Au sommet

À l’apogée de sa puissance, vers le milieu des années 1980, il expédie 11 tonnes par vol long courrier vers les États-Unis (la plus grosse quantité expédiée représentait 23 tonnes par bateau mélangée à des pâtés de poisson, ce que confirme son frère dans son livre). En plus d’avions, Pablo utilise aussi des sous-marins télécommandés pour transporter de grosses quantités (environ deux tonnes).

Pablo Escobar expliqua que l’essentiel du business de la cocaïne était très simple : « Tu soudoies quelqu’un par ici, tu soudoies quelqu’un par là et tu payes un banquier amical pour t’aider à blanchir l’argent. »

Dans son livre The Accountant’s Story, Roberto Escobar explique comment Pablo est passé de la pauvreté et de l’obscurité pour devenir l’un des hommes les plus riches du monde. Le cartel de Medellín fut sans doute la plus grande entreprise criminelle et la plus profitable de tous les temps. À certaines périodes, le cartel de Medellín passait en contrebande plus de 15 tonnes de cocaïne par jour, avec une valeur à la revente de plus d’un demi-milliard de dollars, aux États-Unis. Selon Roberto, un des comptables de Pablo, lui et son frère dépensaient 2 500 dollars par mois juste pour acheter des bandes de caoutchouc afin d’envelopper les piles de billets. Avec le temps, ils eurent beaucoup trop de liquidités illégales et ils ne pouvaient plus les déposer dans les banques. Ils ont donc commencé par stocker les briques d’argent dans leurs entrepôts. Il estime qu’il perdait 10 % des sommes stockées dans les entrepôts à cause des rats qui venaient grignoter les billets de cent dollars.

En 1989, parmi les 227 milliardaires, il fut classé septième homme le plus riche du monde d’après le magazine Forbes, avec une fortune estimée à 25 milliards de dollars. À cette époque, le Cartel de Medellín contrôlait 80 % du trafic mondial de cocaïne. Dans la plupart des entreprises, un retour sur investissement de 100 % est largement profitable pour la pérennité de leur activité. Pablo Escobar s’amusait à expliquer que son retour sur investissement était à peu près de 20 000 % : en d’autres termes, pour 1 dollar investi dans son business, il recevait approximativement 200 dollars en retour.

En dépit de son image de trafiquant impitoyable et sanguinaire, ses associés en affaire savaient qu’il était un négociateur calme et à l’écoute, préférant payer et trouver un arrangement à l’amiable plutôt que de tuer. La plupart des habitants riches de Medellín considérait Escobar comme une menace. Au sommet de son pouvoir, tous les trafiquants de drogue colombiens versaient un tribut entre 20 % et 35 % du chargement qu’il souhaitait faire envoyer aux États-Unis car ils savaient que le réseau d’Escobar était l’un des plus sûrs.

Les cartels colombiens se livrèrent une guerre féroce pour garder la suprématie. Ce qui fit de la Colombie la capitale mondiale du crime avec 25 100 morts violentes en 1991 et 27 100 morts en 199215. Cette augmentation du taux d’homicide était due au fait qu’Escobar donnait une prime à ses Sicarios (tueurs) pour abattre des policiers. 600 d’entre eux sont morts de cette manière. En 2011, d’autres pays ont ravi ce triste record comme le Guatemala, l’Afrique du Sud ou le Venezuela.

Il négociait activement des accords avec des dictateurs d’Amérique centrale tel le général Manuel Noriega du Panama, pour que les cargaisons de drogues colombiennes transitent vers les États-Unis en toute quiétude via leurs territoires nationaux. Il faisait affaire avec plusieurs familles du milieu de la drogue. Il mettait son argent dans une banque privée au Panama et en Suisse.

Pablo Escobar aurait, pendant toute sa carrière, amassé plus de 40 milliards de dollars.

La chasse à l’homme[modifier | modifier le code]
Le 15 février 1990, un sommet anti-drogue réunit à Carthagène les présidents Bush père (États-Unis), Barco (Colombie), Paz Zamora (Bolivie) et García (Pérou). En avril, l’armée colombienne cerne le siège de Pablo Escobar. Il y aura 510 morts mais ce dernier réussira à s’échapper.

Pablo Escobar avait créé un véritable groupe armé autour de lui, environ 3 000 tueurs, les sicarios, qui pouvaient être de tout âge. En 1992, à Medellín 6 662 personnes ont été tuées dans des affrontements armés, auxquelles il faut ajouter 1 292 cadavres non identifiés et 967 habitants portés disparus, soit un total de 8 921 morts.

Pablo Escobar était le sommet d’une pyramide composée de chacun des membres de son clan ou de sa famille. Pour le faire tomber, il aurait été prévu de détruire une à une les personnes qui composaient la pyramide, jusqu’à ce que Pablo n’ait plus de soutien logistique suffisant et ni d’endroit sûr où se réfugier. Il était souvent en contact avec plusieurs autres trafiquants. Il était un grand consommateur de cannabis, mais prenait très rarement de la cocaïne. 45 % de la coca venait du Pérou, 35 % de la Colombie et 20 % de la Bolivie.

Après l’assassinat de Luis Carlos Galán, un journaliste candidat à la présidentielle, le gouvernement de César Gaviria agit contre Escobar et son cartel de la drogue. Néanmoins, il négocia avec Escobar, arrivant à le convaincre de se rendre et de cesser toutes activités criminelles en échange d’une peine réduite et d’un traitement privilégié durant sa captivité.

Après avoir mis fin à une succession d’actes terroristes visant à mettre la pression sur les autorités et l’opinion publique, Escobar se rendit. Le 19 juin 1991, il accepte de se remettre à la justice colombienne qui lui promet de ne pas l’extrader vers les États-Unis. Il est emprisonné dans une prison spéciale à Envigado qu’il a lui-même fait aménager selon ses désirs. La prison s’appelle La Cathedrale (en). Juste avant sa reddition, l’extradition de citoyens colombiens a été interdite par la nouvelle constitution de 1991. Cette décision fut très contestée et laissa suspecter que l’assemblée constituante était sous l’emprise d’Escobar et des « barons » de la drogue.

Malgré l’enfermement, l’activité criminelle d’Escobar continua à faire la une des journaux. Escobar fit venir La Moncada et les frères Galeano à La Cathédrale pour les faire assassiner car ils étaient suspectés d’avoir volé le Cartel. Sa prison devient rapidement le nouveau QG du clan de Medellín. Quand les autorités se rendirent compte qu’Escobar continuait ses activités criminelles, il fut décidé de le transférer dans une autre prison le 22 juillet 1992. Mais il fut averti en avance et il s’évada peu de temps avant car il craignait de se faire extrader vers les États-Unis. Sa tête est alors mise à prix pour 6 millions de dollars.

Selon l’ancien ministre de l’Information, Mauricio Vargas, la responsabilité du président doit être mise en cause aux États-Unis.

Le 10 décembre 1992, avec 30 hommes, Pablo Escobar kidnappe un groupe d’hommes d’affaires entre l’aéroport et le centre de Medellín et exige une rançon de 300 000 dollars.