Née le 26 mai 1877 à San Francisco (Californie, États-Unis), décédée le 14 septembre 1927 à Nice (Alpes-Maritimes). Élevée par sa mère avec ses trois frères et soeurs, dans une famille qui se passionne pour les arts, Isadora Duncan donne des cours de danse à des enfants afin de participer aux dépenses du foyer. Arrivée en Europe en 1900, elle publie son manifeste La Danse du futur trois ans plus tard. La passion hellénique amène la famille en Grèce, puis Isadora Duncan ouvre sa première école de danse à Berlin en 1905. Elle formera ainsi les « Isadorables », nom donné aux jeunes filles considérées comme « disciples » de l’artiste. C’est alors qu’elle rencontre le metteur en scène et décorateur de théâtre Edward Gordon Craig. De leur relation passionnée et tumultueuse naîtra une fille hors mariage. Femme aux moeurs libres, Isadora Duncan a ensuite une liaison avec le milliardaire Paris Singer dont elle aura un fils. Alors qu’elle est comblée en tant que mère, femme et danseuse, 1913 marque une rupture avec le drame de la noyade de ses deux enfants. La même année, elle ouvre une école de danse à Meudon qu’elle mettra à disposition de la Croix-Rouge au début de la guerre. Isadora Duncan part ensuite à Moscou où elle se marie avec le poète Sergueï Essenine en 1921. Son départ montre son engouement pour l’expérience sociale et politique soviétique mais les conditions de vie difficiles en Russie, sa difficulté à imposer ses propositions, l’amènent à rentrer en France trois ans plus tard où elle vit alors entre Paris et Nice. Elle y mourra accidentellement en 1927, étranglée par son écharpe prise dans les roues de la voiture.
Isadora Duncan aura pleinement vécu les mouvements politiques, sociaux et culturels de la Belle Époque comme femme et comme danseuse. Elle prône une danse libre, liée à la respiration et réintroduisant la notion de gravité. En dansant nue, à peine voilée de drapés et de simples tuniques qui se veulent antiques, l’artiste transgresse un tabou majeur. Arrivée en Europe, elle précise son style : s’éloignant de la pantomime, sa danse toute en courbes et volumes faisant du plexus solaire un point central devient plus charnelle, intériorisée, terrienne. Si la danseuse libère le mouvement d’un académisme classique artificiel, elle aspire à un retour à la nature, inspiré par la Grèce antique. Elle développe un mouvement qu’elle veut spontané, afin d’être au plus près de l’esprit de liberté qui l’habite. Son féminisme, revendiqué et assumé, est subtil et parfois incompris. Si elle soutient que la liberté des femmes passe par la liberté de mouvement, au propre comme au figuré, elle ne se reconnaît pas dans la modernité des années 1920 : « Je préfère danser entièrement nue plutôt que de me pavaner à demi déshabillée de façon provocante comme le font beaucoup de femmes d’aujourd’hui dans les rues d’Amérique. » Elle défend, comme beaucoup de féministes, la maternité et la féminité. Elle revendique en effet une spécificité féminine qui n’est en rien inférieure à la masculinité. Quant à la maternité, elle y voit une sublimation de la féminité. Suffragisme et féminisme ne peuvent venir qu’ensuite. Isadora Duncan revendique la liberté de diriger sa vie, de travailler en tant que femme, et s’oppose catégoriquement au mariage et aux devoirs qu’il implique.
• Oeuvres : Iphigénie (1904). – Danses allemandes (1905). – Danses des Furies (1910). – Orphée (1911). – Ave Maria (1914). – Symphonie inachevée (1915). – La Marseillaise (1915). – Marche slave (1915). – Neuvième symphonie (1916). – Impression de Russie (1921). – Chants russes (1924).
• Sources : Duncan I ., Ma vie, Paris, Gallimard, 1927, rééd. 1987 ; La Danse de l’avenir, textes d’Isadora Duncan choisis et traduits par Sonia Schoonejans, Bruxelles, Complexe, 2003. – Isadora Duncan (1877-1927). Une sculpture vivante, exposition du musée Bourdelle, 2009-2010. – www.isadoraduncan.org (consulté le 24/04/2016).
Pauline Boivineau
→ Amour ; Art ; Corps ; Danse ; Sport.