Accueillir les lycéens à la BU : l’époque des partenariats (épisode 1)

Visite de lycéens à la BUA, circa 2011

Visite de lycéens à la BUA, circa 2011

J’ai appris que les candidats et candidates au concours interne de bibliothécaire d’État de cette année ont eu à plancher, entre autres, sur un extrait de mon PPP de 2008, portant sur l’accueil des lycéens en BU, et exhumé de la bibliothèque numérique de l’ENSSIB pour l’occasion, ainsi que sur un billet sur l’opération Révisions mené à la BU d’Angers en 2016.
Les modalités d’accueil des lycéens ont  bien changé à la BUA entre 2008 et aujourd’hui, et je dois au moins aux aspirants.antes qui ont sué sur le sujet quelques compléments sur la question… Ce sera une histoire d’essais / erreurs qui nous ont appris,  de beaux objectifs qui ne correspondaient pas toujours aux besoins et aux usages, et de comment nous avons appris à en faire moins, mais mieux, en écoutant et en observant les lycéens.

J’ai donc commencé à travailler sur le sujet dès mon arrivée à la BUA, puisque c’était le sujet du PPP qui m’avait été confié, à l’époque, par Olivier Tacheau. J’y explorais à l’époque plusieurs pistes de partenariat avec les lycées : une sensibilisation aux enjeux de la documentation universitaire, voire des séances de formation plus approfondies ; un accès aux ressources papier et en ligne de la BU ; un accès aux autres services : accès physique, accès aux services de renseignements ; un investissement sur des projets communs.
J’ai eu la chance (ce n’est pas forcément le cas pour tous les PPP) que les choses se mettent en place concrètement et assez rapidement au sein de la BUA. Le projet est donc rapidement passé du stade « étude de faisabilité » aux actions de partenariat concrètes. Les rencontres avec des groupes académiques de documentalistes ont eu lieu dès mon année de stage, en 2009, et les premières conventions de partenariat signées dans la foulée.

Ces conventions prévoyaient notamment :

– Une coopération pédagogique : transfert de compétences auprès des documentalistes concernant les spécificités de nos outils et services, afin de ne pas se poser en concurrent mais de renforcer leur rôle de référent documentaire auprès des élèves ; visites de la BU et ateliers de recherche (notamment autour des TPE) organisés en collaboration avec les documentalistes et co-animés. Par exemple, en 2010-11, 10 classes, soit 277 élèves, avaient été reçus.  Un accueil plus massif lors des demi-journées d’accueil des lycéens permettait aussi de faire découvrir les lieux par des visites en petits groupes aux élèves de 1ère du département.

– Une coopération documentaire : prêt de documents de la BU au CDI, par un système de navette trimestrielle. Les lycéens étaient invités, avec l’aide de leur documentaliste, à repérer des ouvrages les intéressant dans le catalogue de la BU, et une fois le panier constitué, celui-ci était prêté au CDI pour une durée de 3 mois, charge au CDI de gérer ensuite l’emprunt auprès de ses propres élèves grâce à un fichier d’export de notices que nous leur fournissons pour l’intégration dans leur catalogue. En 2010-11 530 livres avaient été prêtés aux CDI de 4 établissements, pour emprunt par les élèves et/ou consultation sur place dans le cadre des TPE.

– Une coopération territoriale : mise à disposition de cartes de lecteurs lors des séances de formation à la BU, afin d’emprunter dès leur première visite ; gratuité d’inscription pour les lycéens conventionnés (jusqu’à la mise en place de la gratuité pour tous les extérieurs, de 2011 à 2014). A partir de 2011, les lycéens conventionnés bénéficiaient toujours de la gratuité, mais de droits plus larges que les simples extérieurs (emprunts d’ouvrage, mais accès à internet et aux ressources en ligne sur site, accès à certains services comme le prêt court de portables).

La signature de conventions s’est rapidement étendue : 4 lycées en 2009-2010, 2 de plus en 2010-11, pour parvenir à 12 en 2011-12. Parallèlement, nous avons vu évoluer progressivement les demandes des établissements.
Alors que le nombre d’établissements partenaires augmentait, les CDI étaient moins demandeurs de prêts de documents (difficulté à identifier « à distance » les documents adaptés au niveau des élèves, gestion lourde de ces ouvrages supplémentaires, sujets de TPE communs à plusieurs établissements qui provoquent l’indisponibilité des livres pendant un long laps de temps…). Quant à la coopération pédagogique, elle s’est davantage tournée, sur demande des établissements, vers les classes préparatoires post-bac que vers les lycéens en cursus pré-bac, ce qui n’était pas vraiment l’objectif poursuivi au départ, à savoir travailler sur la transition lycée-université. Nous avons eu aussi quelques difficultés à définir dans le cadre de séances co-animées documentaliste / bibliothécaire qui faisait quoi. Les documentalistes, même en tant que professionnels.les  de l’information, ne connaissaient pas forcément bien nos outils spécifiques et n’avaient que peu d’occasions de les pratiquer : dès lors, le transfert de compétences était assez limité. Au niveau territorial, l’analyse des inscriptions de lycéens nous a fait abandonner l’inscription par « lots » (c’est-à-dire par classe entière) associée à une visite ou une formation, car une grande partie de ces inscrits étaient des non-actifs, qui n’empruntaient jamais. Dans le cadre de la gratuité d’inscription pour tous les extérieurs mise en place en 2011, nous n’avons fait de cartes qu’aux lycéens demandeurs, qui bénéficiaient, du fait de la convention, de droits élargis par rapport aux extérieurs classiques, notamment concernant l’accès à internet et aux ressources en ligne.

De manière générale, l’ensemble des partenariats a aussi souffert d’un manque d’inscription dans une politique plus large de partenariats avec les établissements du secondaire, danger pourtant identifié dès le départ. Nous sommes restés au niveau du partenariat entre structures documentaires (BU / CDI) sans nous inscrire réellement dans une politique globale de partenariat entre l’université et les lycées. Cela n’a pas servi le projet, d’autant plus que l’accès à la documentation et à la maîtrise de l’information n’était pas toujours un projet prioritaire des établissements. Ces partenariats se sont donc essoufflés au fil du temps et ont progressivement pris fin en 2013 et 2014, la fin de la gratuité pour les extérieurs mettant un point d’arrêt à un certain nombre d’actions.
Quant aux visites massives des lycéens de 1ère à la BU, qui avaient lieu jusqu’en 2014, elles ont aussi pris fin au même moment, en concertation avec la chargée de mission de la liaison Université-lycées et les autres participants à la journée (UFR, services communs…), suite aux retours des établissements et des lycéens eux-mêmes. En effet, le désintérêt des lycéens pour la visite était souvent manifeste, les groupes trop importants provoquaient un “effet troupeau”; les visites se déroulant à une période de l’année où la saturation des places est souvent de mise, en particulier à St Serge, les lycéens ressentaient un accueil assez froid de la part des étudiants déjà installés dans la BU. Nous nous contentions donc de présenter le service en amphi ces 2 dernières années.

Il fallait donc réfléchir à ce que nous pouvions faire en direction de ce public. Le 2e épisode  portera sur la nouvelle formule que nous avons adoptée depuis 2015 : un accueil des lycéens pendant la période de révisions du bac.

A suivre ici : https://blog.univ-angers.fr/buapro/2017/03/11/accueillir-les-lyceens-a-la-bu-operation-revisions-episode-2/