Soit donc ce tweet relayé par mes soins en interne #BUA signalant que les collègues de la bibliothèque de l’école Centrale Lyon lancent sur leur site une suite de billets s’inspirant (c’est nous faire trop d’honneur) d’une série #BUA dont vous pourrez lire le dernier exemple ici.
La revue des revues #1 http://t.co/IYgie9HSEK | @BUAngers style (tte proportion gardée) cc @dbourrion #maintenanttenirlerythme #bib
— Alain Marois (@amarois) June 7, 2013
Arrive la réponse d’une collègue se félicitant évidemment de l’initiative de Centrale Lyon ainsi que du fait que notre série fait des émules, et posant la question de fond suivante : “je me demande toujours qui lit réellement ces beaux billets souvent longuement préparés par les collègues et comment on pourrait les mettre davantage en avant”.
Voici ma réponse, qui est toujours celle que je fais dans ce cas : “combien de personnes vont lire les livres qu’on commande, paie, équipe, catalogue, installe en rayon, qui n’en sortent pour un nombre certain jamais (on peut avoir les stats avec Aleph) et finissent au pilon sans jamais avoir été ouverts ?”
Précisons.
N’importe lequel de nos billets #BUA est lu au minimum disons cinquante fois et il y a des “hits” qui vont bien au-delà — combien de nos centaines de milliers de livres en rayon sont sortis 50 fois ou même ont été consultés sur place 50 fois ?… Donc pour moi, l’investissement en temps pour un billet est largement plus rentable que pour le reste des tâches classiques traditionnelles, d’autant que cet investissement blog participe sans doute à l’emprunt des documents (le double effet kiss cool).
Après, évidemment, pour les billets, on a tout intérêt à les rendre encore plus visibles surtout si on suppose qu’ils amènent aux documents…
C’est là que jouent pour ma partie (je ne parle pas ici de valorisation physique mais elle s’articule évidemment avec le reste, le “virtuel”) le web et les réseaux sociaux et c’est pour ça aussi que je pense que nous ne travaillons pas assez TOUS les réseaux.
Je demeure persuadé que nous (les bibs en général et à Angers) sommes toujours ancrés dans la logique selon laquelle l’important est de remplir les rayons y compris virtuels et d’amasser du stock, même s’il dort.
Or je pense au contraire que l’important est de mettre en oeuvre des stratégies de communication et de valorisation pour que ces rayons se vident (i.e. que les documents soient empruntés/lus).
C’est une évidence — on va me dire que j’enfonce des portes ouvertes. Certes. Mais concrètement, au-delà des discours, qu’est-ce que nous mettons en oeuvre pour que nos actions et nos moyens (RH par exemple) soient cohérents avec ce qui précède ?
Le chemin est long, reste encore à défricher mais ils vont arriver ces nouveaux métiers, (même) dans les bibliothèques : community manager, rédacteurs web associés à des profils de bibliothécaires métadonnéthécaires ;), etc…
Ceci dit, les bibliothèques doivent aussi réfléchir sur cette notion de stock qui n’est pas seulement qu’amasser pour faire du prêt/retour/consultation immédiat… mais aussi pour garder mémoire… la question est aussi comment conserver mémoire à l’heure du web… on ne peut pas faire confiance aux opérateurs du privé pour effectuer cette mission… Amitiés FQ
Ils n’arrivent pas vite….
@Franck Queyraud : “réfléchir sur cette notion de stock […] pour garder mémoire”. La mémoire est un faux prétexte pour amasser du stock, quitte à ce qu’il dorme, sauf pour les bibliothèques patrimoniales. Nous raisonnons tous comme si nous étions tous dans des bibliothèques patrimoniales, y compris dans la plus petite BU, la BM rurale la plus reculée. Or pour les stocks physiques, le désherbage sert à faire de la place dans un fonds pour les acquisitions, en cherchant à coller aux évolutions de la demande. Un vieux manuel de biologie des années 60 n’a de place dans une BU sciences par exemple, que si celle-ci dessert une fac d’histoire des sciences. Pas juste pour garder le souvenir ému de la bio il y a cinquante ans, sauf peut-être si l’auteur a été un enseignant-chercheur local. Ce manuel sera donc désherbé dans la plupart des BU, sauf dans celles qui ont une vocation patrimoniale, et elles ne sont pas si nombreuses.
Quand au stock numérique, Silvère Mercier demande carrément “Faut-il collectionner des livres numériques dans les bibliothèques ?” et il rappelle “que l’écrasante majorité des bibliothèques publiques n’a aucune vocation patrimoniale. La majorité des bibliothèques n’a aucune raison intrinsèque de souhaiter constituer des collections pérennes pour les générations futures, ce n’est pas son rôle. Quel est-il ? Il est de favoriser la diffusion des savoirs en mettant en oeuvre des dispositifs de rencontre entre des contenus et des publics.”
Les blogs de BUA sont l’un de ces dispositifs, comme le montre Daniel, que ces contenus soient de papier ou numériques.
Concernant les profils de community manager, de rédacteurs web, etc, il existent déjà. La questions est : pourquoi ne sont-ils pas tentés par une carrière en bibliothèque? Pourquoi ne passent-ils pas les concours?
« Faut-il collectionner des livres numériques dans les bibliothèques ? »
J’ai oublié de donner le lien vers le blog de Silvère :
http://www.bibliobsession.net/2013/07/22/faut-il-collectionner-des-livres-numeriques-dans-les-bibliotheques/
“Concernant les profils de community manager, de rédacteurs web, etc, ils existent déjà”. Illustration par cette carte des métiers de la gestion de l’information réalisée par l’ADBS :
http://www.adbs.fr/html/observatoire/carte_metiers_ADBS.pdf#KLINK
Le bibliothécaire est tout en bas, la communication web (dont community manager et rédacteur web) vers le haut à droite. Cette carte qui compte 7 pôles rend obsolète la différenciation Bibliothécaire/Documentaliste/Archiviste, des concours.
Déjà que les bibliothèques ne prennent que des personnes sur la liste d’aptitude “bibliothécaire” (et surtout pas “documentaliste” ni “archiviste”), comment voulez-vous qu’elles recrutent des gens des métiers du web? Sur quelle liste d’aptitude les trouveraient-elles?
Elles ne peuvent compter que sur la chance pour trouver un lauréat bibliothécaire qui se débrouille aussi avec le web. Or la probabilité baisse encore si on considère qu’un non SHS a peu de chance d’être reçu au concours, alors que justement les travailleurs du web proviennent d’autres cursus, généralement plus techniques ou scientifiques.
En termes de GPRH, c’est problématique.
Perso, je pense qu’on est vraiment mal barré – je ne sais plus quoi dire d’autres quand je vois le quotidien.