Tableau noir

(Première note, on attaque dur)

Le principal souci d’un responsable de bibliothèque numérique n’est pas dans la technique, il est dans l’humain et dans cette question que je trouve de plus en plus fondamentale : comment faire pour amener tous les collègues à évoluer sans heurts dans un environnement professionnel où la technique (entendez, les ordinateurs, les outils mobiles, le web, etc.) est de plus en plus incontournable ?

Il n’est pas besoin d’être grand visionnaire pour remarquer que la plupart des personnels des bibliothèques actuellement en place sont issus du monde papier, des bibliothèques papier (c’est d’ailleurs souvent, cela, le livre papier, qui les a amenés dans ce métier), et qu’ils ignorent encore beaucoup de choses du web, par exemple, de ce qui s’y passe, et de comment ça s’y passe.

Il n’est pas besoin d’être grand devin pour voir que cela ne changera pas avant un bon moment : le recrutement et la formation initiale des cadres de bibliothèques en particulier continue à n’aborder ces problématiques (pratiques) contemporaines que vaguement (selon le calendrier maya et mes calculs, le concours de conservateur comportera à l’oral une légère épreuve pratique php-mysql ou XML ou une mise en situation Facebook en 2067, pour mes 100 ans).

Nous n’avons donc pas (plus) le choix : nous devons investir en local dans de la formation massive, de terrain, au plus près des collègues, qu’il faut accompagner dans la grande migration sous peine de se retrouver avec un fossé de plus en plus large entre les besoins quotidiens de la bibliothèque, la pratique de nos usagers, et les possibilités/connaissances de ceux et celles qui y travaillent.

Et cette formation ne peut se plus réduire à une acculturation simple, comme nous avons essayé de le faire à la BUA avec des cycles de formation généraliste d’une heure sur des thèmes comme “les blogs”, “les CMS”, “Openoffice”, etc

Nos besoins demandent que nous allions vers du tableau noir lourd, du TD, de l’apprentissage concret par la pratique quotidienne, i.e., que nous réussissions à intégrer les problématiques et pratiques techniques dans la routine de chaque personnel de bibliothèque, en les amenant à mettre les mains dans le cambouis tous les jours, ce qui suppose de passer beaucoup de temps au départ avec eux à se partager la souris.

En dehors de cet investissement énorme en temps et en énergie, qui reposera en grande partie sur la bibliothèque numérique où sont censées être regroupées principalement les compétences dont on parle ici, je ne vois pas de solution pour prendre le virage dans lequel nous sommes déjà en retard, mais vous, peut-être que si : les commentaires sont ouverts.

16 réflexions sur « Tableau noir »

  1. Ping : Tableau noir | RJ45 | Licence professionnelle : Métiers des bibliothèques et de la documentation | Scoop.it

  2. Oui il faut aussi intervenir pour que les cnfpt et autres organismes de formation changent la formation continue…

    Bientôt, je ferai part sur mon blog de la seconde partie de l’opération des NUMERILAB qui est la manière de former concrètement l’ensemble des collègues.

    Et qu’il va falloir “forcer” pour qu’ils prennent en compte le changement numérique…

    On les a déjà formés à la saisie sur le site mediatem.fr pour que chacun se mêle d’écrire des billets ! 😉 (Là, il a fallu valider auprès de notre hiérarchie un mode de validation des billets qui modifie la communication traditionnelle et institutionnelle : pas simple !) Sables mouvants qu’il faut apprivoiser !

    Longue vie à RJ45 !
    Wifiement,
    Franck

    • Ouep, on a du taf – mais pour les organismes de formation continue (comme initiale), j’y crois de moins en moins, ils sont souvent trop à la ramasse, déconnectés des réalités pratiques, pris dans des routines de maquettes et de cours qui les rendent incompatibles avec l’évolution dans laquelle nous sommes pris.
      Et en interne aussi, ça va être très long, même à marche forcée, parce qu’il faut effectivement lutter contre des inerties monumentales – j’espère juste qu’on pourra tous collectivement ne pas trop se laisser dépasser par la tectonique des plaques.
      Pour RJ45, la durée dépend de la résistance de la prise – tout est dans le matériau.

      • Je vais finir par croire que la L-Pro que j’ai suivi était exceptionnelle ^^
        Même si à mon goût on a pas assez mis les mains dans le cambouis, on a quand même vu des points et notions non conventionnelles. Ce que j’ai vu de la L-Pro de Limoges m’a donné le même sentiment.
        Ya de l’espoir ^^

        • Y’a plus que ça, de l’espoir…
          En attendant, globalement, ça ne bouge pas vite dans un monde qui bouge très très vite – c’est comme cela qu’on se retrouve aux fraises…

        • sauf que les Lpro en question se tournent plus vers les BM que vers les BU (en tout cas c’était le cas pour la promo de Limoges qui m’a subie)

          • C’était aussi le cas de la mienne. Enfin pire, ils se tournaient plus vers la doc :p
            Cela n’enlève rien au fait que tu acquiers des compétences. Si tu n’es pas trop un manche, tu es capable de les ressortir quelque soit le contexte professionnels où tu évolue. Grâce à toi, j’en suis une preuve vivante ^_-
            Après, de mon point de vue, BM ou BU, même combat. Les publics changent, les services et les problèmes sont les même.

  3. Perso je crois de plus en plus à l’apport extérieur plutôt qu’à la conversion de la filière bib : des IGE tech dans les BU, voire la fusion des services num des BU avec les services valorisation des DSI #messagepersonnel 😉

  4. Bon, alors pour la 3e fois, je vais essayer de poster un commentaire. Pleins de questions :
    1/ qu’est-ce que Lpro (depuis je connais la réponse mais demande quand même pour tous les autres qui ne sauraient pas… on ne sait jamais)
    2/ les formations pour les bibliothèques municipales en la matière sont très peu… existantes. Si ? En tous les cas, les formations pour ma structure sont un peu en interne (on essaye) et pour les atures, si c’est payant, c’est même pas en rêve. Encore plus en 2013.(#lacrise)
    3/ pouvez-vous développer davantage le concept DSI = bib ? Faut-il les former en bibliothéconomie et pointer chez Popol ? Comment se rapprocher d’eux ? Là, ça va mieux, mais ils nous percevaient un peu comme des hommes/femmes préhistoriques (alors qu’en vrai, on en sait même plus qu’eux ! notamment en web 2.0 et réseau sociaux et surtout en dématérialisation !). Bref, la DSI-sont-nos-amis, à voir. Pouvez-vous nous donner des billes sur le relationnel DSI/bib ?
    4/ non, ben, depuis le temps, j’ai dû oublier… alors rien, en fait.
    5/ merci pour ce blog que j’ai déjà partagé avec ma hierarchie (ça peut aider)

    • Hello (et bravo pour le courage – la 3ème tentative est la bonne 😉 )

      1. Lpro = Licence Pro ;
      2. Je parle justement de formations internes et plus que de formations, je parle de mettre les collègues les mains dans le cambouis pour de vrai (les formations internes, nous en faisons et je me dis que ça reste trop théorique, en fait) ;
      3. J’y viens dans le billet de lundi ;
      4. pas mieux
      5. Merci pour les commentaires

Répondre à Tredok Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *