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Dans les coulisses de la Nuit des chercheur·e·s

La manifestation annuelle consacrée à la valorisation de la recherche scientifique a réuni chercheurs et grand public le 28 septembre 2018 au Quai à Angers. Levée de rideau sur les coulisses de la Nuit européenne des chercheur·e·s.

Avec le concours de la Commission européenne, et à l’instar de 11 autres villes françaises, Angers a accueilli le vendredi 28 septembre la 14e édition de la Nuit européenne des chercheur·e·s. La soirée, qui avait pour thème « Mille et une histoires », s’est déroulée au Quai, cale de la Savatte. Ouvert à tous, l’événement a pour objectif de faire interagir le public avec des chercheurs de toutes disciplines dans une ambiance détendue et informelle, facilitant ainsi l’accès à l’actualité de la recherche au plus grand nombre.

Informer sur les nouveaux travaux de la recherche

Dans le cadre du Contrat de plan État-Région (CPER) – c’est-à-dire un contrat dans lequel l’État et la Région des Pays de la Loire s’engagent à subventionner conjointement des projets – des chercheurs ont reçu un financement pour mener à bien leur programme de recherche. Ce soir, aux côtés de scientifiques d’autres disciplines (médecine, physique, océanographie, etc.), ces chercheurs en sciences humaines tiennent un atelier au cœur du forum. Ce sont des historiens du laboratoire de recherche Temps, Mondes, Société (TEMOS) d’Angers ainsi que des géographes, des anthropologues et des sociologues du laboratoire de recherche Espaces et Sociétés (ESO) basé à Angers, Caen, Le Mans, Nantes et Rennes. Ils travaillent sur la problématique internationale des droits de l’Homme et notamment sur les discriminations liées à l’identité sexuelle. La présence de ces scientifiques à la Nuit des chercheur·e·s est dans la continuité de leur mission explique l’un d’entre eux : « Nous avons reçu des financements, notamment de la Région et de l’Université d’Angers. Nous avons eu l’opportunité de mener notre projet de recherche, il est donc normal de venir ici afin d’informer sur nos travaux ». L’implication et la présence volontaire de ces scientifiques assurent un dialogue fluide et enrichissant pendant la soirée.

« Quelle bonne initiative ! »

Clément, 22 ans, étudiant en ingénierie à Poitiers est de passage à Angers. Ce vendredi, il a rendez-vous avec des amis sur la terrasse du Quai. Interloqué par l’animation qu’il perçoit dans le forum du théâtre, le jeune homme parcourt les ateliers. « Quelle bonne initiative ! » Pour Clément, « la recherche est à l’avant-garde du progrès », elle doit donc être valorisée afin que tous se rendent compte de « ses applications économiques, culturelles et sociales », poursuit l’étudiant.

Un défaut de communication

Chercheurs et grand public ne sont pas les seuls à faire vivre la manifestation. Juliette a 23 ans. Ce soir, elle tient la buvette du théâtre. Originaire d’Angers et active sur les réseaux sociaux, elle n’a pourtant pas eu connaissance de la Nuit des chercheur·e·s : « C’est dommage !, se désole-t-elle. Je me tiens pourtant informée mais je ne savais pas quel serait l’événement ce soir ». Derrière le comptoir, la barmaid raconte avoir eu peu de clients dans la soirée dont seulement deux familles. Si la jeune femme apprécie l’entreprise de vulgarisation des organisateurs, elle regrette un défaut de communication qui ne permet pas une valorisation optimale de la recherche.

Quoi qu’il en soit, personne ne remet en doute l’essence même du projet, à savoir diffuser les nouveaux travaux de la recherche scientifique, des sujets longtemps abandonnés aux discours élitistes et académiques.

Mehdi BOUQSIM, Lucas LEDERLE et Adam MIRBEAU.

Dans la tête d’un doctorant en histoire

Le 28 septembre 2018 a eu lieu la 14e édition de la Nuit européenne des chercheur·e·s. À Angers, Le Quai a accueilli une vingtaine de stands. Parmi les visiteurs déambulant de table en table, il s’en est trouvé un pas tout à fait comme les autres. Mains dans les poches, Matteo Antoniazzi tourne autour de l’unité de recherche en histoire TEMOS qui l’accueille le temps de sa thèse de doctorat. Récit d’une rencontre avec un jeune chercheur.

Étudiant en lettres classiques à Pavie (Italie), Matteo Antoniazzi a développé une fascination pour l’Antiquité tardive. En troisième année de licence, cet engouement débouche sur la rédaction d’un mémoire. De fil en aiguille, le jeune Italien se spécialise dans l’étude religieuse de l’Antiquité tardive : un premier travail sur les conséquences du concile de Chalcédoine (451), puis un second sur la place du monachisme dans l’histoire ecclésiastique.

Matteo Antoniazzi
Matteo Antoniazzi

Ces travaux l’amènent à répondre à un appel à projets lancé par Philippe Blaudeau (professeur en histoire ancienne à l’Université d’Angers, membre de l’unité TEMOS). Matteo Antoniazzi retrouve alors la France, qu’il a déjà connu dans le cadre du programme d’échanges Erasmus, afin cette fois-ci de travailler sur les relations entre monachisme et pouvoir politique au Ve siècle. « J’étais le seul candidat », ironise-t-il pour expliquer sa sélection. C’est oublié qu’il a travaillé sur le sujet, ce qui est un argument non négligeable.

«Il n’y a jamais que la thèse»

Matteo Antoniazzi est donc à Angers depuis 2016 afin de rédiger sa thèse, sous la direction de Philippe Blaudeau et de Peter Van Nuffelen (professeur en histoire ancienne à l’Université de Gand, Belgique). Un travail de chaque seconde depuis deux ans. Par chance, le chercheur nous explique avoir des directeurs de thèses très à l’écoute, et ce malgré des emplois du temps extrêmement chargés.

L’étudiant avoue préférer travailler dans les murs de l’université. Cela l’aide à se concentrer. L’institution dispose par ailleurs de tous les outils dont il a besoin. À cela vient s’ajouter la communauté de doctorants, qui est « presque une communauté monastique », comme le souligne le jeune chercheur.

Il confie avoir une immense soif de lire, ce qui devient un problème : « il faut savoir s’arrêter », explique-t-il, sans quoi il est impossible d’écrire (l’écriture étant en soi un exercice difficile). Cela est d’autant plus important que le temps est compté. « Il n’y a jamais que la thèse ». Il faut partager son temps entre les travaux universitaires, les colloques et autres séminaires, les cours à donner, etc. Cela est particulièrement d’actualité, puisqu’il s’apprête à partir pour Édimbourg (Écosse) sur demande d’une unité de recherche locale. Il lui faudra donc mettre son travail entre parenthèses pour un mois.

Après deux ans de recherches non-stop, Matteo Antoniazzi entre dans la dernière ligne droite. En septembre 2019, il lui faudra soutenir sa thèse. Il entend ensuite la publier. Cependant, cette fin de doctorat est marquée par une interrogation : que faire après ? Chercher une place en université ? Entrer au CNRS ? Rester en France ? Tenter sa chance ailleurs en Europe ? Le futur docteur en histoire ancienne fait face à l’incertitude. Une chose est sûre : Matteo Antoniazzi entend bien « dormir pendant un mois » après avoir – enfin – soutenu cette thèse !

Matthieu CICHON  & Laurène GARREAU