De l’air

Lettre ouverte à Madame la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et Madame la Ministre de la Culture et de la Communication

Mesdames,

Comme tous les ans depuis ma propre réussite quelque peu hasardeuse au concours de conservateur des bibliothèques, j’ai attendu avec impatience ces derniers jours de découvrir les sujets des épreuves écrites de la dissertation du cru 2013. Comme tous les ans, j’ai constaté une fois de plus à quel point ces sujets* étaient totalement inadaptés, dans les recrutements qu’ils allaient induire, aux besoins des bibliothèques.

Il n’est en effet pas besoin d’être grand clerc pour constater que ce type de sujet ne laissera émerger que des profils strictement littéraires. Ce faisant, notre profession continuera à se priver à l’évidence de la diversité et de la richesse que pourraient lui apporter, par exemple, des lauréats possédant un bagage scientifique «dur», des juristes, des étudiants issus de parcours techniques ou informatiques ou encore d’écoles de gestion ou de management.

Cette endogamie programmée ne peut avoir que des conséquences désastreuses sur nos bibliothèques, en limitant de fait la nature des regards critiques qui se porteront sur les collections et leurs compositions (la plupart sinon la majorité des conservateurs des bibliothèques ont ainsi une méconnaissance totale du domaine scientifique «dur», pour ne prendre que cet exemple criant) et, plus grave, en participant à la constitution d’une «caste» de cadres historiens, philosophes et littéraires «purs» bien éloignés des réalités, difficultés et besoins qui définissent une bibliothèque au 21ème siècle.

Si le rapport de l’IGB (Inspection Générale des Bibliothèques) qui vous a été remis en ce mois de mars 2013 comporte certains éléments judicieux concernant le présent et le futur des bibliothèques (comme certaines inflexions à apporter sur la structure et la typologie des emplois du secteur), il omet totalement de préconiser la nécessaire refonte des concours de recrutement des conservateurs (et de leur formation initiale toujours par trop théorique, mais c’est un autre débat…) sans laquelle nos bibliothèques ne pourront que s’éloigner un peu plus du monde dans lequel elles sont censées évoluer. Le même rapport, en évoquant une élévation de la barrière d’entrée du niveau L3 actuel, au niveau M2, tend même à suggérer des changements qui aggraveraient in fine le phénomène ici dénoncé en hyperspécialisant encore, dans leur champ très restreint, les futurs cadres supérieurs des bibliothèques.

Madame la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Madame la Ministre de la Culture et de la Communication, j’en appelle donc ici à votre intervention et vous demande instamment de peser de toutes vos forces afin qu’enfin, les nécessaires réformes arrivent, qui élargiront le recrutement des conservateurs des bibliothèques au-delà de la catégorie des forts en thème, et donneront à nos établissements les cadres qu’ils méritent, et l’air frais qui y manque.

Dans cette attente, bien respectueusement.

* Pour mémoire, lesdits sujets étaient, pour le concours externe : «La culture est la langue commune de l’Europe» F. Braudel – commentez ; pour le concours interne «Quel sens l’érudition peut-elle avoir aujourd’hui ?»

La fabuleuse histoire de Badaboum

J’ai effectué ce mardi 09 avril une courte intervention d’une heure trente à la demande de notre sainte mère l’Enssib à Lyon, dans le cadre d’un stage de formation professionelle continue intitulé “Piloter la valorisation des collections numériques en BU” (vaste programme).

Mon intervention portait sur l’expérience de prêt de livrels démarrée en 2008 à la BUA. Il s’agissait tout à la fois de rendre compte de cette opération, de voir comment elle avait évolué et quels enseignements on pouvait en tirer avec le recul (en résumé, un bilan plus que mitigé, du moins à mes yeux, du fait peut-être d’un démarrage à un moment où ces outils n’étaient encore que du domaine de la SF).

La bonne nouvelle, finale, est que de nouveaux projets pourraient émerger. Wait and see.

Pour le support, je vous laisse le découvrir ici.