimale de la recherche.
Quoi qu’il en soit, personne ne remet en doute l’essence même du projet, à savoir diffuser les nouveaux travaux de la recherche scientifique, des sujets longtemps abandonnés aux discours élitistes et académiques.
Avec 320 villes européennes, Angers a participé le 28 septembre 2018 à la 14e Nuit européenne des chercheur.e.s, au Théâtre Le Quai. Les chercheurs y ont rencontré le public pour échanger sur leur métier et leurs travaux. Le thème de cette année : “Mille et une histoires”. Comme celle racontée sur son stand par Corine P.
Corine est chercheuse. Angevine de souche, la quarantaine dynamique et souriante, elle a fait ses études à l’ESA (École Supérieure d’Agricultures), qui l’a ensuite recrutée. L’alimentaire, c’est sa passion depuis son enfance. « J’étais dans une famille où tout tournait autour de la nourriture. Et quand j’ai découvert l’analyse sensorielle, je me suis dit que ça serait ça et rien d’autre ».
Elle anime ce soir, avec trois collègues, le stand de l’école pour le compte de son laboratoire de recherche, le GRAPPE (Groupe de Recherche en Agroalimentaire sur les Produits et les Procédés). Des ateliers invitent les participants à reconnaître les odeurs ou les saveurs. Un autre propose d’apprendre à ranger un réfrigérateur selon la durée de conservation des aliments, avec explications à la clef. Rien d’évident pour le consommateur !
Le consommateur-testeur
Corine explique sa présence : « Mon labo étant financé en partie par les fonds publics, c’est normal que je participe à des soirées comme celle là pour aider et faire connaître nos travaux ». Mais, avec humour, elle reconnaît qu’elle est là aussi parce qu’elle « recherche des testeurs, surtout des hommes jeunes, qui font défaut ».
Corine organise en effet des panels, composés toujours de 18 consommateurs. « Je leur fait tester des fruits ou des légumes, crus ou cuits, pour identifier les différentes saveurs du produit », explique-t-elle.
Pour fournir des unités de mesure fiables et exploitables, elle forme ses « cobayes » au goût, et ce, sur une longue période. « Cela fait sept ans que je travaille avec eux et donc sept ans qu’ils développent de véritables capacités gustatives ». Pour elle, « l’outil de caractérisation, c’est l’être humain ». Rémunérés 15 euros par séance, les testeurs ont des instructions : ne rien consommer deux heures avant… et ni cigarette, ni dentifrice ! Pour Corine, « le but n’est pas de dire qu’une pomme a seulement le goût de pomme mais bien de détailler chaque sensation que procure une bouchée ». Des « empreintes » de poire, de rose ou de banane se retrouvent ainsi dans une simple pomme Golden.
Une fois les données recueillies, Corine croise les résultats avec les impressions de clients non formés, les « consommateurs naïfs ». Ces derniers répondent à des questions plus fermées : le produit est t-il sucré, acide, ou simplement bon ?
Un métier passionnant
Corine trouve ses commanditaires en répondant à des appels à projets d’organismes publics ou privés, nationaux ou européens, à qui elle restitue et facture ses travaux. Récemment, un syndicat viticole a financé une étude sur l’évolution du goût des vins d’Anjou, en fonction de la maturité du raisin.
Des contacts humains, un travail sur la matière vivante, des résultats concrets directement exploitables, l’ambition d’améliorer la qualité environnementale et gustative des aliments… et du travail sur la planche. Corine trouve son activité captivante. « On ne s’ennuie jamais. Pour nous, la recherche est un perpétuel recommencement, une enquête même ».
Le métier de Corine et la passion qui l’anime, c’est l’une des mille et une histoires contées ce soir là à la Nuit des chercheur·e·s…
Philippe DUCHESNE, Jean-Philippe GOETHALS, Manon PROUST