Concours (de circonstance)

Bon, d’accord, le titre est très moyen, mais je n’ai pas réussi à m’en empêcher — la honte soit sur moi.
Assez ri, revenons à ceci où, pour les fainéants de la souris, je protestais contre l’endogamie nuisible que portent les sujets du concours de Conservateur. L’été étant passé et la bise venant, j’ai essayé de formaliser ce que pourrait être une évolution de l’actuel concours. Et donc, ci-dessous, quelques réflexions/pistes en désordre.

Une refonte totale de l’actuelle concours, avec disparition de la ridicule dissertation, semble difficile : un concours de recrutement de cadres de la fonction publique se doit apparemment de proposer cette fourche caudine et y toucher, c’est toucher aux fondements de la fonction publique, aux fondements de la République, aux fondations de l’Univers tout entier. Ok, essayons autre chose d’autant qu’après tout, une part des recrutés peut encore être composée aussi de forts en thèmes historiens, philosophes et littéraires (il faut de tout pour faire une bibliothèque).

Cette autre chose pourrait être un concours type troisième voie (la seconde, c’est le concours interne dont je suis issu, ce qui en dit assez les dangers) légèrement différent des deux premières voies, avec par exemple, à l’admissibilité, le maintien de l’écrit de synthèse (ça ne mange pas de pain d’être synthétique dans la vie, et cet écrit permet de vérifier un minimum la maîtrise de la langue écrite — il ne s’agirait pas de laisser la plèbe envahir les golfs) ; et un second volet d’admissibilité sur dossier (CV des candidats, réalisations pro, etc) avec un niveau minimum à bac +3 pour rester entre gens de bonne naissance (toujours dans le souci de protéger les golfs).

Pour l’oral, on garde une bonne vieille épreuve de langue (ça ne mange pas de pain non plus) et un “grand oral” qui porte non pas tant sur la culture générale classique du candidat (du genre, qui a écrit la Septième de Beethoven ou que pensez-vous de la poésie iranienne du 3ème siècle) que sur son parcours personnel et professionnel, et ses motivations à devenir un cadre des bibliothèques.

Il s’agirait dans cet oral, pour les jurys, de repérer les personnes aptes à devenir de bons cadres techniques des bibliothèques car, pour la Xième fois, nous avons besoin de cadres techniques, pas de purs esprits scientifiques déconnectés du réel.

Ce qui précède pourrait aider à changer un peu la composition des populations de conservateurs, surtout si on publicise ce concours vers des viviers autres que nos viviers traditionnels de recrutement (je pense évidemment aux informaticiens et autres ingénieurs en ce qu’on veut, mais en fait, à tout le monde — le but est ici d’ouvrir largement le recrutement dans toutes les directions)

En effet collatéral d’un concours troisième voie de ce type : notre sainte mère l’ENSSIB changerait de nom (entre autres réformes sur son enseignement mais c’est une autre longue histoire) et deviendrait l’ENSCTSB (l’Ecole Nationale Supérieure des Cadres Techniques et Scientifiques des Bibliothèques), manière de rappeler au passage quels sont nos besoins réels de formation et ce que doit être un conservateur.

Les commentaires attendent vos avis et suggestions sur mes vagues idées (à affiner) et vos propositions (elles seront certainement intéressantes) pour une réforme réalisable.

PS : je ne parle pas ici du système des promus, qui est une quatrième voie de fait. Mais je pense qu’il est temps aussi que la promotion bibliothécaire > conservateur cesse d’être ce qu’elle est à l’évidence de manière très générale pour devenir enfin ce qu’elle devrait être, le moyen de faire progresser rapidement et sans concours supplémentaire des collègues bibliothécaires qui en veulent et font du bon boulot. En bref, la promotion doit devenir une promotion au mérite et aux potentialités exprimées, pas un cadeau de départ à la retraite, ce qu’elle est quand même souvent (no offense).

62 réflexions sur « Concours (de circonstance) »

    • Certes mais dans ma tête, chartistes et externes, c’est le même travers du recrutement hyper-pointu, hyper-spécialisé, hyper-concentré sur les humanités, hyper-brillant mais pas forcément ce qui donne les meilleurs cadres techniques.

  1. Sinon, on peut toujours recruter des IE ou des IR sur les postes qui demandent ce type de compétences… Les ITRF en BU, ça reste de l’ordre du possible. Mélanger les corps au sein d’un même établissement n’est pas si mauvais non plus non ? (dit-il en ayant quitté le SICD ;p )

    • Pas faux. Un concours troisième voie aurait simplement (entre autres) l’avantage de rassurer les recruteurs (ouf, on ne recrute pas un IE-IR qui n’est pas comme nous, sur un support de bibliothécaire etc.) tout en ouvrant une brèche dans le recrutement pour mélanger les gens et les origines et les manières de faire et de penser.

    • Dans ce que j’ai vu, c’est malheureusement souvent le cas même s’il y a des exceptions. Cela dit, mon propos n’est pas là : on peut effectivement être Chartiste et/ou fin lettré ET à l’aise sur le numérique. Mon propos, c’est de dire qu’il faut ouvrir le recrutement vers tous les horizons, et avoir un concours qui laisse entrer des ingés info, mais aussi par exemple des gens issus des métiers de santé, du social, du BTP, des musiciens, etc etc. Parce que le recrutement actuel favorise la facette “scientifique/recherche/lettré” des conservateurs et qu’en fait, on a besoin de cadres techniques venus de tous les horizons et ayant des compétences bien éloignées du latin et de l’ancien français.

  2. Pour moi, il faudrait
    – repenser le concours interne pour en faire un concours professionnel et non une redite du concours externe ; études de cas, de faisabilité, gestion de projet, etc. à la place de la dissert de culture gé, et on garde le reste
    – repenser la promotion, pour que ce soit autre chose qu’un bonus retraite. Pour mémoire, bibliothécaire, il n’y a qu’un corps, qu’un grade, aucune possibilité d’évolution en dehors du changement d’échelon qui vient tout seul (faut simplement pas être pressé) et n’impacte “que” le salaire, pas les fonctions. Donc faciliter le passage au corps de conservateur serait quand même intéressant, voire motivant.

      • Je trouve que tu survalorises la partie technique mais je suis d’accord sur le fond.
        Et si on cessait de prendre certains concours de conservateur de bibliothèques pour une voie royale-dorée-ultra-à-part et qu’on les prenaient pour ce qu’ils sont : des voies de recrutement de cadres de la fonction publique, avec concours commun fonction publique, et des options (écrites, orales, comme vous voulez) technico-scientifiques de type services numériques (mouvement de 6 postes / an), fonds patrimoniaux (mouvement de 4 postes / an) etc. ? Je suis à côté de la plaque ?

        • Intéressant, l’option, mais c’est déjà un peu ce qui existe.
          Le vrai problème du concours externe (et de l’interne mais c’est un autre point) c’est clairement la dissertation qui élimine directement (ou même en amont parce qu’ils ne s’y présentent même pas vu l’exercice et/ou les sujets) des personnes dont vraiment, on manque — et pour le coup, je pense aux scientifiques durs, aux geeks, etc.
          Or garder un concours commun = dissertation, d’où mon idée de créer des autres points d’entrée qui contournent cette dissertation de la mort.
          Petite précision : je ne survalorise la partie technique qu’à proportion de son absence dans les recrutements par rapport aux besoins 😉

        • Ah, j’aime bien ton idée de x postes/an/concours 3ème voie fléchés – juste, “fonds patrimoniaux” ça reste endogamique (et cela ressort plus d’une simple fiche de poste) — et ça, on trouve facilement dans l’existant du concours externe.
          Ce qu’on trouve moins facilement voire pas du tout, par exemple, c’est un cons’ issu du BTP qui peut suivre de manière professionnelle un chantier de construction de Bu sans passer 6 mois d’abord à apprendre comment lire un plan.

          • Ta dernière remarque me fait songer (mais tu l’as déjà écrit ;)) qu’on n’a pas forcément besoin de cons’. C’est peut-être plus facile de former un ingénieur BTP aux problématiques des bibs qu’un cons’ bib aux histoires de chantier. Il faut aussi qu’on arrête de vouloir recruter des filières bib sur des postes non-bib. Ça se fait déjà notamment sur les postes de comm et d’action culturelle, enfin en collectivité.


            Sur le patrimoine, si si une formation initiale est nécessaire (Chartes ou pas je m’en moque), le retard est trop lourd à rattraper après (hélas).

  3. Si c’est une lettre au Père Noël, pourriez-vous aussi supprimer pour les promus le passage à l’ENSSIB ? et surtout modifier l’attribution des postes pour les promus ? J’espère que je ne me trompe pas : les promus récupèrent les postes que les nouveaux conservateurs n’ont pas voulu, symboliquement, je ne trouve pas cela génial comme reconnaissance de nos qualités professionnelles.
    Pourrait-on aussi envisager de prendre en compte l’expérience précédente des nouveaux cadres A ?
    Oui, je suis bib, pas vraiment littéraire à la base, ai raté le concours de conservateur et ne le repasserai sûrement pas, suis rentrée dans la Karrière à plus de 40 ans.

    • et pour ceux des lauréats du concours interne qui se sont déjà tapé 9 mois d’enssib en tant que bib, raccourcir les 18 mois de moitié, ou aligner sur les mois des promus ? Merci Papa Noël !

    • Les promus doivent démarcher les établissements dès leur réussite au concours et ne prennent pas les postes restants des “nouveaux” conservateurs mais tout simplement les postes vacants laissés par les conservateurs participant déjà au mouvement.

      La troisième voie semble une bonne idée pour obtenir des profils techniques et en particulier les IGE en bibliothèques qui ne peuvent sinon que rarement espérer une promotion IGR. Après, si cela peut passer par une réforme de la voie interne, c’est encore mieux.

      Toutefois, s’il y a un réel déficit de profils techniques (ou scientifiques), je pense qu’il ne faut pas oublier un élément important (mais qui ne semble pas remis en cause par la proposition) : pour être crédibles face aux enseignants-chercheurs, ce n’est pas un mal que les conservateurs soient un minimum diplômés et cultivés… (Les doctorats – même si ce n’est pas nécessaire dans les faits – sont de plus en plus répandus à l’étranger pour les directeurs même cela rentre dans un mouvement de surqualification qui n’est pas propre au monde des bibliothèques.)

      • Sur les problématiques techniques, la crédibilité face aux enseignants-chercheurs ne passe pas, je pense, par le doctorat, mais par la maîtrise technique. D’où mon “scientifique et technique” de l’acronyme ; le doctorat peut servir dans certains cas, éventuellement face aux EC comme tu l’indiques, mais n’est certainement pas une nécessité. Et je pense que ce discours qu’on entend de plus en plus dans les bibs, selon lequel les cons’ devraient forcément avoir un doctorat, est très dangeureux : y succomber ne ferait qu’accroître les problématiques dont je parle régulièrement, de dérive du métier vers la recherche et par voir de conséquence, de l’éloignement des cons’ du terrain.
        Ah, et une petite remarque encore : le doctorat (comme tout diplôme en général) n’est en rien une garantie de culture, c’est une éventuelle garantie de “spécialisation”, ça s’arrête là je pense.

    • De toute façon, je trouve que cette formation post-concours n’est pas très saine, que ce soit pour les internes et externes. D’ailleurs, son existence prouve que ce concours n’a pas pour objectif de valider des compétences (techniques si vous préférez)…

      Le problème, c’est que les besoins des bibliothèques ont évolué et la logique “cadre A généraliste” ne tient plus. Ok pour segmenter le concours de conservateur, mais ça revient à faire des profils à la Referens comme pour les ITRF…

      Vous oubliez aussi qu’à l’enssib, il y a des masters – si, si 😉
      Je m’interroge : à l’origine, ils ont été créé pour remplir quel besoin ?

      – pour que l’école obtienne des subventions supplémentaires (j’ose espérer que ce n’est pas seulement pour ça…)

      – une demande du privé ? Je suis sceptique : nombreux sont ceux qui ont abandonné la filière “info/bibliothèque/documentation” ou qui se retrouvent contractuels en bibliothèque sur des missions très spécifiques) et là je trouve ça assez hypocrite…

      En même temps, je ne suis pas opposé à la masterisation (en alternance si possible), le concours serait simplement une formalité qui viendrait valider les compétences et l’expérience acquises…

      Mais bon, je n’en sais rien. Pour moi, ce concours est plus un problème qu’une solution… (et puis j’ai déjà rédigé mon quota de lignes pour la journée 😉

      • Je n’ai aucune réponse sur tes questions existentielles malheureusement 🙂 — j’aime assez ta première hypothèse, pour tout dire.
        Ce qui serait bien serait que quelqu’un de l’Enssib te réponde, en fait…

    • Euh, sur “les promus récupèrent les postes que les nouveaux conservateurs n’ont pas voulu”, je n’ai pas eu du tout cette impression lors de ma sortie ENSSIB : les promus de la promo sont partis au bout de 6 mois (et nous 18), ils n’ont donc pas participé à “notre” mouvement et n’ont en aucun cas pris les “restes” — d’ailleurs la plupart savaient en arrivant quel serait leur poste (souvent, leur établissement d’origine).

  4. Je suis d’accord sur le principe : il serait bon d’avoir une diversité de profils dans la profession. Mais comment arriver à ce résultat ? D’une part, je soupçonne fort que le concours intéresse en très grande majorité des personnes sortant d’études en lettres ou sciences humaines, et pas uniquement à cause des épreuves qui leur sont favorables. Ensuite, quel type d’épreuve peut aboutir à ce que chacun, quel que soit son parcours universitaire, se retrouve à égalité ? À part des épreuves très généralistes (pour ne pas dire de culture générale), je ne vois pas trop. Après, on pourra toujours rétorquer que la vision de la culture générale portée par le concours est très centrée sur la culture littéraire et humaniste au détriment de la culture scientifique, ce qui n’est pas faux.

    On pourrait certes créer un troisième concours qui laisse la part belle à l’analyse du parcours professionnel du candidat. Autant dire que ce n’est pas avec ce concours que l’on va recruter de vrais externes. Or, à mon sens, il ne devrait pas être nécessaire d’avoir travaillé en bibliothèque pendant des années avant de devenir conservateur de bibliothèques. Cela peut sans doute aider mais je ne vois pas pourquoi quelqu’un qui sort d’études et de la formation de l’Enssib (qui pourrait être meilleure, nous sommes d’accord) ne pourrait pas s’en tirer convenablement.

    Enfin, je pense (comme d’autres avant) que si l’on veut des compétences spécialisées, pourquoi ne pas recruter des spécialistes plutôt que des bibliothécaires ? Si l’on a besoin dans une BU de fortes compétences en informatique, autant qu’elles viennent d’un ingénieur en informatique plutôt que de compter sur un conservateur au passé d’informaticien.

    En tout cas, c’est un débat intéressant, merci de l’avoir ouvert.

    • Justement un 3ème concours qui sait ce qu’il veut recruter, i.e. des gens qui ne soient pas issus des bibliothèques, recruterait justement de vrais “externes” et des spécialistes — c’est exactement ce que je propose dans ce billet.

      • Oui, mais des spécialistes de quoi ? Un spécialiste en BTP (pour reprendre l’exemple plus haut), ce sera bien pendant la construction de la bibliothèque et après ? Un geek, très bien, mais pour diriger une équipe ? Les deux ne sont pas incompatibles, certes, mais avec le recrutement actuel, on cherche à recruter des gens qui s’adaptent, ce qui, après tout, n’est pas si mal. Après, entre les intentions et la réalité du recrutement, il y a sans doute un fossé mais je ne vois pas trop quel type de recrutement le comblerait, du moins en gardant le principe du concours national sans profil de poste précis.

        • Après, le spécialiste BTP partira ou fera un travail plus tradi mais on moins, on aura autre chose dans les équipes que des lettrés plus ou moins adaptables (plutôt moins, si tu veux mon avis).

  5. Pour moi le plus simple serait de réformer le concours interne. L’interne de bib est bien distinct de l’externe, alors pourquoi pas pour le concours de conservateur?
    Il est tout à fait ridicule de recruter des internes sur une dissert de culture générale + note de synthèse (j’entends par là, “encore plus ridicule que pour les externes”). Cela ne fait que favoriser des individus ayant gardé de bons réflexes de leur culture générale (littéraire ça va de soi), ou qui ont passé les 10 dernières années à faire des disserts dans tous les Médiatrucs de la Terre pour ne pas perdre la main.
    Quant à l’évaluation de la motivation, des réalisations antérieures etc, cela existe déjà, mais je pense que c’est assez biaisé. Pour être clair, je me suis viandé à cette épreuve, et ce n’est sans doute pas sans lien avec ma double tare : ancien prof et technicien…

    Mathieu

        • Daniel,
          Ouvrir les postes de responsabilité à la “société normale” est sans doute nécessaire, et c’est le sujet principal de ton billet.
          Mais les ouvrir à des agents qui ont pu faire leurs preuves sur le terrain pendant des années l’est également. Un bibass ou un bibliothécaire ou un mag qui ont piloté des chantiers, encadré des agents, proposé des service innovants, bref fait preuve des qualités qu’on attend d’un conservateur, devraient pouvoir évoluer dans leur carrière autrement qu’en attendant une hypothétique (et pas toujours méritée dans le système actuel) promotion ou en dissertant 5h sur un les bienfaits de l’érudition… Heureusement l’épreuve de motivation à l’oral est censé corriger le tir, mais la dissertation dans sa forme et son programme est tout de même bcp trop culturocentrée.

          Mathieu

  6. Ce qui est bien c’est que comme à chaque fois que des discussions autour de la question reviennent, on se dit que le recrutement d’IGE est une bonne piste, maintenant il n’y a plus qu’à le faire, parce que je n’ai pas l’impression que la proportion ITRF/bib évolue beaucoup dans les SCD (enfin avant la 3/4/5ème voie que Daniel appelle de ses vœux bien entendu, on avisera à ce moment là).

    Quant au “pour être crédibles face aux enseignants-chercheurs, ce n’est pas un mal que les conservateurs soient un minimum diplômés et cultivés…” je ne suis pas sûr que les EC nous attendent plus là dessus que sur des réponses précises à leurs problèmes concrets. Être capable d’expliquer clairement à un EC comment utiliser Zotero, comment accéder à la documentation électronique, ce que sont les DRM, etc. me fait me sentir crédible dans mon rôle de professionnel de l’information (même si je suis un peu plus limité sur la poésie iranienne du 3ème siècle je dois l’avouer). Lorsqu’à côté de cela je vois des conservateurs qui n’arrivent pas à télécharger un article sur JSTOR, je me dis que face à l’EC, la crédibilité n’est pas forcément du côté du lettré …

    • Le problème du recrutement ITRF c’est cette illusion ancrée dans les têtes des cons’ et dirbu, que quelqu’un qui n’est pas issu de la filière bib ne peut pas être un bon bib — Ouarf, tu imagines ce que j’en pense…

      Entièrement d’accord avec toi sur la question de la crédibilité, j’ai aussi x exemples de mon côté où ce que l’on peut apporter aux EC (ou à l’Université d’ailleurs) fait que tous les interlocuteurs en face se tamponnent le coquillard de savoir qu’on possède ou pas tel diplôme.

      • Le concours d’IGE, c’est très bien pour l’adéquation entre la personne recrutée et le profil de poste mais en ce qui concerne l’égalité des chances, on repassera. La moitié des postes ont leur lauréat presque choisi à l’avance et il existe même des cas où si le candidat choisi à l’avance ne passe pas le cap de l’écrit (sur dossier anonyme), on préfère ne recruter personne plutôt que de se séparer d’un bon contractuel.

          • L’égalité des chances existe réellement en ITRF. Elle est parfois biaisée, mais parfois pas du tout. C’est, entre autre, notre rôle d’ “Expert ITRF” (forcément extérieur à l’établissement), de faire respecter l’égalité des chances. Souvent c’est possible, parfois c’est plus compliqué… D’un autre côté, ne vaut il pas mieux un IE local compétent et formé (désolé on dit IE pour IGE de chez nous au CNRS ;p) titularisé sur son poste, ou un recrutement comme ceux dont Daniel évoque les insuffisances ? Et n’oubliez pas que l’IE “local” a été recruté en CDD plusieurs mois avant le concours, en étant choisi parmi plusieurs candidats. Là non plus, tous les recrutement en CDD ne sont, fort heureusement pas, entachés d’inégalité !

            • Oui, fort heureusement, beaucoup des recrutements ITRF laissent une chance à chaque candidat. Et après tout, si quelqu’un fait ses preuves en CDD, il n’y a pas à crier au scandale si on le favorise lors du passage de son poste en CDI. À côté de ça, il faut bien admettre que la situation du candidat extérieur qui doit faire face au candidat local à l’oral d’un tel concours est vraiment très déplaisante.
              Le recrutement ITRF ressemble à ce qui peut se passer dans le privé et les avantages sont importants (souplesse, recrutement sur un profil précis) mais le principe de large ouverture des grands concours nationaux, comme celui de conservateur, n’est pas sans avantage non plus – le fait d’avoir des relations ou pas n’entre pas en compte et ce n’est pas négligeable. Dans le recrutement des maîtres de conférence, on fustige la trop forte préférence accordée aux candidats locaux et c’est un travers qui vaut également pour les concours ITRF me semble-t-il. Bref, chacun des deux systèmes a les défauts de ses avantages.

        • Dans ces cas là, on recrute directement, sans passer par un concours mascarade. J’ai eu de la chance que les 2 IGE que j’ai passé, mais pas le cas de tous le monde :/

  7. Et si on décloisonnait ce monde des ” personnels de bibliothèques ” actuellement à part des autres personnels d’université ? On aurait alors des concours selon les profils-types nécessaires ds nos BU, avec des bibs, des cons’, des IE, des IGR (perso, ds ma BU, on a 2 IGE mais pas du tout profil technique, plutôt profil bib’ ou cons’ classique), etc.

      • en effet, c’est la meilleurs solution ! Utiliser le concours adéquate pour recruter le profil adéquate… On pourrait, par exemple, avoir des gestionnaires de planning issus directement des corps administratifs ! ET PAS DES B.A.S., ou même des bib., dont ce n’est ni le travail, ni la formation !!!! Car ces questions ne sont pas soulevées uniquement quand on parle des compétences informatiques… Le problème est plus général à mon avis…

  8. Apparemment, on est beaucoup à ne pas jouer au golf, et à ne pas être trop calé sur la poésie iranienne du 3e siècle. Ca tombe bien.
    Cela dit, et un peu en vrac :

    -OK pour une troisième voie… mais pourquoi la réserver à des compétences techniques? On manque aussi de compétences pour la formation des usagers, pour la médiation et la programmation culturelle…
    – Pour le concours externe, la principale difficulté à mon avis pour le réformer est d’arriver à définir précisément quelles sont les qualités attendues des candidats. Dans tous les commentaires je lis une profession qui se définit en creux (on n’est pas des techniques, on ne veut plus être des littéraires… et après tout a-t-on réellement besoin de nous ? ). Définir ce que devrait être un concours sur cette absence me semble compliqué.
    – Jusqu’à maintenant (et même si le nombre de postes vers le Ministère de la Culture est de plus en plus réduit), le concours peut amener à travailler dans des établissements assez divers, et pas uniquement en BU . Dans les BM ou en DRAC, pour l’expérience que j’en ai , la question des compétences sur le numérique est moins aigüe; celles sur la médiation et la gestion de projets culturels l’est plus.
    – Enfin ( et après j’arrête) : je crois que la chose que j’aime le plus dans mon métier, si tant est qu’on arrive à le définir, est justement d’être en permanence tenue à la fois d’acquérir des compétences nouvelles , mais surtout de travailler régulièrement avec des experts techniques (artistes, informaticiens, responsables TICE,sociologues, etc). Je n’ai pas pour autant envie de devenir experte dans ces domaines là, mais je crois sincèrement – et naïvement? – à un enrichissement réciproque.

    • Euh, les exemples de manque de compétences que tu pointes, ce sont bien pour moi des compétences techniques au sens large — donc nous sommes d’accord. Certes, de par ma position, je pointe plutôt des manques techniques disons techniques-informatiques, mais les manques vont bien au-delà de ceux-là.

      Par ailleurs, je ne parle pas du concours externe. Cela ne me pose pas problème qu’on recrute des premiers de la classe à profil historico-philosophico-littéraire. Ce qui pose problème, c’est que le recrutement actuel soit en gros limité au concours externe, qui représente quand même le gros des troupes.

      Pour le troisième item : une troisième voie, un recrutement plus technique, n’empêcherait en rien ce que tu décris.

  9. bonjour à tous,
    ça fait chaud au cœur! je trouve que le concours interne actuel est un démotivateur puissant. la mauvaise réputation qu’on fait aux ITRF est un peu injuste.les meilleurs candidats sont souvent reçu en tête à plusieurs oraux, sur des profils différents.

  10. Ping : Veille hebdomadaire – 29.09.13 | Biblio Kams

  11. Ok pour recruter des conservateurs technodoules par un concours 3ème voie ou réforme du concours interne , mais aussi et surtout des managers (il y a du boulot avec tout une génération de bibs qu’il faut ranimer), des administrateurs, des stratèges et des visionnaires (parce que c’est tellement triste de voir des chefs s’excuser d’exister).

    La technique, le numérique on est encore une petite palanquée à pouvoir s’y former, mais le leadership ça c’est une appétence que devrait pouvoir mesurer un jury de concours, non?

    • Yep – on continue à ne pas former des cadres qui vont être cadres… Perso, en 18 mois, pas une formation sur le management, les budgets, les RH, la conduite de réunions, rien, nada.
      C’est toujours la même problématique : on forme de purs esprits dans une optique “recherche et pensée éthérée” et à la sortie, les cons’ se retrouvent à gérer des problèmes d’équipe et de PQ (ce qui n’a rien de honteux, au contraire – une bibs, c’est des flux).
      Le jour où l’Enssib recrutera et formera des cadres TECHNIQUES (dans tous les sens du terme) ça ira beaucoup mieux.

  12. De toute évidence il y a en effet problème d’adéquation entre concours-formation et métier. Et de toute évidence aussi, une partie importante de la profession en est consciente, notamment chez les professionnels ayant eu une “autre vie” professionnelle avant de travailler en bibliothèque.

    La lacune qui, à mon sens, est la plus importante dans les conséquence qu’elle implique est le manque de formation à la conduite de projet. Détermination des besoins, chiffrage, relations client-fournisseur, outils de suivis, outils de diagnostic, etc… Autant d’éléments qui iraient dans le sens d’une amélioration du service public, notamment sur des questions de suivi budgétaire et de management. Le mal peut être résumé ainsi : aujourd’hui on forme des catégories A de bibliothèques, là où l’on devrait former des cadres A.

    Face à cette situation il faut faire un choix. De mon côté j’ai boycotté le concours externe, et prépare l’interne dans l’espoir de pouvoir un jour agir de l’intérieur.
    Je suis intimement persuadé qu’il n’est pas encore trop tard pour tirer la profession du repli sur soi et que les forces de changement existent un peu partout, mais ne sont pas suffisamment représentées au sein des instances décisionnelles. J’aime à croire qu’à terme, des changements de fond verront le jour et que ces changements auront une répercussion sur le recrutement et la formation des cadres de notre profession.

  13. Ping : Le mulot mort des bibliothèques | RJ45

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