Vendredi 28 septembre 2018 s’est déroulée la Nuit européenne des chercheur·e·s, événement qui a réuni néophytes et spécialistes de tous horizons. L’occasion pour Cécile Meynard, chercheuse en littérature du XIXe siècle à l’Université d’Angers, d’évoquer les innovations que le numérique a permis dans la diffusion des manuscrits littéraires.
- Cécile Meynard analysant un texte à la loupe.
Vous avez toujours rêvé de vous plonger dans un ouvrage tout droit sorti du Moyen Âge ? Vous vous demandez à quoi ressemble un original né sous la plume de Stendhal ? C’est désormais possible grâce au numérique et aux efforts déployés par des chercheurs comme Cécile Meynard, membre de l’unité CIRPaLL, pour développer des projets d’éditions numériques et critiques d’œuvres littéraires. L’idée est simple : des manuscrits sont scannés, présentés en vis-à-vis d’une transcription et accompagnés de notes. Le résultat est digne des éditions critiques en version papier.
Le développement de ces projets répond à des contraintes et des attentes nouvelles. Il s’agit d’abord de pallier la baisse des publications, liée au refus d’éditeurs de plus en plus récalcitrants à l’idée d’imprimer des ouvrages à la rentabilité incertaine. Désormais, les chercheurs peuvent offrir leur travail sans contraintes ni pressions de l’éditeur. Mais la numérisation permet également un accès gratuit pour les lecteurs, qui pourront ainsi consulter des ouvrages rares depuis leur fauteuil. En comparaison, les expositions exceptionnelles de manuscrits organisées dans des bibliothèques représentaient un coût tout aussi exceptionnel, pour un succès parfois mitigé. « L’achat d’un manuscrit coûte très cher à la communauté, explique la chercheuse, et jusque-là seuls quelques spécialistes pouvaient en profiter. À présent, toutes les personnes intéressées peuvent y avoir accès».
Cécile Meynard, spécialiste de Stendhal, a ainsi apporté son expertise et son savoir-faire au projet d’édition numérique des manuscrits de cet auteur, dont la plupart sont aujourd’hui disponibles sur stendhal.msh-alpes.fr
Quand les amateurs deviennent chercheurs
La transcription de manuscrits n’est toutefois pas réservée aux seuls professionnels. Déjà, durant la Nuit européenne des chercheur·e·s, les visiteurs avaient la possibilité d’essayer de transcrire plusieurs textes de différentes époques, dont quelques pages écrites de la main de Stendhal lui-même.
Bientôt, ils pourront également participer activement aux projets d’édition numérique. L’Université d’Angers prévoit ainsi de numériser les textes de la féministe Benoîte Groult dont les transcriptions n’ont pas encore été réalisées. Ce sera aux internautes bénévoles de soumettre leurs propositions pour un travail collaboratif de grande ampleur. Un projet à l’image de la Nuit des chercheur·e·s : un moment de rencontre et de partage entre spécialistes et amateurs.
Antoine LE TERTRE, Vadim LOUKIANOFF, et Élise PIEDFORT
La face cachée des lettres
La présence de Cécile Meynard et de l'équipe du Centre interdisciplinaire de recherche sur les patrimoines en lettres et langues (CIRPaLL) à la Nuit des chercheur·e·s marquait une volonté de vulgariser les recherches littéraires, "au sens noble du terme". Il s’agissait ici de faire connaitre leur filière au plus grand monde. Cécile Meynard a mis en avant une certaine déperdition de l’intérêt du public vis-à-vis des recherches en littérature, d’où l’intérêt de communiquer avec le public durant cet événement. Cécile Meynard a souligné le fait que le monde de la littérature et son enseignement à l’Université d’Angers offraient de nombreux débouchés. La révolution numérique propose de nouvelles perspectives d’emploi dans le monde de la recherche en littérature et dans l’univers des lettres dans son ensemble.