Impossible que l’Anjou ait eu un jour un climat similaire à celui de la Floride ? C’est évidemment ce qui vient à l’esprit lorsque l’on observe le paysage angevin actuel. Et pourtant, les membres du Muséum des sciences naturelles d’Angers ont réussi à prouver le contraire lors de la 12 e Nuit européenne des
chercheur.e.s qui s’est tenue le 29 septembre au Musée des beaux-arts.
Sur le stand du Muséeum des sciences naturelles, les herbiers côtoient les frises chronologiques. Entourée de tout ce matériel, Sirella Chamoreau présente les résultats obtenus grâce à ses recherches sur un ensemble de plus de 600 fossiles. Parmi ces empreintes de végétaux capturées dans la pierre, la jeune chercheuse en paléologie en a sélectionnées environ un tiers, afin de les étudier au moyen de la méthode Clamp.
Cette méthode consiste à observer puis reproduire les différentes silhouettes de végétaux fossilisées afin de les classer par morphotype, c’est-à- dire par les formes qui les caractérisent (allongées, rondes, dentelées…). Ces morphotypes sont influencés par le climat. En les étudiant, puis en les comparant avec les végétaux d’aujourd’hui, il est alors possible de proposer une restitution du paysage, et donc du climat qui régnait 40 à 50 millions d’années avant notre ère.
Que donne cette étude ? Un résultat pour le moins surprenant : « Le climat angevin était à cette date quasi-équivalent à celui de la Floride ou bien de la Chine du Sud-Est, donc plutôt sub-tropical et humide que tempéré », explique la chercheuse.
L’étude de ces végétaux démontre également une grande présence d’eau dans le paysage. Il faut alors imaginer que cette flore luxuriante prenait place dans un environnement marqué par les rivières et les marécages, un paysage de bayou digne de l’actuelle Louisiane plutôt que des vignes angevines.
Ces recherches soulèvent de nouvelles questions : quid de la faune à cette même période puisqu’il n’y a pas encore d’hominidés mais déjà des animaux ? Les chercheur.e.s ont déjà relevé la présence de petits mammifères et de crocodiles, mais la connaissance pourrait-elle être affinée dans le cadre précis de l’Anjou ? Par ailleurs, peut-on rétrécir cette fourchette chronologique de plus de 10 millions d’années ? Pour Sirella Chamoreau, les recherches sur ce sujet « méritent d’être approfondies ».
Cette brève présentation livrée lors de la Nuit européenne des chercheur.e.s était des plus enrichissantes. Accessible même à un auditoire non initié, l’exposé a piqué la curiosité des visiteur.e.s mais les a aussi laissé.e.s dans l’expectative de ce que la recherche pourrait encore faire découvrir sur la région.
En attendant, le public aura eu le plaisir d’avoir vu « vivre » les collections du Muséum des sciences naturelles, encore riches d’informations pour qui sait tendre l’oreille.
Pour celles et ceux qui souhaiteraient approfondir leur connaissance du sujet, un dossier thématique a été écrit par Dario de Franceschi sur ce sujet pour le CNRS : (ici)
Rédaction & crédits photographiques :
Marion R., Bastian R., Antoine T.