Faire du kayak sur les eaux glacées de l’Antarctique tout en restant à Angers, c’est possible. Pour cette édition 2021 de la Nuit européenne des chercheur·e·s, sur le campus Saint-Serge, Pierre-Henry Leveau, doctorant en marketing, a proposé une expérience inédite aux visiteurs, grâce à la réalité virtuelle.
« Effet(s) des visites virtuelles sur l’attitude et le comportement du consommateur. Application à un lien touristique et commercial ». C’est le titre de la thèse menée par Pierre-Henry Leveau, jeune chercheur affilié au Groupe de Recherche Angevin en Économie et Management. Depuis déjà 3 ans, il explore le domaine de la réalité virtuelle (ou VR).
Le stand qu’il animait ce vendredi 24 septembre 2021, avec trois étudiantes bénévoles, était l’occasion pour lui d’analyser les interactions sensorielles que produit la réalité virtuelle sur le participant et de comprendre comment cette VR peut influencer le comportement des consommateurs dans le choix d’une destination touristique ou d’une activité sportive. Les données produites sont enregistrées, notamment via des capteurs pour des mesures physiologiques. C’est aussi par « la synchronisation entre le déroulé de la vidéo (le jeu) et les réactions émotionnelles à chaque moment de l’expérience VR » que les données peuvent être récoltées en temps réel, comme l’explique le doctorant. L’étude des interactions sensorimotrices lors d’expériences de consommations en réalité virtuelle lui permettra de conseiller les professionnels du tourisme.
Envie d’essayer le #kayak virtuel ? Rendez-vous à la @BUAngers Saint-Serge pour une expérience immersive en réalité virtuelle à l’occasion de la Nuit européenne des chercheur.e.s @TerreSciences pic.twitter.com/HQU9V8e5u7
— Université d’Angers (@UnivAngers) September 24, 2021
Pour tester, c’est simple. Il suffit d’être équipé d’un casque de réalité virtuelle (la vue), d’un casque audio (l’ouïe) et de deux manettes (le toucher) puis de choisir parmi les six scénarios proposés. Le volontaire est alors prêt à embarquer à bord d’un kayak pour une aventure polaire.
Faire appel à nos sens, partir en voyage ou encore ressentir la peur… Ce sont les émotions que les explorateurs partagent. Une jeune fille s’alarme de la trop grande réalité de l’environnement : « J’ai eu peur de me faire manger par quelque chose ». Plongée dans le brouillard, elle aperçoit des poissons et des icebergs. Le son des animaux et du kayak glissant sur l’eau berce les explorateurs en herbe, immergés dans une brume épaisse. Avec de nouvelles mains, un nouveau corps, ils touchent et palpent un monde glacé.
« C’est fou que les 10 minutes de jeu arrivent aussi bien à nous apaiser »
Une quadragénaire fait part de sa surprise : « On est dans une ambiance particulière, il ne manquait plus que le froid, c’était très agréable ». Elle affirme qu’elle s’est sentie apaisée. L’immersion totale, dans un milieu sans pollution, permettrait de se détendre après une journée de travail. Elle a même évoqué l’idée d’acheter ce type de technologie. Son fils évoque les mêmes impressions : « C’est fou que les 10 minutes de jeu arrivent aussi bien à nous apaiser ». Tous sont conquis et déclarent vouloir réessayer la réalité virtuelle.
Pierre-Henry Leveau met en avant les effets thérapeutiques et psychologiques de cette pratique virtuelle. Pour lui, ce dispositif permet aux gens d’être « en immersion totale » dans un autre monde et donc possiblement de « soulager une personne ».
« Ce n’est que le début » de ce projet affirme le jeune chercheur qui souhaite développer l’application. Après seulement six mois de test de la réalité virtuelle sur un large public, il constate que la technologie reste encore nouvelle. Selon lui, « les progrès qui seront fait sur les casques dans les prochaines années engageront encore plus l’individu sensoriellement parlant et il se sentira comme dans la réalité, notamment par la qualité graphique des images, donc la vue ».
Alice BRETON, Pierre COTTREAU, Fantine PINON